Fonte des glaces : l’Arctique connaît une accalmie, mais le climat continue de se réchauffer
Auteur: Adam David
Un chiffre qui a de quoi surprendre : la banquise arctique fond moins vite depuis une vingtaine d’années. Une pause inespérée dans la catastrophe annoncée ? Pas si simple. Des chercheurs expliquent que ce ralentissement n’est qu’un répit temporaire, masquant une tendance de fond qui, elle, reste alarmante.
L'image de la balle qui dévale la pente
Pour comprendre ce paradoxe, il faut imaginer une balle dévalant une colline, comme le suggère le climatologue Ed Hawkins. Sur sa trajectoire, elle peut heurter un obstacle, rebondir, et donner l’illusion qu’elle remonte un instant. Pourtant, sa chute inexorable se poursuit. La glace de mer arctique, c’est cette balle. Depuis 1979 et les premières mesures satellite, sa surface minimale en été a été divisée par deux. Un plongeon vertigineux.
Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes
Mais voilà que la balle semble avoir rebondi. Une étude publiée dans *Geophysical Research Letters* met des chiffres sur cette impression. Alors que la tendance à long terme montrait une perte de banquise estivale de près de 800 000 km² par décennie, ce rythme a chuté à environ 300 000 km² par décennie depuis 2005. C’est un ralentissement de plus de 50 %. Un chiffre non négligeable.
Le volume, un indicateur encore plus frappant
Si l’on s’intéresse non plus à la surface, mais à l’épaisseur de la glace – et donc à son volume –, le constat est encore plus net. Entre 2010 et 2024, la perte de volume s’est limitée à 0,4 million de kilomètres cubes par décennie. C’est sept fois moins que le déclin observé sur le long terme, qui s’élevait à 2,9 millions de km³. La différence est spectaculaire.
Le climat, un système aux soubresauts naturels
Alors, comment expliquer un tel sursis ? La réponse tient en une expression un peu technique : la « variabilité climatique interne ». En clair, ce sont les fluctuations naturelles du climat, les interactions complexes entre l’océan et l’atmosphère, qui sont venues pour un temps jouer les contrepoids. Elles ont temporairement masqué une partie de l’impact du réchauffement climatique d’origine humaine, qui lui, n’a pas faibli.
Un répit de courte durée, mais un risque de récupération
Mais ce fragile équilibre ne durera pas. Les chercheurs sont formels : il y a une chance sur deux pour que cette accalmie tienne encore cinq ans, et une sur quatre pour qu’elle se prolonge une décennie. « Il ne s’agit que d’un répit temporaire », prévient le Dr Mark England, auteur principal de l’étude. Très bientôt, prévient-il, « le rythme du déclin rattrapera celui à long terme ».
anticiper la critique pour mieux la désarmer
Fallait-il publier de tels résultats, au risque d’offrir du grain à moudre aux climatosceptiques ? Pour les scientifiques, ne pas en parler aurait été une erreur. Mieux vaut expliquer ce phénomène complexe et le remettre en contexte, plutôt que de laisser d’autres s’en emparer à mauvais escient. Le message est clair : une pause dans la chute ne signifie pas que la gravité a disparu. Loin de là.
Selon la source : geo.fr