Climat : la barrière des 1,5°c est sur le point de céder, l’onu tire la sonnette d’alarme
Auteur: Adam David
Le verdict est tombé, et il est sans appel. La planète franchira bien le seuil critique de réchauffement de 1,5 °C d’ici la prochaine décennie, probablement au début des années 2030. Ce n’est plus une projection lointaine mais une quasi-certitude, martelée dans le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui expose crûment l’écart abyssal entre les promesses climatiques et la réalité.
L'accord de Paris, un idéal déjà lointain
On se souvient de l’élan d’optimisme de 2016, lors de la signature de l’Accord de Paris. Les nations du monde s’engageaient alors à limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C, et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ces seuils n’ont rien d’arbitraire. Ils sont le fruit de décennies de recherches scientifiques, dessinant une ligne rouge au-delà de laquelle les conséquences – vagues de chaleur mortelles, sécheresses, incendies – deviendraient incontrôlables pour une large part de l’humanité.
Un fossé entre les promesses et la réalité
Le rapport du PNUE met en lumière un véritable fossé. Pour rester sous la barre des 1,5 °C, il faudrait une coupe drastique de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035. Un objectif jugé irréaliste au vu du temps imparti et de l’inertie politique. Les émissions, loin de baisser, continuent d’augmenter. « Les nations ont eu trois occasions de tenir les promesses faites […], et à chaque fois, elles n’ont pas atteint leurs objectifs », déplore Inger Andersen, la directrice exécutive du PNUE. Un constat d’échec répété.
2°c, un monde radicalement différent
Concrètement, qu’est-ce que ce demi-degré change ? Tout, ou presque. Avec un réchauffement de 2 °C, la population mondiale exposée à des chaleurs extrêmes pourrait plus que doubler. Les étés sans banquise en Arctique, un événement séculaire à 1,5 °C, pourraient survenir tous les dix ans. Quant aux récifs coralliens, leur perte s’aggraverait de près de 30 %, tandis que le dégel du pergélisol, cette bombe à retardement climatique, s’accélérerait de 38 %.
Des engagements politiques à la traîne
Le bât blesse surtout du côté des grands émetteurs. Les pays du G20, responsables à eux seuls de 77 % des émissions mondiales, ne sont globalement pas sur la bonne trajectoire pour leurs propres objectifs de 2030. Pire, leurs émissions ont même légèrement augmenté en 2024. Seule une soixantaine de pays ont présenté de nouveaux engagements pour 2035, signe d’un manque criant de volonté politique dans un contexte géopolitique déjà tendu.
Conclusion : faut-il pour autant baisser les bras ?
Face à ce tableau sombre, la tentation du défaitisme est grande. Pourtant, l’ONU refuse de capituler. « Ce n’est pas une raison pour capituler. C’est une raison pour redoubler d’efforts », martèle son Secrétaire général, António Guterres. Car si le seuil de 1,5 °C sera très probablement dépassé, chaque dixième de degré compte. Limiter au maximum ce dépassement permettra d’atténuer le choc, de protéger les plus vulnérables et de réduire notre dépendance à des technologies de capture de carbone encore incertaines. L’objectif n’est plus d’éviter la crise, mais d’en limiter la violence.
Selon la source : trustmyscience.com