Tout ce que nous pensions savoir sur les Vikings pourrait être faux, selon les chercheurs
Auteur: Mathieu Gagnon
On a tous une image en tête quand on pense aux Vikings, n’est-ce pas ? Des guerriers courageux, des explorateurs intrépides coiffés de casques à cornes (qui, soit dit en passant, est aussi un mythe)… bref, une image d’Épinal façonnée par les films, les séries et les livres. Mais si cette vision, aussi fascinante soit-elle, reposait plus sur des légendes que sur la réalité historique ?
Des chercheurs tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme. Ils nous expliquent qu’une grande partie de ce que nous croyons savoir sur les Vikings et leurs dieux vient en fait d’écrits bien plus tardifs, souvent rédigés par des auteurs chrétiens qui avaient leur propre vision, et probablement leurs propres intentions, en décrivant ce ‘Nord païen’.
Des sources pas si fiables que ça
Le principal problème, et il est de taille, c’est que les Vikings eux-mêmes n’ont pas laissé beaucoup de témoignages écrits. Mis à part quelques courtes inscriptions en runes gravées dans la pierre ou le bois, nous n’avons pas de textes de leur époque. C’est un peu comme essayer de reconstituer une conversation en n’ayant que quelques mots… C’est compliqué.
Roland Scheel, un spécialiste reconnu de la Scandinavie, insiste sur ce point : l’essentiel de nos connaissances provient de textes rédigés par des savants chrétiens bien après la fin de l’ère viking, parfois plus d’un siècle plus tard. Il faut imaginer que ce sont des récits de seconde main. C’est une sorte d’histoire ‘mémorisée’, transmise et inévitablement transformée, plutôt qu’un témoignage direct et brut de l’époque.
L'image moderne du Viking : une vision bien arrangeante
De nos jours, le mot ‘Viking’ a une connotation plutôt positive, il faut bien l’avouer. On leur attribue volontiers une culture guerrière admirable, on souligne que les femmes y auraient eu une place bien meilleure qu’au Moyen Âge chrétien, et on admire leur supposée liberté face aux contraintes religieuses.
Cette image flatteuse continue d’influencer notre identité, au point que des groupes ‘néo-païens’ tentent de faire revivre ces anciennes traditions. Mais en se concentrant sur ces aspects, on oublie un peu vite le côté plus sombre de l’histoire. Les raids violents, les pillages, la dévastation… c’est tout de suite moins glamour, n’est-ce pas ? Curieusement, on ne se souvient pas d’eux de la même manière qu’on se souvient des Croisades, qui sont, elles, souvent associées à l’intolérance religieuse.
Quand la politique et l'art réécrivent l'histoire
Ce mythe du ‘Nord païen’ a été récupéré à toutes les sauces au fil des siècles. Cela va des œuvres littéraires comme l’« Edda » de l’Islandais Snorri Sturluson au XIIIe siècle, jusqu’à des figures politiques comme Otto von Bismarck, qui n’hésitait pas à citer l’Edda dans ses discours au Reichstag.
L’exemple le plus terrible reste bien sûr la récupération par le mouvement ‘Völkisch’ et par les nazis, qui ont complètement tordu ces mythes pour les faire coller à leur idéologie raciale. Même si aujourd’hui les liens avec l’extrême droite existent encore, l’intérêt pour cette culture est heureusement bien plus varié. Mais cela nous montre à quel point ces images peuvent être puissantes et, parfois, dangereuses.
La Valkyrie de Wagner : plus cliché que réalité
Prenons un exemple que tout le monde connaît, au moins de nom : la Valkyrie. Quand on y pense, on imagine tout de suite une guerrière féroce et magnifique en armure, chevauchant à travers les cieux. Eh bien, ce cliché nous vient en grande partie de l’opéra de Richard Wagner, « L’Anneau du Nibelung ».
Simon Hauke, un autre chercheur, nous explique que cette image est très, très réductrice. Dans les textes anciens, les Valkyries avaient des rôles bien plus variés. Oui, elles choisissaient les guerriers morts au combat pour les emmener au Valhalla, mais elles pouvaient aussi être des amantes pour des héros humains ou même… des serveuses dans l’au-delà ! L’idée qu’elles n’étaient que des guerrières est une simplification moderne qui efface une bonne partie de leur complexité.
Apprendre à regarder les Vikings autrement
Finalement, que doit-on retenir de tout cela ? Principalement que notre vision des Vikings est une construction. Un grand mille-feuille d’interprétations, de fantasmes et de récupérations qui, au fond, en dit souvent plus long sur ceux qui racontent l’histoire que sur les Vikings eux-mêmes.
Cela ne veut pas dire qu’il faut tout jeter, loin de là. Mais il est essentiel de garder un esprit critique et de toujours se demander : ‘d’où vient ce que je crois savoir ?’. Ce travail de recherche nous invite à regarder derrière le rideau des idées reçues, à comprendre comment les mythes se fabriquent et, en fin de compte, à mieux nous connaître nous-mêmes à travers notre fascination pour ce passé si lointain.
Selon la source : scitechdaily.com