Aller au contenu
Climat Environnement Océanographie Science

Les modèles climatiques ont négligé un élément majeur de l’océan Austral — et la réalité est encore plus inquiétante

 Auteur: Mathieu Gagnon
Partagez : facebook icon twitter icon
Les modèles climatiques ont négligé un élément majeur de l’océan Austral — et la réalité est encore plus inquiétante
Crédit: freepik
Vous avez sûrement entendu parler du réchauffement climatique et de ses conséquences. Les scientifiques s’attendaient à ce que l’immense océan qui entoure l’Antarctique, qu’on appelle l’océan Austral, ait de plus en plus de mal à nous aider. Pourtant, il continue de faire son travail et d’absorber le gaz carbonique (CO2) de l’air, à l’encontre de toutes les prévisions. Des chercheurs allemands pensent avoir enfin compris pourquoi, et leur découverte est à la fois rassurante et un peu inquiétante.

  L'océan Austral, notre plus grande éponge à carbone

L'océan Austral, notre plus grande éponge à carbone
Crédit: freepik
Pour bien comprendre, il faut savoir que nos océans sont de formidables alliés contre le changement climatique. Ils absorbent environ un quart de tout le CO2 que nous produisons. Et parmi eux, l’océan Austral est le champion. À lui seul, il avale près de 40% de cette quantité, ce qui en fait une des régions les plus importantes au monde pour ralentir le réchauffement de la planète. C’est un peu comme une gigantesque éponge qui nettoie l’atmosphère.

  Comment l'océan piège le gaz carbonique

Comment l'océan piège le gaz carbonique
Crédit: freepik
Son secret réside dans un mouvement perpétuel, un peu comme une grande respiration. Des eaux très anciennes, chargées en CO2 naturel, remontent des profondeurs vers la surface. Là, elles libèrent une partie de ce gaz et en profitent pour capturer le CO2 que nos activités humaines ont rejeté dans l’air. Ensuite, ces eaux replongent, emportant avec elles ce nouveau CO2 dans les abysses pour des centaines, voire des milliers d’années. Ce ballet est possible grâce à une séparation claire entre deux couches d’eau : une couche de surface, plus froide et moins salée, et une couche profonde, plus chaude, plus salée et pleine de carbone.

  La grande contradiction entre les prévisions et la réalité

La grande contradiction entre les prévisions et la réalité
Crédit: freepik
Pendant des années, les modèles informatiques des climatologues prédisaient un problème. Avec le réchauffement, les grands vents qui tournent autour de l’Antarctique devaient devenir plus forts. Des vents plus forts, en théorie, brassent davantage l’océan et font remonter plus d’eau profonde chargée en CO2 naturel. Si cela arrivait, l’océan serait « saturé » et aurait moins de place pour absorber notre CO2. Or, ce n’est pas ce que l’on a observé. Malgré des vents effectivement plus puissants, l’océan a continué à absorber le CO2 comme si de rien n’était. C’était un vrai casse-tête pour les scientifiques.

  Une découverte faite sous la surface

Une découverte faite sous la surface
Crédit: freepik
L’équipe de l’institut Alfred Wegener a trouvé la clé de l’énigme en analysant des données collectées sur près de 50 ans. La réponse ne se trouvait pas dans les vents, mais dans l’eau elle-même. Ils ont découvert que la couche d’eau en surface est devenue moins salée depuis les années 1990. Pourquoi ? Tout simplement à cause du changement climatique : il pleut davantage et la glace des glaciers et de la banquise fond, déversant d’énormes quantités d’eau douce dans l’océan.

  Un couvercle d'eau douce protecteur mais fragile

Un couvercle d'eau douce protecteur mais fragile
Crédit: freepik
Cette eau de surface moins salée est plus légère. Elle forme une sorte de « couvercle » plus stable et plus solide au-dessus des eaux profondes, qui sont plus denses car plus salées. Cette barrière renforcée empêche les eaux profondes, riches en carbone, de remonter à la surface. C’est donc grâce à cet effet inattendu du réchauffement que l’océan Austral a pu continuer à nous protéger. C’est une sorte de répit temporaire offert par la nature.

  Le danger qui nous guette maintenant

Le danger qui nous guette maintenant
Crédit: freepik
Mais voilà le problème. Ce couvercle protecteur est en train de s’amincir. Les vents, toujours plus forts, continuent de pousser les eaux profondes vers le haut. Les chercheurs ont calculé que la limite de cette couche profonde est remontée d’environ 40 mètres vers la surface depuis les années 1990. Si elle continue de monter, elle finira par percer la fragile barrière d’eau douce. Si cela se produit, d’énormes quantités de CO2 stockées depuis des siècles pourraient être relâchées d’un coup dans l’atmosphère, ce qui accélérerait brutalement le changement climatique.

  Conclusion : Une course contre la montre

Conclusion : Une course contre la montre
Crédit: freepik
Finalement, cette découverte nous montre que l’océan est un système complexe, avec des surprises qui déjouent nos pronostics. La bonne nouvelle, c’est que nous avons gagné un peu de temps. La mauvaise, c’est que la situation est précaire et pourrait s’inverser. Les scientifiques insistent sur le fait qu’il est urgent de collecter plus de données, notamment pendant l’hiver austral, pour surveiller cette bombe à retardement. Il est crucial de mieux comprendre ces mécanismes pour anticiper les changements à venir et agir avant qu’il ne soit trop tard.

Selon la source : scitechdaily.com

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Articles reliés

Plus de contenu