C’est une découverte qui nous plonge des dizaines de milliers d’années en arrière, à une époque charnière de l’histoire de l’humanité. En France, des archéologues ont mis au jour ce qui semble être le plus vieil atelier de fabrication de bijoux en coquillages d’Europe occidentale. Vieux de 42 000 ans, ce site nous en apprend un peu plus sur un peuple préhistorique mystérieux, les Châtelperroniens, et nous pose une question fondamentale : qui étaient vraiment ces premiers artisans de la parure ? Des Néandertaliens, nos cousins disparus, ou déjà des Homo sapiens, nos ancêtres directs ?
Le site de la découverte : La Roche-à-Pierrot
La découverte a été faite sur le site paléolithique de La Roche-à-Pierrot, à Saint-Césaire, sur la côte atlantique française. En fouillant, les chercheurs ont trouvé des coquillages, certains percés et d’autres non, ainsi que des pigments de couleur. Le fait de trouver des coquillages non percés à côté des ‘perles’ finies, sans traces d’usure, est la preuve qu’il s’agissait bien d’un atelier, d’un lieu où l’on fabriquait ces bijoux sur place.
Qui étaient les Châtelperroniens, ce peuple mystérieux ?
Les Châtelperroniens ont vécu en France et dans le nord de l’Espagne il y a entre 55 000 et 42 000 ans. C’est une période très particulière. C’est le moment où les derniers Néandertaliens d’Europe voient arriver une nouvelle espèce venue d’Afrique : Homo sapiens. Le grand mystère est de savoir à quel groupe appartenaient les Châtelperroniens. Étaient-ils les derniers Néandertaliens, qui auraient ‘copié’ les techniques des nouveaux arrivants ? Ou étaient-ils déjà des Homo sapiens ? Ou peut-être un mélange des deux ?
Ce que les fouilles ont révélé
Sur le site, les archéologues ont trouvé un véritable trésor, comme le détaille leur étude publiée dans la revue *PNAS* :
- 37 outils en pierre typiques de la culture châtelperronienne.
- 96 fragments de pigments rouges et jaunes.
- Des coquillages vieux d’au moins 42 000 ans, dont 30 étaient percés pour en faire des perles.
- Des outils néandertaliens plus anciens.
- Des restes d’animaux chassés, comme des bisons et des chevaux.
C’est la première fois que l’on trouve des perles en coquillage directement associées à des outils châtelperroniens.
Des matériaux qui venaient de loin
Autre détail fascinant : ces matériaux n’étaient pas disponibles sur place. Les coquillages provenaient de la côte atlantique, qui se trouvait à l’époque à environ 100 kilomètres du site. Les pigments, eux, venaient de plus de 40 kilomètres. Cela suggère que ces peuples étaient soit très mobiles, soit qu’ils faisaient partie de vastes réseaux d’échanges, un comportement que l’on associe généralement à Homo sapiens.
L''explosion de l'expression symbolique'
La fabrication de bijoux, l’utilisation de couleurs… tout cela fait partie de ce que les experts appellent une ‘explosion de l’expression symbolique‘. C’est le moment où les humains commencent à utiliser des objets non pas pour leur utilité, mais pour ce qu’ils représentent : une identité, un statut social. C’est le début de l’art et de la culture. Et ce comportement a longtemps été considéré comme l’apanage d’Homo sapiens. Cette découverte vient donc encore compliquer le tableau.
Conclusion : le mystère reste entier, mais la question est posée
Selon la source : eurekalert.org