Face aux catastrophes, le canada peut-il se réinventer grâce à un jumeau numérique ?

Que se passerait-il si l’on fermait une voie pour travaux ? Quel serait l’impact d’une nouvelle ligne de bus ? Comment organiser une évacuation d’urgence ? Avant de prendre une décision, on pourrait en observer les conséquences. Singapour utilise déjà cette approche pour sa planification urbaine, avec des gains d’efficacité bien documentés.

Avec un jumeau numérique, les équipes d’urgence pourraient répéter ces évacuations à l’avance. Elles pourraient tester des déviations, optimiser les feux de circulation, vérifier si les ambulances peuvent toujours atteindre les hôpitaux malgré la fumée, et même envoyer des itinéraires clairs directement sur les applications de navigation des citoyens en temps réel.

Un double numérique permettrait de tester des solutions sans paralyser la ville pour de vrai. Voies réservées aux bus, synchronisation des feux, gestion des foules dans les gares… les agences de transport pourraient identifier les problèmes en amont. L’aéroport international de Vancouver le fait déjà pour optimiser le flux de passagers. Pourquoi pas à l’échelle de nos villes ?

Un jumeau numérique peut aider à freiner cette hémorragie financière. En identifiant les conflits de conception très tôt (par exemple, une conduite de plomberie qui traverse un câblage électrique), on évite des modifications coûteuses sur le terrain. Le Conseil national de recherches du Canada estime que ces outils pourraient faire économiser environ 20 % de la valeur d’un contrat.

Le défi n’est donc pas tant technique que politique et organisationnel. Il s’agit de connecter ces initiatives éparpillées au sein d’un cadre national cohérent, avec des règles communes pour que les systèmes puissent communiquer entre eux, tout en garantissant la protection des données personnelles.

Une première étape pourrait être très concrète : se concentrer sur des problèmes urgents où les résultats seraient visibles rapidement. Fiabiliser les trajets quotidiens et sécuriser les routes d’évacuation en cas d’incendie seraient des victoires rapides qui prouveraient la valeur du concept à grande échelle.

Passer des projets pilotes dispersés à une vision nationale unifiée est la prochaine étape. Un défi de taille, mais peut-être la seule façon pour le Canada d’arrêter de subir les crises et de commencer, enfin, à les anticiper.