Incroyable découverte : les statues de l’île de Pâques ne furent pas traînées… mais elles « marchaient » toutes seules !
Auteur: Adam David
Le mystère semblait aussi lourd que leurs tonnes de pierre. Comment les anciens habitants de l’île de Pâques ont-ils bien pu déplacer ces colosses de plusieurs mètres de haut ? Une nouvelle étude, s’appuyant sur une expérimentation grandeur nature, vient balayer les vieilles théories : les moaïs n’auraient pas été roulés ou traînés, mais bien déplacés debout, dans une sorte de marche oscillante.
Un débat vieux d'un siècle
Depuis des décennies, cette question hante les archéologues et nourrit les fantasmes, des plus scientifiques aux plus farfelus – certains allant jusqu’à évoquer une aide extraterrestre. La théorie la plus répandue, celle des rondins de bois, a longtemps tenu la corde. L’idée était simple : les statues auraient été couchées puis poussées sur des troncs. Simple, mais problématique. Cette méthode aurait nécessité une déforestation massive, une ressource précieuse et limitée sur cette petite île isolée du Pacifique.
La théorie de la « marche » prend corps
C’est là qu’intervient une hypothèse plus audacieuse : et si les statues avaient été déplacées verticalement ? L’idée d’une « marche » en zigzag, guidée par des cordes, a déjà été évoquée, mais se heurtait au scepticisme. Comment de simples cordes auraient-elles pu manœuvrer de telles masses sur un terrain accidenté ? Une équipe de l’Université de Binghamton, à New York, a décidé de passer de la théorie à la pratique pour en avoir le cœur net.
« On a inventé toutes sortes d’histoires, plus ou moins plausibles, mais l’on n’avait jamais évalué les preuves permettant de comprendre scientifiquement le passé », explique Carl P. Lipo, anthropologue et auteur principal de l’étude. Son équipe a voulu confronter les modèles physiques à la réalité du terrain.
L'épreuve du réel : faire marcher une réplique de 4 tonnes
Les chercheurs ont d’abord analysé la morphologie d’un millier de statues. Leur constat est frappant : la plupart possèdent une base large en forme de D et une inclinaison naturelle vers l’avant. Une conception qui semble taillée sur mesure pour un mouvement de balancier. Pour le prouver, ils ont construit une réplique en béton de 4,35 tonnes et ont tenté l’expérience.
Le résultat est assez bluffant. Avec seulement dix-huit personnes tirant sur des cordes de chaque côté, la statue s’est mise à « marcher » dans un déhanchement contrôlé. Elle a parcouru 100 mètres en à peine quarante minutes. « Une fois la statue en mouvement, l’effort devient minime », assure Lipo. Le plus dur est de lancer le premier balancement.
Une physique qui s'affine avec la taille
Fait encore plus surprenant, la modélisation physique montre que ce procédé devient plus stable et efficace à mesure que la taille de la statue augmente. En d’autres termes, plus un moaï est grand et lourd, plus il est « facile » de le faire marcher de cette façon. « Tous les attributs observés (…) deviennent de plus en plus cohérents à mesure que leur taille augmente, car il s’agit vraisemblablement du seul moyen de les transporter », précise le chercheur. Cette physique contre-intuitive expliquerait comment les plus grands géants ont pu être érigés.
Des routes taillées pour des géants
L’analyse du paysage de l’île de Pâques vient renforcer cette théorie. Les archéologues ont identifié de nombreuses routes anciennes, souvent parallèles les unes aux autres, qui partent de la carrière de Rano Raraku. Cela suggère que les Rapanuis construisaient peut-être une nouvelle voie pour chaque transport. Ces chemins, larges d’environ 4,5 mètres, présentent une forme légèrement concave. Un détail qui n’en est peut-être pas un : ce creux aurait pu servir de rail de guidage naturel, aidant à stabiliser les statues pendant leur lente procession.
quand la science rejoint la tradition orale
Cette théorie de la marche est aujourd’hui la plus solide pour expliquer le déplacement des moaïs. Plus fascinant encore, elle fait écho aux traditions orales rapanuies, qui ont toujours raconté que les statues « marchaient » elles-mêmes jusqu’à leur ahu, leur plateforme cérémonielle. Loin d’être une simple légende, ce récit portait peut-être en lui la mémoire d’une ingénierie extraordinaire. Une belle leçon d’humilité, qui nous rappelle que les anciens Rapanuis avaient trouvé des solutions remarquables avec les ressources dont ils disposaient.
Selon la source : trustmyscience.com