Rebondissement majeur dans l’affaire de la grand-mère britannique condamnée à mort à Bali
Auteur: Simon Kabbaj
Introduction : 12 ans dans le couloir de la mort, et enfin la liberté

C’est une nouvelle que personne n’attendait plus. Lindsay Sandiford, une grand-mère britannique de 69 ans, qui a passé les douze dernières années dans le couloir de la mort en Indonésie, va finalement être libérée et rentrer au Royaume-Uni. Comme le rapporte le journaliste James Moorhouse, cette femme, condamnée pour trafic de drogue, avait perdu tout espoir. Mais un accord entre les gouvernements britannique et indonésien vient de changer son destin, offrant un dénouement inespéré à une histoire tragique qui a tenu le Royaume-Uni en haleine pendant plus d’une décennie.
Le début du cauchemar : l’arrestation en 2012

Tout a basculé en mai 2012. À son arrivée à Bali, Lindsay Sandiford est arrêtée à l’aéroport. Dans la doublure de sa valise, les douaniers découvrent près de 5 kilos de cocaïne, d’une valeur estimée à 1,6 million de livres sterling. Devant les enquêteurs, elle a toujours clamé son innocence, affirmant avoir été forcée de transporter la drogue par un gang qui menaçait de tuer son fils. Mais sa défense n’a pas convaincu les juges. En janvier 2013, le verdict tombe, implacable : la peine de mort par peloton d’exécution.
La vie en prison : « Grand-mère Lindsay » et l’espoir retrouvé
Pendant 12 ans, Lindsay a vécu dans la tristement célèbre prison de Kerobokan à Bali, partageant son quotidien avec des criminels endurcis. Elle y avait gagné le surnom affectueux de « Grand-mère » de la part des autres détenus. Le temps passant, elle avait perdu l’espoir de retrouver un jour la liberté. Mais un événement a ravivé la flamme plus tôt cette année : pour la première fois en dix ans, elle a pu serrer ses petits-enfants dans ses bras, venus lui rendre visite en Indonésie. Un moment de bonheur volé, qui précédait sans le savoir une libération inattendue.
L’Indonésie et sa loi anti-drogue impitoyable
Son cas n’est pas isolé. L’Indonésie est connue pour avoir l’une des législations anti-drogue les plus sévères au monde. La peine de mort y est fréquemment requise pour le trafic de stupéfiants. Récemment, un basketteur américain a fait la une des journaux, risquant lui aussi la peine capitale pour avoir été découvert avec des bonbons au cannabis d’une valeur de seulement 400 dollars. Dans le cas de Lindsay, la quantité et la valeur de la drogue étaient bien plus importantes, ce qui explique la sévérité de sa peine initiale.
Les années de désespoir et les lettres d’adieu
En 2015, Lindsay pensait que sa fin était proche. Elle avait même écrit une lettre d’adieu déchirante, publiée par le Mail on Sunday. « Mon exécution est imminente, et je sais que je pourrais mourir à tout moment maintenant. On pourrait venir me chercher dans ma cellule demain », écrivait-elle. « J’ai commencé à écrire des lettres d’adieu aux membres de ma famille ». Des mots qui témoignent de l’angoisse et du désespoir dans lesquels elle a vécu pendant des années.
Le revirement : un accord entre gouvernements

Alors, qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas un changement de loi indonésien qui l’a sauvée, mais un accord de rapatriement entre le Royaume-Uni et l’Indonésie. La nouvelle administration du président Prabowo Subianto a commencé, au cours des 10 derniers mois, à rapatrier de nombreux criminels condamnés à de lourdes peines pour des délits liés à la drogue. Une source gouvernementale indonésienne a confirmé que « l’arrangement pratique sera signé aujourd’hui » et que « le transfert se fera immédiatement après ». Le Royaume-Uni, qui s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, a visiblement réussi à négocier en coulisses.
Conclusion : une nouvelle vie qui commence à 69 ans
Pendant ses longues années de détention, Lindsay Sandiford a passé son temps à tricoter des vêtements et des jouets pour ses petits-enfants, pour des œuvres de charité et pour des groupes religieux. Aujourd’hui, elle va pouvoir le faire depuis le confort de sa propre maison. Elle sera libérée en même temps qu’un autre citoyen britannique, Shahab Shahabadi. C’est une nouvelle vie qui commence pour cette « Grand-mère » du couloir de la mort, une seconde chance inespérée après douze ans passés à attendre l’exécution.