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Ce pesticide banni depuis 30 ans qui retarde le désir d’enfant aux Antilles
Crédit: freepik

L’ombre tenace d’un poison sur la fertilité

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C’est un fantôme du passé qui hante encore les terres et les corps. Interdit depuis plus de trente ans, le chlordécone, ce pesticide autrefois massivement utilisé dans les bananeraies antillaises, révèle une nouvelle facette de sa toxicité. Une étude française menée en Guadeloupe établit pour la première fois un lien direct entre l’exposition à cette molécule et un allongement du temps nécessaire aux femmes pour tomber enceintes.

Un héritage toxique enfoui dans le sol antillais

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Entre 1973 et 1993, le chlordécone était la solution miracle contre le charançon du bananier. Vingt ans d’épandage qui ont laissé une cicatrice chimique profonde. Car le problème, c’est que la molécule est d’une persistance redoutable. Trente ans après son interdiction, elle est toujours là, piégée dans les sols, contaminant l’eau, les cultures et, in fine, les habitants. Une pollution invisible et durable dont on mesure encore mal toutes les conséquences.

Un perturbateur connu, mais des zones d’ombre sur la reproduction

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Les méfaits du chlordécone ne sont pas une découverte. Les scientifiques ont déjà largement documenté son rôle de perturbateur endocrinien, ses effets neurotoxiques et son lien probable avec une augmentation du risque de cancer de la prostate. Pourtant, une question cruciale restait en suspens : quel est son impact précis sur la fertilité humaine, et plus particulièrement sur celle des femmes ? C’est cette zone d’ombre que des chercheurs ont décidé d’éclairer.

L’étude guadeloupéenne qui apporte des réponses

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Pour y voir plus clair, une équipe de scientifiques s’est plongée dans les données de la cohorte mère-enfant Timoun, un suivi de grande ampleur mené en Guadeloupe entre 2004 et 2007. L’approche était simple mais rigoureuse : comparer les concentrations de chlordécone dans le sang des participantes avec le temps qu’il leur avait fallu pour démarrer une grossesse. Les résultats, publiés dans la revue scientifique Environmental Health, sont venus confirmer les craintes.

Le verdict des chiffres : un projet de bébé retardé

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Le constat est frappant. Chez les femmes présentant des taux sanguins modérés à élevés de chlordécone, les chances de concevoir au cours d’un cycle menstruel chutent de près d’un quart par rapport à celles qui sont peu exposées. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour un couple ? Un délai supplémentaire, estimé entre un mois et un mois et demi, pour voir leur projet de famille se concrétiser. Une attente qui, pour beaucoup, peut être source d’angoisse.

Conclusion : un impact « modeste » mais une alerte sanitaire majeure

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À l’échelle d’une vie, un mois peut sembler peu. Mais comme le souligne Charline Warembourg de l’Inserm, l’une des chercheuses de l’étude, cet effet est statistiquement très significatif. Il vient ajouter une preuve de plus au dossier à charge contre le chlordécone. Cette découverte renforce surtout l’urgence de gérer cette crise sanitaire et environnementale qui, des décennies après, continue de peser sur l’avenir et les choix les plus intimes des familles antillaises.

Selon la source : passeportsante.net

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