Le réchauffement climatique pourrait-il nous précipiter, paradoxalement, vers un nouvel âge de glace ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Aujourd’hui, nous vivons une période de réchauffement totalement à part. Pourquoi ? Parce que l’augmentation des températures que nous connaissons est due aux activités humaines – on parle de réchauffement anthropique – et surtout, elle est terrifiante par sa rapidité. Si le Jurassique est devenu chaud graduellement, nous, nous voyons les changements s’opérer sur une simple vie humaine. C’est inouï, n’est-ce pas ?
Le thermostat géologique habituel : l’érosion des roches
Ce mécanisme est génial. Sauf que, selon cette étude publiée dans la revue Science, ce n’est malheureusement pas le seul facteur significatif de refroidissement. Et quand on ajoute d’autres éléments, le tableau devient vraiment surprenant, voire carrément paradoxal.
L’imprévu biologique : le rôle amplifié des algues
Imaginez ceci : les eaux plus chaudes et l’excès de nutriments – comme le phosphore – qui se retrouvent disponibles dans un monde en réchauffement, « suralimentent » les proliférations d’algues. Oui, les fameuses marées d’algues, mais à l’échelle planétaire ! C’est ce qu’on appelle les blooms algaux.
La séquestration du carbone et la surcompensation
Le problème, c’est que le modèle informatique a révélé un effet d’emballement, une sorte de surcompensation climatique. Ce refroidissement, déclenché par des processus que nous, les humains, avons accélérés via le réchauffement initial, pourrait faire chuter les températures mondiales bien au-dessous des niveaux préindustriels. « Dans le modèle informatique de l’étude, cela peut déclencher une ère glaciaire », précise Hülse. Sans l’altération des silicates, nous n’aurions pas pu simuler des valeurs aussi extrêmes.
L’assurance oxygène : un frein à la boule de neige
Les auteurs de l’étude soulignent que, contrairement aux périodes de refroidissement intense passées, notre atmosphère contient aujourd’hui beaucoup plus d’oxygène. Cela devrait très probablement empêcher la planète de redevenir une boule de neige complète à l’avenir. C’est toujours ça de pris, je suppose.
Pourquoi s'inquiéter d'une glaciation lointaine ?
La grande difficulté, c’est que nous subissons déjà, de plein fouet, les effets dévastateurs du réchauffement climatique actuel : inondations, sécheresses, événements extrêmes. Or, ces processus de régulation planétaire dont nous parlons, ces cycles de refroidissement, se déploient sur des dizaines, voire des centaines de milliers d’années.
C’est une perspective assez vertigineuse, vous ne trouvez pas ?
L’urgence, c’est le présent
La réponse est claire : non. Nous devons nous concentrer sur la limitation du réchauffement en cours, là, maintenant. L’idée que la Terre va se refroidir naturellement est vraie, mais cela ne va absolument pas se produire assez vite pour nous aider. L’horloge tourne pour notre génération, et non pour nos descendants lointains.
Ne pas se laisser tromper par le long terme
Cependant, l’important à retenir, c’est que ce changement géologique est lent. C’est une perspective qui se compte en millénaires. Il est crucial de ne pas s’en servir comme d’un prétexte pour ralentir nos efforts. Les conséquences immédiates et graves du réchauffement actuel nous obligent à agir sans délai pour limiter l’augmentation des températures, peu importe ce que les algues prévoient pour dans 100 000 ans.
Selon la source : popularmechanics.com