Des plongeurs découvrent plus de 1 000 pièces de l’empire espagnol, trois siècles après un naufrage légendaire
Auteur: Adam David
C’est une de ces histoires qui semblent tout droit sorties d’un roman d’aventures. Au large de la Floride, un trésor de l’empire espagnol, disparu dans les flots il y a plus de 300 ans, vient de refaire surface. Une découverte qui ravive le souvenir d’un des naufrages les plus spectaculaires de l’histoire maritime.
Une flotte maudite, balayée par l'ouragan
Il faut remonter au 24 juillet 1715. Ce jour-là, une flotte de douze navires espagnols quitte La Havane, les cales lourdes des richesses pillées ou produites dans les colonies du Mexique, du Pérou et de Bolivie. Le but : rallier l’Espagne. Mais le voyage tournera court. Une semaine à peine après leur départ, un ouragan d’une violence inouïe s’abat sur la flotte le long des côtes de la Floride. Onze des douze navires sombrent. Avec eux, une fortune estimée aujourd’hui à 400 millions de dollars.
Mille pièces d'argent arrachées à l'océan
Si une partie du butin a pu être récupérée à l’époque, l’essentiel a dormi pendant des siècles dans les abysses. Jusqu’à cet été 2025, où des plongeurs de la compagnie 1715 Fleet – Queens Jewels, LLC, la seule détentrice des droits d’exploration, ont mis la main sur un butin exceptionnel. Ils ont remonté près de 1 000 pièces d’argent, les fameuses « pièces de huit », et cinq escudos d’or. Une prise estimée à un million de dollars.
Un coffre unique, témoin de l'histoire
L’état de conservation des pièces est étonnant. On peut encore y distinguer les dates et les poinçons qui certifiaient l’argent circulant dans les colonies. Pour les spécialistes de la compagnie, cette qualité de préservation n’est pas un hasard : « cela suggère qu’elles faisaient partie d’un seul coffre ou d’un seul regroupement, qui s’est renversé quand le navire a coulé ». Une sorte de capsule temporelle intacte, ou presque.
Plus que de l'argent, des fragments de vie
Mais l’intérêt de la découverte dépasse de loin sa valeur marchande. Pour Sal Guttuso, directeur des opérations, l’essentiel est ailleurs. « Ce n’est pas qu’à propos du trésor, mais aussi des histoires qu’il raconte », souligne-t-il. « Chaque pièce est un petit bout d’histoire, un lien direct avec les gens qui ont vécu, travaillé et navigué pendant l’âge d’or de l’empire espagnol. » Ces pièces de huit, qui ont servi de monnaie d’échange mondiale, sont en quelque sorte les ancêtres de nos systèmes monétaires modernes.
Le mythe du bijou de la reine et la quête inachevée
Cette trouvaille ne signe pas la fin de l’histoire, bien au contraire. Des légendes tenaces continuent d’entourer la flotte perdue. La plus célèbre raconte que la dot de la seconde épouse de Philippe V d’Espagne, Élisabeth Farnèse, se trouvait à bord. Si le mythe dit vrai, une bague ornée d’une émeraude de 74 carats et des boucles d’oreilles en perles fines reposeraient toujours quelque part dans les fonds marins.
un trésor sous très haute surveillance
Mais que les chasseurs de trésors amateurs ne s’emballent pas. L’exploration de la zone est strictement réglementée. Seule la compagnie 1715 Fleet – Queens Jewels est habilitée à y mener des recherches. La loi locale est formelle : si un touriste ou un pêcheur tombe par hasard sur un vestige, il a l’obligation de le remettre aux autorités. Une manière de s’assurer que ces fragments d’histoire rejoignent les collections des musées, et non les coffres-forts de quelques chanceux. Trois siècles plus tard, l’océan continue de restituer, pièce par pièce, les témoins de cette tragédie.
Selon la source : geo.fr