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La raréfaction des sardines décime près de 62 000 manchots du Cap en huit ans : l’urgence est absolue
Crédit: lanature.ca (image IA)

L’hécatombe silencieuse due au manque de nourriture

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C’est un chiffre qui donne froid dans le dos, mais il est terriblement réel : presque 62 000 manchots du Cap ont été décimés par la famine en seulement huit ans. On parle ici des deux sites reproducteurs les plus cruciaux au monde, situés en Afrique du Sud. Franchement, c’est terrifiant. Cette mortalité massive, qui est souvent passée inaperçue, est directement liée à une grave pénurie de sardines, leur mets de choix et, disons-le, leur principale source de vie.

Cette crise alimentaire n’est pas le fruit du hasard, non. Elle résulte d’une double peine : d’un côté, la surpêche, qui a vidé les mers de ces petits poissons, et de l’autre, les grands chamboulements environnementaux causés par le réchauffement climatique. Le constat est implacable et sans appel : si nous n’agissons pas radicalement et rapidement par des mesures de conservation sérieuses, ces merveilleux oiseaux marins pourraient tout bonnement disparaître dans les 10 prochaines années.

Il faut dire que les populations de manchots du Cap connaissent une véritable hécatombe en Afrique du Sud, là où se trouvent les colonies les plus importantes. Entre 2001 et 2009, le nombre de couples reproducteurs a chuté brutalement, passant de 56 000 à seulement 21 000. Faites le calcul : c’est une perte ahurissante de 35 000 couples en l’espace de huit ans ! Cette chute vertigineuse coïncide, on s’en doute, avec une hausse dramatique de la pêche à la sardine (que l’on appelle Sardinops sagax) dès le début des années 2000. Aujourd’hui, on les classe, et c’est alarmant, comme en danger critique d’extinction depuis 2024, avec moins de 10 000 couples qui se reproduisent encore à l’état sauvage.

Le jeûne de la mue : un moment critique sans marge d’erreur

credit : lanature.ca (image IA)

Pour comprendre pourquoi cette pénurie de sardines est si fatale, il faut se pencher un instant sur le cycle de vie du manchot du Cap (ou Spheniscus demersus). Chaque année, ils traversent une période absolument essentielle : la mue. Ils doivent remplacer leurs vieilles plumes usées par de nouvelles pour s’assurer une isolation et une imperméabilité parfaites. Le hic, c’est que durant cette mue, qui dure environ 21 jours, ils sont obligés de rester à terre. Et s’ils restent à terre, ils ne peuvent évidemment pas aller chasser en mer !

Comme l’explique très bien Richard Sherley, biologiste de la conservation à l’Université d’Exeter en Angleterre, « ils ont évolué pour accumuler des graisses, puis jeûner pendant que leur corps métabolise ces réserves, ainsi que les protéines de leurs muscles, pour leur permettre de traverser la mue ». Il est donc vital qu’ils soient bien gras avant d’entamer ce jeûne prolongé.

Une fois qu’ils ont terminé leur mue et qu’ils peuvent retourner chasser, ils doivent retrouver très vite leur condition physique. Imaginez un peu : si la nourriture se fait trop rare, soit juste avant le jeûne pour constituer les réserves, soit immédiatement après lorsqu’ils sont épuisés, leurs maigres réserves ne suffisent plus. Ils meurent de faim. C’est la dure loi de la nature, mais aggravée ici par nos actions.

Les révélations de l’étude : quand l’exploitation aggrave la crise climatique

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Jusqu’à récemment, on soupçonnait la pénurie de sardines d’être la cause, mais on n’avait pas de preuve directe liant les deux. C’est là qu’intervient le travail essentiel de Sherley et de ses collègues, publié dans la revue Ostrich: Journal of African Ornithology. Ils ont mené une enquête vraiment poussée pour décortiquer l’effet précis de la disponibilité alimentaire sur la survie des manchots.

