Derrière Halloween, la flamme sacrée de Samhain qui ne s’éteint pas en Irlande

Auteur: Adam David

2025-11-02 10:08:07

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Crédit: freepik

Oubliez un instant les citrouilles hilares et les montagnes de bonbons. Avant de devenir cette fête commerciale planétaire, Halloween puisait son âme dans une tradition bien plus ancienne et mystique : Samhain. Chaque année, en Irlande, cette mémoire se réveille, notamment dans le comté de Meath, où le feu des ancêtres crépite encore.

Le Púca festival, un retour aux sources

À une trentaine de minutes de Dublin, les villes de Trim et Athboy ne célèbrent pas vraiment Halloween, mais bien Samhain. Durant le Púca Festival – « púca » signifiant fantôme en gaélique –, on ne sculpte pas des citrouilles, mais on se souvient qu’autrefois, c’étaient des navets qui grimaçaient à la lueur des bougies. Au pied de l’imposant château de Trim, qui servit de décor au film Braveheart, l’ambiance est à la fois festive et empreinte de mystère, rythmée par la musique traditionnelle et les contes d’un autre temps.

Samhain, le nouvel an des druides

Pour les Celtes, l’année ne comptait que deux saisons : l’une claire, l’autre sombre. Samhain, que l’on prononce « Saweyn », marquait le 31 octobre le basculement dans cette période obscure, une sorte de Nouvel An spirituel. C’était un moment charnière, où le voile entre le monde des vivants et l’Autre Monde, celui des dieux et des ancêtres, devenait si fin qu’on pouvait presque le toucher. Une porte s’ouvrait, pour le meilleur comme pour le pire.

Le rituel des flammes sur les collines sacrées

Le cœur battant de Samhain se trouvait sur les collines du comté de Meath. Sur la colline de Tara, siège des hauts rois d’Irlande, les druides se réunissaient pour décider des lois et célébrer la fin des moissons. La cérémonie ne débutait vraiment que lorsque le roi, scrutant l’horizon, apercevait la première flamme s’élever sur la colline voisine de Tlachtga. Ce feu sacré, allumé en l’honneur d’une déesse, était le signal : tous les autres foyers du pays devaient s’éteindre pour être rallumés à partir de cette flamme primordiale, symbole de purification et de renouveau.

Une tradition réinventée par le nationalisme

Si l’imaginaire de Samhain est puissant, ses origines historiques restent parfois insaisissables. Il faut être honnête : une partie de ce que nous croyons savoir aujourd’hui a été façonnée bien plus tard. À la fin du XIXe siècle, en plein sursaut nationaliste, des figures comme l’homme politique Arthur Griffith ou Lady Francesca Wilde, la mère d’Oscar Wilde, ont largement contribué à romancer ces rites pour redonner à l’Irlande une mythologie forte face à la domination culturelle britannique. Un passé en partie réécrit, mais qui a permis de sauver la tradition de l’oubli.

"Un sou pour le fantôme", le vrai bonbon ou un sort

Loin des rituels solennels, des coutumes plus populaires ont traversé les âges. Oubliez le « trick or treat » américain. En Irlande, les enfants demandaient « a penny for the púca », un sou pour le fantôme. La tradition voulait aussi que les familles confectionnent des gâteaux où se cachaient des pièces, promesses de richesse pour qui les trouvait. Car en cette nuit particulière, il fallait apaiser les esprits et se protéger des fées, des créatures pas toujours bienveillantes prêtes à vous entraîner dans leur monde.

L'étrange voyage de Jack-o'-lantern

Et la citrouille, dans tout ça ? Son histoire commence avec un navet et une vieille légende irlandaise, celle de Jack, un maréchal-ferrant si avare et mauvais qu’il se vit refuser l’entrée du Paradis comme de l’Enfer. Condamné à errer dans les limbes pour l’éternité, il n’aurait pour seule lumière qu’un charbon ardent placé dans un navet creusé. En fuyant la Grande Famine vers les États-Unis, les émigrés irlandais emportèrent leurs contes, mais troquèrent le modeste navet contre la citrouille locale, plus grande et bien plus simple à sculpter.

Conclusion : l'éternel retour de Samhain

Ainsi, derrière les déguisements et le marketing d’Halloween, subsiste le souffle d’une fête païenne complexe, à la fois funèbre et célébrant le cycle de la vie. Chaque 31 octobre, que ce soit par une flamme sur une colline irlandaise ou la lueur d’une citrouille sur un porche américain, c’est un peu de l’esprit de Samhain qui revient nous hanter, nous rappelant que nos traditions modernes ont des racines bien plus profondes et sauvages qu’on ne l’imagine.

Selon la source : geo.fr