Hib : la maladie mortelle que vous avez « heureusement » oubliée grâce aux vaccins
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une journée comme une autre pour célébrer les vaccins. Grâce à eux, on a éradiqué la variole, mis fin aux ‘pestes d’été’ de la polio et on est en train de vaincre le cancer du col de l’utérus. Mais il y a une maladie dont on ne parle presque plus, et c’est justement la preuve d’une victoire éclatante. Avant les années 1980, le ‘Hib’ était l’une des principales causes d’infections infantiles graves. Aujourd’hui, grâce à un vaccin, ce nom n’évoque plus rien pour la plupart des gens. Et c’est une excellente nouvelle.
Qu'est-ce que le Hib ? L'imposteur qui se cachait derrière la grippe
Le Hib, de son nom complet Haemophilus influenzae type B, est une bactérie. Lorsqu’elle a été décrite pour la première fois en 1892 par Richard Pfeiffer, on a cru qu’elle était la cause de la grippe (‘influenza’ en anglais), car on la trouvait chez les malades. C’était une bonne piste, mais une fausse piste : on sait aujourd’hui que la grippe est causée par un virus. En réalité, cette bactérie est un ‘opportuniste’. Elle peut vivre tranquillement dans le nez de 0,5 à 3% des enfants en bonne santé, sans causer de problème. Mais quand elle décide d’attaquer, elle peut devenir extrêmement dangereuse.
Une maladie qui s'attaquait aux plus petits
La cible quasi exclusive du Hib était les enfants. Avant la vaccination, jusqu’à 60% des infections invasives graves survenaient avant l’âge de 12 mois, avec un pic de vulnérabilité pour les bébés âgés de 6 à 11 mois. Pourquoi cet âge précis ? Parce que les nourrissons plus jeunes bénéficient encore d’une protection temporaire grâce aux anticorps transmis par leur mère via le placenta et le lait maternel. Une fois cette protection naturelle disparue, ils devenaient des cibles faciles pour la bactérie.
Les conséquences terrifiantes : méningite, épiglottite et mort
Quand le Hib attaquait, les conséquences étaient souvent terribles. C’était la cause la plus fréquente de méningite bactérienne chez les enfants. Les symptômes étaient une forte fièvre, des maux de tête, une raideur de la nuque, et cela pouvait rapidement évoluer vers des convulsions et le coma. Même avec un traitement, le taux de mortalité pouvait atteindre 40% dans les régions sans accès rapide aux soins. Et pour les survivants, les séquelles à vie étaient fréquentes : perte de la vue, de l’ouïe… Le Hib pouvait aussi causer d’autres maladies mortelles comme l’épiglottite (un gonflement de la gorge qui empêche de respirer) ou la septicémie. Au Royaume-Uni, avant le vaccin, on comptait chaque année environ 1 500 cas de maladie à Hib, menant à 900 méningites et 60 décès.
L'arrivée du vaccin : la révolution des années 80
La fin de ce cauchemar a commencé en 1985, avec l’introduction du premier vaccin contre le Hib aux États-Unis, suivi d’une version améliorée en 1987. Le principe est simple : c’est un vaccin ‘inactivé’, ce qui signifie qu’il ne contient qu’un petit morceau de la bactérie, incapable de provoquer la maladie, mais suffisant pour apprendre au système immunitaire à la reconnaître et à la combattre. Aujourd’hui, ce vaccin fait partie du calendrier vaccinal de base de nombreux pays. Au Royaume-Uni, par exemple, il est inclus dans un vaccin ‘six en un’ qui protège aussi contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la polio et l’hépatite B.
Une victoire encore incomplète face aux inégalités mondiales
Malheureusement, cette victoire n’est pas encore totale. L’accès au vaccin reste très inégal dans le monde. Selon les chiffres de l’OMS, il y aurait encore 3 millions de cas graves de maladie à Hib chaque année sur la planète. Si la couverture vaccinale mondiale est estimée à 78%, il existe d’énormes disparités. Dans la région du Pacifique occidental de l’OMS, par exemple, seuls 34% des enfants sont vaccinés. Des millions d’enfants restent donc sans protection face à ce tueur silencieux.
Conclusion : une piqûre de rappel face à l'oubli et aux nouvelles menaces
L’histoire du Hib est un exemple parfait de la puissance de la vaccination. C’est une maladie qui terrorisait les parents et qui a été quasiment éradiquée des pays riches en quelques années. Mais cette histoire est aussi une piqûre de rappel. Elle nous rappelle que cette victoire est fragile, menacée par les inégalités d’accès aux vaccins. Et une nouvelle menace se profile : l’apparition de souches de la bactérie résistantes aux antibiotiques. Cela rend la vaccination, notre meilleure arme de prévention, encore plus indispensable pour l’avenir. Ne pas vacciner, c’est prendre le risque de voir revenir les fantômes du passé.
Selon la source : iflscience.com