L’équipe a scruté le nombre de couples reproducteurs et d’adultes qui muent sur deux îles emblématiques au large du Cap : Dassen et Robben, entre 1995 et 2015. Au début des années 2000, ces îles étaient des bastions : Robben comptait 9 000 couples et Dassen 25 000, ce qui en faisait des sites cruciaux pour les programmes internationaux de suivi à long terme. Pour estimer les taux de survie, les scientifiques ont analysé le nombre de captures, de marquages et de recaptures effectués entre 2004 et 2011, en comparant tout ça à l’indice de disponibilité des proies.

Et ce qu’ils ont trouvé est édifiant. Depuis 2004, la biomasse de sardine a plongé à moins de 25 % de son abondance maximale dans les zones maritimes de l’ouest et du sud de l’Afrique. Richard Sherley pointe du doigt les variations de température et de salinité, très probablement dues au réchauffement climatique, qui réduisent l’abondance dans les zones de reproduction des sardines. Mais attention, la pêche commerciale est restée concentrée à l’ouest du Cap Agulhas (le point le plus méridional de l’Afrique) à cause des habitudes historiques de l’industrie. Résultat : une surexploitation localisée intense durant le début et le milieu des années 2000.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les taux d’exploitation des sardines ont atteint brièvement le niveau ahurissant de 80 % en 2006. Sherley explique que ces taux élevés, combinés au déclin environnemental des populations de sardines, ont « probablement aggravé la mortalité des manchots ». Leur étude révèle que la survie des adultes à la saison de mue est très fortement liée à la quantité de nourriture disponible. La conséquence est brutale : près de 95 % des adultes qui se reproduisaient en 2004 seraient morts au cours des huit années suivantes, ce qui correspond à la perte estimée d’environ 62 000 individus rien que sur les îles de Dassen et Robben. Puisque les experts n’ont pas trouvé de grands bancs de carcasses sur les plages, ils supposent que les oiseaux sont morts de faim en pleine mer, épuisés par leur recherche vaine de nourriture. Et n’oublions pas le tableau global : l’espèce a subi une diminution de 80 % de sa population mondiale au cours des 30 dernières années.

Des mesures de gestion et d’espoir pour l’avenir

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Il est évident que redresser la population de manchots du Cap est une tâche colossale, car elle est totalement dépendante d’une chose essentielle : l’augmentation du nombre de sardines. Et celle-ci, à son tour, dépend de deux facteurs complexes : l’amélioration des conditions environnementales et, surtout, une diminution drastique de la surpêche.

Selon Richard Sherley, certaines approches de gestion pourraient aider, même si elles sont encore sujettes à débat :

  • Réduire l’exploitation de la sardine lorsque sa biomasse descend sous la barre des 25 % de son maximum.
  • Permettre à un plus grand nombre d’adultes de survivre pour se reproduire.
  • Réduire la mortalité des recrues, c’est-à-dire les sardines juvéniles.

En parallèle, des mesures directes ont heureusement été initiées pour soutenir les colonies. On parle ici de l’installation de nids artificiels, d’une meilleure gestion des prédateurs, ou encore de l’élevage manuel des poussins et des adultes en détresse. Surtout, et c’est très récent, la pêche commerciale à la senne coulissante a été interdite dans les zones maritimes autour des six plus grandes colonies de reproduction d’Afrique du Sud. C’est une première étape concrète !

L’espoir est que cette interdiction permette aux manchots d’accéder plus facilement aux proies au moment où c’est le plus crucial pour leur survie : l’élevage des poussins et, bien sûr, la période délicate avant et après la mue. L’équipe de chercheurs ne s’arrête pas là : ils continueront de suivre de près le succès de reproduction, l’état de santé des poussins, et leurs habitudes alimentaires pour s’assurer que ces mesures portent enfin leurs fruits. Il est temps que l’homme donne un coup de pouce à la nature qu’il a tant mis à mal.

Selon la source : trustmyscience.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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