L’EPA souhaite revenir sur la décision juridique affirmant que la pollution par gaz à effet de serre nuit à la santé publique
Auteur: Mathieu Gagnon
On entend beaucoup parler du changement climatique, c’est un sujet qui peut sembler lointain, compliqué. Pourtant, une décision très importante est sur le point d’être prise aux États-Unis, et elle pourrait avoir des conséquences bien réelles sur la qualité de l’air que nous respirons et, au final, sur notre santé. L’Agence de protection de l’environnement (EPA), un peu notre ministère de l’Écologie à nous, propose de faire un grand pas en arrière. Essayons de comprendre ce qui se passe, simplement.
Le cœur du problème : une règle vieille de 15 ans menacée
En 2009, l’EPA avait officiellement déclaré que les gaz à effet de serre, ceux qui réchauffent la planète, sont dangereux pour la santé publique. Ça peut paraître évident, mais cette déclaration, appelée « l’endangerment finding », est cruciale. C’est elle qui donne à l’EPA le droit d’imposer des limites à la pollution, notamment pour les voitures et les camions neufs.
Aujourd’hui, en juillet 2025, l’agence propose de tout simplement annuler cette déclaration. Pourquoi ? Le directeur de l’EPA, Lee Zeldin, parle d’une mesure pour soulager l’économie, affirmant que cela mettrait fin à « plus de 1 000 milliards de dollars d’impôts cachés pour les entreprises et les familles américaines ». En gros, on nous présente ça comme une baisse de charges. Mais en enlevant cette pièce maîtresse, c’est tout le système de contrôle de la pollution qui pourrait s’effondrer.
Un petit rappel sur la loi qui a nettoyé notre air
Pour bien comprendre, il faut se souvenir d’une grande loi américaine : le « Clean Air Act » (la Loi sur la qualité de l’air). Cette loi, c’est un peu un super-héros pour nos poumons. Elle a donné à l’EPA le pouvoir de dire aux usines et aux constructeurs automobiles : « Stop, vous ne pouvez pas polluer autant ». Elle s’attaque à des poisons comme le plomb, le monoxyde de carbone ou les petites particules fines qui nous rendent malades.
Et honnêtement, ça a marché ! L’air dans nos villes est bien meilleur aujourd’hui qu’il y a cinquante ans, alors même qu’il y a beaucoup plus de monde et de voitures. Cette loi a prouvé qu’en agissant, on pouvait obtenir des résultats concrets pour notre santé. Retirer la base légale pour la pollution climatique, c’est un peu comme lui couper les jambes.
Pendant ce temps, la science tire la sonnette d'alarme
Alors que le gouvernement parle d’économie, les scientifiques, eux, sont de plus en plus inquiets. En septembre 2025, un groupe d’experts très respectés (la National Academies Press) a étudié toutes les nouvelles données. Leur conclusion est sans appel : non seulement la décision de 2009 était juste, mais les preuves sont encore plus solides aujourd’hui.
Les chiffres ne mentent pas. La concentration de gaz carbonique dans l’air, mesurée à Hawaï, a atteint 425.48 parties par million (ppm) en août 2025. C’est plus que l’année d’avant, et ça continue de grimper. En parallèle, un rapport de 2024 sur la santé a conclu que le changement climatique aggrave déjà les risques pour notre bien-être, parlant de « menaces record » pour notre santé. On est loin d’une simple discussion théorique.
Des conséquences très concrètes et déjà visibles
Ce changement de cap n’est pas qu’une histoire de paperasse. Il a déjà des effets dévastateurs. Prenez cet exemple : un immense projet d’éoliennes en mer, au large de Rhode Island et du Connecticut. Un projet à 6 milliards de dollars, avec 65 turbines, presque terminé (à 80%). Il devait fournir de l’électricité à environ 350 000 foyers.
Le mois dernier, le projet a reçu l’ordre de s’arrêter. Tout est à l’arrêt. Des emplois sont perdus, les entreprises locales qui fournissaient le matériel sont en difficulté, et les communautés qui comptaient sur cette électricité doivent trouver d’autres solutions. C’est un gâchis monumental qui montre bien que ces décisions politiques ont un impact direct sur la vie des gens.
Naviguer à l'aveugle : la disparition des données climatiques
Et il y a pire, si c’est possible. Pour se préparer aux vagues de chaleur, aux inondations ou à la fumée des incendies, nos villes et nos services d’urgence ont besoin de données fiables. Or, on a appris en juillet 2025 que le programme fédéral qui fournit ces informations climatiques cruciales est considéré comme « inactif ».
C’est comme si on demandait à un capitaine de naviguer en pleine tempête tout en lui confisquant sa carte et sa boussole. Sans ces données, comment les maires peuvent-ils protéger les personnes les plus fragiles ? Comment les écoles peuvent-elles savoir quand garder les enfants à l’intérieur à cause de la pollution ? C’est notre sécurité au quotidien qui est mise en jeu.
Conclusion : Rien n'est encore joué, mais il faut rester vigilant
Heureusement, ce n’est pour l’instant qu’une proposition. La loi américaine prévoit que les citoyens, les associations et les entreprises pourront donner leur avis. Il y aura sans doute des batailles devant les tribunaux. Beaucoup de monde va se battre pour que cette décision ne passe pas.
Ce qu’il faut retenir, c’est que cette affaire nous concerne tous. Les vagues de chaleur et les jours de smog ne se soucient pas de politique. Ces choix auront un impact sur les voitures que nous achèterons, l’air que nos petits-enfants respireront et les factures que nous paierons. C’est une affaire à suivre de très, très près, car elle touche au plus précieux : notre santé.
Selon la source : earth.com