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Climat : Et si les plus petits organismes de l’océan bouleversaient toutes nos prévisions ?
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le rôle inattendu des ingénieurs minuscules

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On parle beaucoup du réchauffement climatique, des glaciers qui fondent, de la montée des eaux, c’est normal. Mais avez-vous déjà songé que les acteurs les plus importants de tout ce système pourraient être… invisibles à l’œil nu ? C’est une idée assez vertigineuse, n’est-ce pas ?

Les océans, ces poumons bleus que nous tenons souvent pour acquis, abritent de minuscules organismes, appelés planctons calcifiants. Ces ingénieurs minuscules jouent, sans tambour ni trompette, un rôle absolument vital dans la régulation de notre climat, notamment en capturant et en recyclant le carbone de l’atmosphère. Une nouvelle étude, menée par l’Universitat Autònoma de Barcelona (ICTA-UAB) et publiée dans la prestigieuse revue Science, révèle un fait troublant : nos modèles climatiques actuels les ignorent, ou du moins, ils les simplifient beaucoup trop.

Cela pourrait signifier, et c’est là que ça devient sérieux, que toutes nos prévisions climatiques sont potentiellement faussées. C’est le cas des coccolithophores, des foraminifères et des ptéropodes qui, bien que petits, pourraient bien être la clé de notre avenir climatique.

Le secret des coquilles : Comment le carbone est capturé

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Le cœur du problème réside dans leurs coquilles. Ces planctons construisent des structures délicates à partir de carbonate de calcium (CaCO₃). C’est un peu comme des micro-bâtisseurs qui utilisent le carbone dissous dans l’eau pour faire leur maison. En faisant cela, ils sont absolument centraux pour l’équilibre du carbone dans l’océan.

En termes simples, ils participent à ce que les scientifiques appellent la « pompe à carbone » naturelle. Cette pompe est essentielle : elle tire le carbone de l’atmosphère vers l’océan profond. Cela permet de stabiliser notre climat. Depuis des éons, ce mécanisme naturel influence non seulement la chimie de l’océan, mais également ce que l’on retrouve dans les registres fossiles. Si nous retirons ces acteurs de l’équation, qu’arrive-t-il à la pompe ?

Pourquoi les modèles climatiques les oublient-ils ?

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C’est la grande question, non ? Comment peut-on négliger quelque chose d’aussi fondamental ? Le problème, selon l’équipe de recherche internationale, est que les modèles utilisés pour prévoir l’avenir de la planète – et on parle ici des grands modèles mondiaux comme ceux du CMIP6 – excluent ou simplifient à l’extrême ces organismes. C’est un oubli de taille.

En les laissant de côté, on ne prend pas en compte des mécanismes essentiels du cycle global du carbone. Pire encore, on pourrait sous-estimer la capacité de l’océan à s’adapter (ou non) aux changements climatiques que nous lui imposons. Nous basons nos politiques sur des prévisions qui ne voient pas la forêt à cause des arbres… enfin, dans ce cas, qui ne voient pas le rôle d’une population de coquillages microscopiques.

Le phénomène clé : La dissolution « superficielle »

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Autre découverte capitale mise en lumière par cette étude : une grande partie du carbonate de calcium produit par ces créatures ne parvient jamais au fond de l’océan pour s’y déposer tranquillement. Au lieu de cela, il se dissout dans les couches supérieures. On appelle cela la dissolution superficielle.

C’est un phénomène qui modifie profondément la chimie de l’eau. Imaginez que vous mettez du sucre dans votre café, cela change le goût immédiatement, sans que vous ayez besoin de le boire jusqu’au fond. C’est un peu la même chose. Cette dissolution est causée par des facteurs biologiques complexes : la prédation, l’agrégation des particules et surtout la respiration microbienne. Malheureusement, ce processus crucial manque aussi cruellement à l’appel dans la majorité des grands modèles climatiques. C’est un angle mort majeur dans notre compréhension de la mécanique océanique.

Patrizia Ziveri nous met en garde

Patrizia Ziveri, professeure de recherche à l’ICTA-UAB et auteure principale de l’étude, a été très claire sur ce point. « Les coquilles de plancton sont minuscules, mais ensemble, elles façonnent la chimie de nos océans et le climat de notre planète », a-t-elle déclaré. C’est une belle manière de résumer l’enjeu.

Elle insiste : « En les laissant en dehors des modèles climatiques, nous risquons de négliger des processus fondamentaux qui déterminent comment le système terrestre réagit réellement au changement climatique. » Franchement, quand une scientifique de ce calibre vous dit qu’on risque de passer à côté de l’essentiel, on devrait peut-être écouter. Moi, je suppose que si l’on ne comprend pas les fondations, le château de prévisions risque de s’écrouler.

Une question de diversité et de vulnérabilité

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Il ne suffit pas de dire « il manque du plancton », il faut aussi considérer leur diversité. Les chercheurs rappellent que chaque groupe a des caractéristiques uniques, ce qui affecte leur distribution et leur rôle écologique. Certains sont plus fragiles que d’autres.

Par exemple, les coccolithophores, qui sont les principaux producteurs de CaCO₃, sont extrêmement sensibles à l’acidification. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas les « pompes » internes spécialisées pour évacuer l’acidité de leurs cellules. Les foraminifères et les ptéropodes, eux, ont cette capacité, mais ils sont sous pression par d’autres facteurs, comme le manque d’oxygène ou le réchauffement de l’eau. C’est une véritable toile d’araignée écologique.

En ignorant cette richesse biologique, on simplifie trop la réponse de l’océan face aux stress climatiques. C’est comme si on essayait de prédire l’issue d’une course de Formule 1 en ne regardant que les pneus, sans se soucier du moteur ou du pilote.

Vers une nouvelle génération de prévisions

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Que doit-on faire maintenant ? L’étude lance un appel urgent. Nous devons absolument mieux quantifier la production, la dissolution, et l’exportation de carbonate de calcium pour chaque groupe de plancton, puis, et c’est le plus important, intégrer ces dynamiques dans les modèles climatiques.

Un tel effort permettrait d’obtenir des projections beaucoup plus précises sur les interactions entre l’océan et l’atmosphère, sur la séquestration du carbone, et même d’interpréter avec plus de justesse les sédiments anciens utilisés pour reconstruire les climats passés. Si nous ne le faisons pas, comme le conclut le Dr Ziveri, « nous pourrions manquer d’importantes dynamiques climatiques ».

Il est clair que la prochaine génération de modèles climatiques devra être plus « biologique ». Elle devra reconnaître que la complexité des océans est régie par l’invisible.

Mieux comprendre l’invisible pour prévoir l’avenir

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Cette recherche menée par l’Universitat Autònoma de Barcelona nous rappelle avec force une leçon essentielle : la taille n’est pas un indicateur d’importance dans la nature. Les plus petits organismes, comme ces planctons calcifiants, détiennent les clés de mécanismes globaux qui affectent des milliards d’êtres humains.

En ignorant la dissolution superficielle ou en simplifiant la diversité des coccolithophores et des ptéropodes, nos modèles actuels pourraient bien nous donner une image incomplète de l’avenir. Pour développer des stratégies d’adaptation efficaces et des politiques climatiques justes, nous devons absolument combler ces lacunes scientifiques. Le salut de notre planète passe peut-être par l’étude approfondie de ces créatures microscopiques que l’océan cache si bien.

Selon la source : scitechdaily.com

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