Introduction : la redécouverte d’un trésor qui change notre vision des Vikings
Cheveux séparés par une raie au milieu, courts à l’arrière, avec une mèche ondulée au-dessus de l’oreille… Non, ce n’est pas la description de la dernière coupe à la mode, mais peut-être celle d’un Viking de l’élite il y a plus de 1000 ans. Comme le rapporte la journaliste Margherita Bassi, le réexamen d’une minuscule pièce de jeu, découverte il y a plus de deux siècles, vient de nous offrir un aperçu sans précédent de la mode viking. L’étude, publiée dans la revue Medieval Archaeology, révèle une figurine humaine d’un détail et d’une expression rares, qui casse bien des clichés.
Un trésor oublié dans les réserves d’un musée
Cette pièce de jeu exceptionnelle, haute d’à peine trois centimètres, a une longue histoire. Elle a été découverte en 1797 en Norvège, dans la tombe d’un probable guerrier viking, et fut l’un des tout premiers objets enregistrés au Musée National du Danemark. Et pourtant, elle est restée dans l’ombre pendant plus de deux siècles. C’est Peter Pentz, un conservateur du musée, qui l’a redécouverte il y a quelques années. ‘Quand je suis tombé dessus dans l’une de nos salles de stockage, j’ai été vraiment surpris’, a-t-il déclaré. ‘Il était juste assis là, me regardant droit dans les yeux, et je n’avais jamais vu un tel Viking auparavant’.
La coiffure à la mode au Xe siècle, vue sous tous les angles
Ce qui rend cette figurine si spéciale, c’est le soin apporté aux détails de sa coiffure et de son visage. Elle arbore un long bouc tressé, une grande moustache, des favoris, et une expression ‘rusée’. Mais le plus important, c’est sa chevelure : ‘Jusqu’à présent, nous n’avions aucune connaissance détaillée des coiffures vikings’, explique Peter Pentz. ‘Mais ici, nous avons tous les détails – même la petite boucle au-dessus de l’oreille est marquée’. C’est la toute première fois que nous avons une représentation en trois dimensions, visible sous tous les angles, de la coiffure d’un homme de l’ère viking. ‘C’est unique’, conclut le conservateur.
Un rare « portrait » d’un homme de l’ère viking
Cette découverte est d’autant plus précieuse que les représentations humaines sont très rares dans l’art viking, qui privilégie largement les motifs animaliers. Cette petite figurine est donc une fenêtre inestimable sur l’apparence des élites de l’époque. ‘Il est exceptionnel que nous ayons une représentation aussi vivante d’un Viking, même en trois dimensions’, s’enthousiasme Peter Pentz. ‘C’est un buste miniature et c’est ce que nous aurons de plus proche d’un portrait de Viking‘. On est bien loin du cliché du barbare au casque à cornes.

Le « Roi » d’un jeu d’échecs viking
Le statut de la personne représentée est renforcé par la nature de l’objet lui-même. La figurine est sculptée dans de l’ivoire de morse, l’un des matériaux les plus prestigieux de l’époque viking. Et ce n’était pas n’importe quelle pièce de jeu. C’était la pièce la plus importante – le ‘roi’ – dans un jeu de société appelé Hnefatafl, souvent surnommé les ‘échecs de l’ère viking’. Tout porte à croire que cette coiffure sophistiquée n’était pas celle du commun des mortels, mais bien celle d’un personnage de haut rang.
Un témoin de l’époque d’Harald à la Dent Bleue
Les archéologues ont pu dater la tombe où la pièce a été trouvée de la seconde moitié du Xe siècle. C’est une période fascinante, celle du règne du célèbre roi danois Harald à la Dent Bleue (Harald Blåtand). C’est lui qui a unifié le Danemark et la Norvège, et qui, bien plus tard, a inspiré le nom de la technologie… Bluetooth ! Il est très probable que le guerrier enterré avec cette précieuse pièce de jeu ait vécu sous le règne de ce roi légendaire. Ce petit objet est un lien direct avec une des plus grandes figures de l’histoire scandinave.
Conclusion : quand une petite pièce de jeu réécrit l’histoire de la mode
Au final, cette petite figurine de quelques centimètres est bien plus qu’une simple pièce de jeu. C’est un document historique d’une valeur inestimable qui nous offre un aperçu intime et humain de l’ère viking. Elle nous prouve que ces guerriers marins n’étaient pas que des barbares, mais aussi des hommes soucieux de leur apparence, avec des codes de mode et des coiffures élaborées. C’est un rappel que l’histoire se cache souvent dans les plus petits détails, et qu’un trésor oublié au fond d’un tiroir de musée peut parfois nous en apprendre plus que de nombreux textes.