Ce qui devait être un voyage au cœur de Lisbonne s’est transformé en tragédie. André Bergeron et Blandine Daux, un couple de Québécois reconnus et aimés dans le milieu de l’archéologie, ont perdu la vie dans le terrible accident du funiculaire de Glória survenu mercredi. La nouvelle a provoqué une onde de choc bien au-delà de leur cercle familial, touchant toute la communauté du patrimoine québécois.
Des hommages officiels à la hauteur de leur contribution
La confirmation est tombée vendredi, plongeant le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC) dans une « grande tristesse ». Blandine Daux était d’ailleurs toujours l’une de ses employées. Le ministère a salué deux experts qui ont « contribué de manière remarquable » à la préservation de l’histoire du Québec. André Bergeron, l’un des pionniers du Centre de conservation du Québec (CCQ), y a consacré plus de quarante ans de sa vie avant de prendre une retraite bien méritée en 2022. Blandine Daux avait, elle, rejoint l’équipe en 2001.
Les réactions politiques n’ont pas tardé. De la ministre fédérale Anita Anand au premier ministre québécois François Legault, tous ont exprimé leurs condoléances, soulignant la perte de « deux passionnés qui ont consacré leur vie à préserver notre patrimoine archéologique ».
« Vous êtes partis trop tôt » : la douleur d'une fille
Au-delà des communiqués officiels, il y a la douleur intime, celle d’une famille brisée. Leur fille, Violette Daux-Bergeron, a partagé un message poignant sur TikTok, accompagné d’une photo tendre de ses parents enlacés. « Vous êtes partis trop tôt et trop soudainement », a-t-elle écrit en anglais. « Les dernières heures ont semblé être des semaines. Vous serez dans mon cœur, toujours. » Un cri du cœur qui a suivi ses appels angoissés sur les réseaux sociaux, alors qu’elle cherchait désespérément à obtenir des nouvelles.
Un vide immense pour l'archéologie québécoise
Parler à leurs anciens collègues, c’est comprendre l’ampleur de la perte. « Ça m’a scié les jambes d’apprendre le décès d’André », confie Louise Mercier, ancienne rédactrice en chef du magazine *Continuité*, où M. Bergeron s’est investi pendant près de 15 ans. Elle se souvient d’un « gars extrêmement généreux » et d’un « scientifique formidable ». C’était un de ces travailleurs de l’ombre, dit-elle, qui a tant fait pour mettre en lumière notre histoire. Une sorte de puits de connaissances qui vient de disparaître.
Ce sentiment est partagé par tous. William Moss, ancien archéologue en chef de la Ville de Québec, a collaboré avec eux pendant des décennies. « C’est tout un choc », lâche-t-il. Il évoque des gens joyeux, passionnés par le partage de leur savoir. Pour lui, comme pour d’autres, ils laissent un « vide immense » dans la communauté, particulièrement à Québec où ils étaient si présents.
Un héritage bien concret
Leur influence n’était pas qu’humaine, elle était aussi technique. Le couple a travaillé sur des sites majeurs, comme celui de Cartier-Roberval à Cap-Rouge, une pierre angulaire de l’histoire de la Nouvelle-France. Plus encore, ils ont laissé un outil indispensable derrière eux : le *vade-mecum* québécois, une sorte de bible pour les archéologues sur le terrain, expliquant comment traiter les objets découverts lors des fouilles.
André en a coordonné la troisième édition, Blandine y a contribué comme rédactrice. « Leur legs sera très important », insiste William Moss. Un héritage de savoir-faire qui continuera de guider les générations futures.
L'enquête se poursuit à Lisbonne
Pendant que le Québec pleure ses experts, l’enquête se poursuit au Portugal. Le funiculaire, classé monument national et bondé de touristes, a déraillé avant de percuter un mur. Le bilan est lourd : dix-huit morts de diverses nationalités et vingt-et-un blessés. La société exploitante, Carris, assure que l’appareil avait été inspecté le matin même de l’accident, et qu’un entretien complet avait eu lieu l’an dernier.
Frein défectueux ? Câble rompu ? Pour l’heure, aucune piste n’est écartée. Alors que le rapport technique préliminaire est attendu, une question reste en suspens : comment un tel drame a-t-il pu se produire ? Une question qui hante les familles des victimes, de Lisbonne à Québec.
Selon la source : ledevoir.com