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Sortie d’Afrique : Nos ancêtres n’étaient peut-être pas seuls à faire le voyage
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une vieille certitude remise en question

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On a tous plus ou moins cette image en tête, celle des livres d’histoire : il y a environ 1,8 million d’années, une espèce humaine courageuse, l’Homo erectus, a fait ses valises pour quitter l’Afrique et explorer le monde. C’est la version classique, propre et nette de l’hypothèse « Out of Africa ». Mais voilà, la science, c’est un peu comme un vieux grenier : plus on fouille, plus on trouve de choses qui ne collent pas. Depuis quelques années, un débat agite les spécialistes. Et si Homo erectus n’avait pas été le seul à partir ?

Une nouvelle recherche publiée récemment dans la revue PLOS One vient mettre un sacré coup de pied dans la fourmilière et espère bien clore le débat une bonne fois pour toutes. Tout tourne autour de fossiles fascinants : les fameux crânes de Dmanissi. Vous en avez peut-être entendu parler ? Ce sont cinq crânes découverts en République de Géorgie lors de fouilles menées entre 1999 et 2005. Ils sont incroyablement précieux car ils appartiennent à certains des plus vieux humains jamais trouvés hors du continent africain.

Le problème, ou plutôt le mystère, c’est qu’ils ne se ressemblent pas vraiment. C’est troublant. Certains sont plus grands que d’autres. Prenez le « Crâne 5 » par exemple : il a une boîte crânienne minuscule mais une face massive, presque projetée vers l’avant. Jusqu’ici, on se disait : « Bon, c’est peut-être juste la différence entre les mâles et les femelles d’une même espèce ». Mais d’autres chercheurs n’ont jamais avalé cette pilule et soutiennent qu’il s’agit en fait de deux espèces distinctes qui vivaient ensemble. Alors, qui a raison ?

Les dents ne mentent pas : l’enquête minutieuse

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Pour y voir plus clair, il fallait changer de méthode. C’est là qu’intervient une équipe dirigée par Victor Nery, de l’Université de São Paulo. Ils ont eu une idée assez brillante : laisser tomber la forme globale des crânes pour se concentrer sur quelque chose de beaucoup plus solide, les dents. Pourquoi ? Eh bien, soyons honnêtes, les os, c’est fragile. Avec le temps, un crâne peut se déformer, s’écraser sous le poids de la terre, ce qui fausse les mesures.

Les dents, en revanche, c’est du béton. Ou plutôt, c’est de l’émail, la substance biologique la plus dure produite par l’être humain. La forme et la taille des dents sont des indicateurs redoutables pour identifier une espèce. L’équipe s’est donc penchée sur la surface (la couronne dentaire) des dents du fond — les prémolaires et les molaires — de trois des spécimens de Dmanissi qui avaient encore assez de restes dentaires pour être analysés.

Ce n’était pas une petite étude faite sur un coin de table. Ils ont comparé ces dents à une base de données massive comprenant 122 autres fossiles, incluant des australopithèques et plusieurs autres espèces du genre Homo. Au total, en utilisant un outil de tri statistique, ils ont analysé pas moins de 583 dents ! Le but était de créer une sorte de carte biologique pour voir où se plaçaient nos amis de Géorgie : faisaient-ils tous partie de la même famille, ou étaient-ils des cousins éloignés ?

Le verdict tombe : deux espèces au lieu d’une

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Les résultats de cette cartographie sont assez stupéfiants. La carte a révélé que ces anciens restes ne provenaient pas d’un groupe unique. C’est là que tout bascule. Le fameux « Crâne 5 », avec sa mâchoire imposante, s’est retrouvé classé avec les Australopithèques, ces ancêtres plus primitifs qui ressemblent davantage aux grands singes. Les deux autres spécimens, eux, étaient clairement plus proches de l’homme, plus « humains » si l’on peut dire.

Face à ces preuves, les auteurs de l’étude ne tournent pas autour du pot : ils soutiennent l’utilisation de noms bien distincts. Il y aurait d’un côté Homo georgicus (pour le Crâne 5 et ses semblables) et de l’autre Homo caucasi pour le groupe à l’apparence plus humaine. C’est une distinction majeure qui change notre arbre généalogique.

Mais attendez, les chercheurs ont voulu être sûrs à 100 %. Ils devaient absolument écarter l’hypothèse des différences hommes-femmes. Pour cela, ils ont comparé les fossiles avec ceux de grands singes actuels. Chez certains animaux, comme les gorilles, les mâles sont beaucoup plus gros que les femelles, c’est vrai, mais — et c’est le détail qui tue — ils ont fondamentalement les mêmes dents. Or, les différences entre les dents de Dmanissi étaient si énormes que la simple différence sexuelle ne pouvait pas l’expliquer.

Comme l’ont commenté les chercheurs : « L’analyse de la surface de la couronne dentaire… soutient l’hypothèse d’espèces distinctes coexistant temporellement sur le site (Homo caucasi et Homo georgicus). Cette possibilité remet en question le modèle dominant de la migration d’Homo erectus hors d’Afrique… ». Autrement dit, l’histoire est plus complexe qu’on ne le pensait.

Conclusion : Vers une nouvelle histoire de nos origines ?

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Alors, que doit-on en retenir ? Cette recherche donne du poids, beaucoup de poids même, à l’idée que deux espèces différentes ont quitté l’Afrique à peu près au même moment. Ce n’était pas une marche solitaire, mais peut-être une aventure partagée, ou du moins parallèle.

Bien sûr, la science reste la science, avec sa prudence habituelle. Il faudra probablement trouver d’autres spécimens pour que tout le monde se mette d’accord et qu’un consensus total soit atteint. Mais une chose est sûre : nos ancêtres nous réservent encore bien des surprises, et le puzzle de nos origines est loin d’être terminé.

Selon la source : phys.org

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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