On aurait pu croire à un week-end de la fête du Travail tout à fait normal dans la belle région de Niagara. Les familles se promènent, les touristes admirent le paysage. Mais cette année, une image troublante a brisé la tranquillité : une cinquantaine d’hommes, le visage caché par des masques blancs, défilant en rangs serrés. Ce n’était pas un carnaval. C’était une démonstration de force d’un groupe qui se fait appeler les Second Sons, et leur présence soulève de sérieuses questions et beaucoup d’inquiétude.
Qui sont-ils vraiment ? Et que voulaient-ils dire en marchant comme des soldats dans un parc public, sous les yeux des passants ? On va essayer de démêler tout ça pour vous.
Qui sont ces "Second Sons" et que veulent-ils ?
Sur leur site internet, les Second Sons se présentent comme un « club nationaliste pour hommes canadiens ». Rien que ça. Créé en 2024, leur objectif affiché est de défendre un mode de vie qu’ils estiment menacé. Comment ? Par l’activisme politique et, chose plus surprenante, par l’entraînement physique.
Leur message est très direct et, pour tout dire, assez brutal. Ils écrivent noir sur blanc que leur « droit d’aînesse a été volé » et qu’ils sont remplacés dans la société et sur le marché du travail par des « étrangers ». C’est une rhétorique qui vise clairement les immigrés et qui sème la division. Ils estiment que les « vrais » Canadiens sont mis de côté, et ils comptent bien y faire quelque chose.
Une démonstration de force au parc Queenston Heights
Le 31 août, le groupe a donc décidé de se montrer. Environ 50 personnes, vêtues de t-shirts noirs identiques et de masques blancs, ont marché dans le parc de Queenston Heights, un lieu chargé d’histoire. Ils ont même posé fièrement devant le monument du major-général Sir Isaac Brock, un héros de la guerre de 1812.
Le choix du lieu n’est pas un hasard. C’est un symbole de la défense du Canada contre un envahisseur. Le message est à peine voilé. Ce qui est frappant, c’est qu’ils ont fait tout ça sans aucune autorisation. La direction des Parcs du Niagara a confirmé qu’aucun permis n’avait été demandé ou accordé. Ils sont venus, ils ont marché, ils sont partis, laissant derrière eux un sentiment de malaise.
Des liens inquiétants avec des groupes extrémistes connus
Ce groupe n’est pas juste un club de gym un peu bizarre. Les experts qui étudient l’extrémisme les comparent à des groupes de suprémacistes blancs et même à des néo-nazis. Le chef des Second Sons, un certain Jeremy MacKenzie, est loin d’être un inconnu. Il est aussi le fondateur de Diagolon, une organisation que la GRC elle-même qualifie de « milice extrémiste ».
Leur apparence, avec les masques blancs et les tenues uniformes, rappelle d’ailleurs beaucoup un groupe américain tristement célèbre, le Patriot Front, qui veut créer un État réservé aux blancs aux États-Unis. Pour couronner le tout, MacKenzie a partagé une vidéo de lui faisant un salut nazi. Difficile de prétendre que ce sont juste des patriotes un peu trop zélés après ça…
Le recrutement et l'entraînement : une stratégie qui semble fonctionner
Leur objectif semble clair : être plus visibles pour recruter de nouveaux membres. Et visiblement, ça marche. Le lendemain de leur marche, le groupe s’est vanté sur les réseaux sociaux d’avoir reçu une « avalanche » de demandes d’adhésion. C’est ça qui est vraiment alarmant.
Leur entraînement n’est pas anodin non plus. On a découvert qu’ils s’entraînaient dans des studios d’arts martiaux, des gymnases et des parcs dans la région de Hamilton et de Niagara. Ils ont même loué un centre communautaire à Caledonia en cachant leur véritable identité. Le Lions Club local, qui leur a loué la salle, s’est dit très déçu et a affirmé que s’ils avaient su, la location aurait été refusée. Ça montre bien qu’ils avancent masqués, au propre comme au figuré.
La grande peur : que ce discours de haine devienne normal
Pour des gens comme Saleh Waziruddin, de l’Association antiraciste de la région de Niagara, cette marche est une forme d’intimidation. « Leur idéologie, c’est que des gens comme moi n’ont pas leur place ici », dit-il. Et c’est là tout le problème.
Des experts universitaires, comme Ameil Joseph de l’Université McMaster, s’inquiètent de voir ces idées se banaliser. Ils voient que le discours anti-immigration, autrefois réservé à des groupes extrêmes, se retrouve maintenant dans des débats politiques plus larges. Le danger, c’est qu’on finisse par s’habituer. On voit ces images, et on est peut-être moins choqués qu’on ne l’aurait été il y a quelques années. « J’ai l’impression qu’ils sont en train de réussir », confie le professeur Joseph. « C’est absolument terrifiant. »
Conclusion : que retenir et que faire ?
Alors, que retenir de cette histoire ? D’abord, que ce n’est pas un événement isolé. C’est le signe d’un mouvement organisé, qui grandit et qui a une idéologie très claire : celle de l’exclusion et de la haine de l’autre. Leurs masques ne servent pas qu’à cacher leur identité, ils symbolisent une volonté de créer une société uniforme où la différence n’a pas sa place.
Face à cela, les experts appellent les citoyens et les gouvernements à réagir. Il ne suffit pas de condamner, il faut agir, soutenir les associations qui luttent contre le racisme et, surtout, ne jamais accepter que de telles démonstrations deviennent une chose normale dans nos parcs et nos villes. La tranquillité de nos communautés en dépend.
Selon la source : cbc.ca