2025 : les énergies renouvelables dépassent le charbon — un tournant historique pour la planète
Auteur: Adam David
C’est un basculement qui semblait à la fois inévitable et lointain. Pour la première fois dans l’histoire, en 2025, les énergies renouvelables ont produit plus d’électricité que le charbon à l’échelle de la planète. Ce tournant, confirmé par les analyses du think tank Ember et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), marque une étape symbolique majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais derrière ce chiffre historique se cache une réalité bien plus complexe, faite de fractures géographiques et de défis immenses.
Une révolution tirée par le soleil et le vent
Alors que la demande mondiale d’électricité continue sa course, tirée par l’électrification de nos sociétés, quelque chose de fondamental a changé. En 2025, l’intégralité de cette demande supplémentaire a été absorbée par les énergies vertes, principalement le solaire et l’éolien. C’est là que le changement s’opère : pour la première fois, cette croissance a permis de faire reculer, même modestement, la production issue du charbon et du gaz.
Le solaire, en particulier, a joué un rôle de catalyseur, avec une croissance explosive de 33 % en un an. Il a fourni à lui seul 83 % de l’augmentation de la demande. Pour Małgorzata Wiatros-Motyka, analyste chez Ember et autrice d’un des rapports de référence, il s’agit d’un « tournant majeur ». On assiste enfin à un début de découplage entre la croissance économique et notre dépendance aux fossiles. Cette performance s’explique en grande partie par une chute vertigineuse des coûts du solaire : près de 99,9 % depuis 1975, le rendant hyper-compétitif partout dans le monde.
L'asie, nouveau moteur de la transition mondiale
Cette révolution énergétique n’est pas qu’une affaire de technologie, elle est aussi profondément géographique. Ce sont désormais les pays du Sud, et plus particulièrement l’Asie, qui mènent la danse. Les chiffres sont éloquents : durant le premier semestre 2025, la Chine a, à elle seule, installé plus de capacités renouvelables que le reste du monde réuni, provoquant une baisse de 2 % de sa production fossile malgré une demande interne en forte hausse.
L’Inde n’est pas en reste. Profitant d’un léger ralentissement de sa demande électrique, le pays a massivement investi dans le solaire et l’éolien, réduisant son recours au charbon de 3,1 % et au gaz de 34 %. Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, si la Chine reste le leader incontesté, « l’Inde s’impose comme le second marché mondial ». Cette dynamique se propage à d’autres pays émergents, comme le Pakistan ou le Nigeria, qui importent massivement des panneaux solaires et transforment à grande vitesse leur paysage énergétique.
À l'ouest, un contraste saisissant
Pendant que l’Asie accélérait, les puissances occidentales, elles, semblaient faire un pas en arrière. Aux États-Unis, le tableau est sans appel : la demande d’électricité a grimpé plus vite que la production verte, entraînant un rebond spectaculaire de 17 % de la production à base de charbon. Un retour en arrière largement imputé au démantèlement des politiques de soutien aux énergies propres sous l’administration Trump, qui a divisé par deux les prévisions de déploiement d’ici 2030.
De l’autre côté de l’Atlantique, en Europe, ce n’est pas la politique qui est en cause, mais la météo. Un hiver et un printemps peu venteux, couplés à une sécheresse affectant les barrages hydroélectriques, ont mis le système sous tension. Le solaire, bien qu’en progression, n’a pas suffi à compenser. Résultat : une hausse de 14 % de la production au gaz et de 1,1 % pour le charbon. Une piqûre de rappel sur la dépendance du continent aux énergies fossiles comme solution de secours.
Les défis d'un déploiement à deux vitesses
Le déploiement massif des renouvelables, aussi prometteur soit-il, ne se fait pas sans heurts ni inégalités. Les pays de la « sun belt » (Afrique, Asie du Sud, Amérique latine) disposent d’un avantage considérable, pouvant produire de l’électricité solaire à des coûts dérisoires. L’économiste Adair Turner estime que ces régions peuvent littéralement court-circuiter des décennies de développement énergétique en combinant solaire et batteries.
Mais cette ruée vers le soleil a aussi son revers. En Afghanistan, l’installation anarchique de pompes à eau solaires pour l’irrigation provoque un épuisement dramatique des nappes phréatiques, menaçant l’approvisionnement en eau de certaines régions d’ici cinq à dix ans. De plus, d’autres obstacles persistent : le coût de l’éolien baisse bien moins vite que celui du solaire, et les taux d’intérêt élevés freinent les grands projets. Le talon d’Achille reste le stockage : les batteries actuelles peinent à pallier plusieurs semaines de faible vent ou de ciel couvert, rendant indispensable le maintien de centrales thermiques en réserve.
un tournant, pas une ligne d'arrivée
L’année 2025 restera sans doute dans les annales comme celle où le charbon a commencé à perdre sa couronne. C’est la preuve tangible que la transition énergétique n’est plus une utopie, mais une réalité économique et industrielle en marche. Pourtant, ce basculement met aussi en lumière les profondes fractures qui traversent notre monde : entre un Sud qui innove à marche forcée et un Occident qui peine à se défaire de ses vieilles habitudes.
La transition est bien là, mais son chemin est encore long, semé d’embûches technologiques et d’inégalités criantes. Un premier pas décisif a été franchi, mais la course est loin d’être gagnée.
Selon la source : science-et-vie.com