Climat : la couche d’ozone pourrait accentuer de 40 % le réchauffement d’ici 2050, selon des chercheurs
Auteur: Adam David
On pensait l’affaire entendue : la couche d’ozone, ce bouclier vital pour la vie sur Terre, se reconstitue lentement mais sûrement grâce à nos efforts collectifs. Pourtant, une nouvelle étude vient jeter un pavé dans la mare. Cette guérison, combinée à la pollution de nos villes, pourrait en réalité amplifier le réchauffement climatique bien plus que nous ne l’imaginions.
L'indispensable bouclier au-dessus de nos têtes
Rappelons d’abord le rôle essentiel de cette fine couche gazeuse. Perchée à des dizaines de kilomètres au-dessus de nos têtes, dans la stratosphère, elle filtre les rayons ultraviolets les plus dangereux du soleil, les fameux UV-B. Sans elle, la vie telle que nous la connaissons serait sans doute impossible, exposée à des mutations génétiques et à une explosion des cancers de la peau. C’est cette menace qui, dans les années 1970, a déclenché une prise de conscience mondiale.
Un protecteur au double visage
Mais voilà où le bât blesse : l’ozone est un gaz à double tranchant. S’il nous protège des rayons solaires, il a aussi la capacité de piéger la chaleur qui s’échappe de la Terre, agissant comme un gaz à effet de serre. Tout est une question d’altitude. L’ozone stratosphérique, le « bon », nous protège. Mais celui de la troposphère, plus bas, issu de notre pollution industrielle et automobile, est un redoutable contributeur au réchauffement.
Une guérison aux effets pervers ?
Le Protocole de Montréal de 1987, qui a banni les CFC responsables du « trou » dans la couche d’ozone, est l’un des plus grands succès écologiques de l’histoire. Cependant, une étude publiée dans la revue *Atmospheric Chemistry and Physics* vient sérieusement nuancer ce tableau. Comme l’explique son auteur principal, Bill Collins de l’université de Reading, « si la réparation de la couche d’ozone est une bonne chose, nous avons constaté que cette reconstitution réchauffera la planète plus que prévu ».
Un impact chiffré et sous-estimé
Concrètement, de quoi parle-t-on ? Les simulations des chercheurs sont sans appel. D’ici 2050, l’effet combiné de la reconstitution de l’ozone en haute altitude et de l’accumulation de l’ozone polluant au sol pourrait amplifier le réchauffement de près de 40 % par rapport aux estimations qui ne prenaient en compte que l’effet des gaz CFC. En termes d’énergie, cela représente un surplus de 0,27 watt par mètre carré (Wm⁻²). Cela peut paraître peu, mais c’est loin d’être anodin. À titre de comparaison, sur la même période, l’impact du CO₂ est estimé à 1,75 Wm⁻². L’ozone se hisserait ainsi au rang de deuxième contributeur au réchauffement, un acteur que l’on avait largement sous-estimé.
Repenser l'équation climatique
Faut-il pour autant cesser de protéger la couche d’ozone ? Absolument pas. Son rôle de bouclier anti-UV reste non négociable. Ce que cette étude met en lumière, c’est l’interconnexion complexe des crises environnementales. On ne peut pas traiter un problème en ignorant ses effets sur un autre. Le message est clair : la lutte contre la pollution de l’air au niveau du sol, celle qui crée ce « mauvais » ozone, devient encore plus cruciale. C’est peut-être la pièce manquante de notre puzzle climatique, une pièce qu’il est urgent de remettre à sa place.
Selon la source : trustmyscience.com