Ce que les anciens océans nous apprennent sur les dangers de la fonte des glaces aujourd’hui
Auteur: Mathieu Gagnon
Repenser l'âge de glace et le niveau des mers
Imaginez des océans qui, par moments, étaient 20 mètres plus hauts qu’aujourd’hui. C’est difficile à concevoir, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est ce que révèle cette nouvelle recherche menée par Peter U. Clark de l’Université d’État de l’Oregon. Son équipe a reconstitué l’histoire du niveau moyen des mers sur 4,5 millions d’années. Leur conclusion est sans appel : les grandes calottes glaciaires n’ont cessé de croître et de fondre durant tout le Pléistocène. Ces énormes variations du niveau des mers n’étaient donc pas une exception, mais bien la norme.
Pour le dire simplement, c’est un changement de paradigme. On sous-estimait à quel point les glaces de la Terre étaient dynamiques. On pensait que les grands changements étaient arrivés sur le tard, mais en fait, non. Le yoyo climatique, c’est une vieille histoire.
Les secrets cachés dans de minuscules coquillages
Leur secret, c’est que l’oxygène de leur coquille nous renseigne à la fois sur la température de l’eau et sur la quantité d’eau gelée sur les continents. La grande astuce de l’équipe a été de réussir à séparer ces deux signaux. En isolant l’effet de la température, ils ont pu traduire le signal de l’oxygène en une mesure directe du niveau de la mer, sans les vieilles suppositions qui faussaient un peu les calculs avant.
Le climat a changé de rythme, pas seulement d'ampleur
Un des coupables probables ? L’inclinaison de l’axe de la Terre, une sorte de lente oscillation qui modifie la répartition du soleil sur la planète. Il semblerait que des changements dans l’océan Austral aient aussi amplifié les variations de CO2, ce qui a pu donner le coup de pouce final pour changer de rythme.
Une chronologie qui donne le vertige
L’étude a même identifié un seuil critique. Quand le niveau de la mer descendait d’environ 79 mètres, les calottes glaciaires devenaient très instables et la moindre petite variation de l’orbite terrestre pouvait déclencher une fonte massive.
Pourquoi cette vieille histoire nous concerne directement
Le fait que les calottes glaciaires aient pu se former et fondre si souvent et si vite par le passé nous donne un contexte précieux. Cela nous aide à mesurer à quel point la vitesse actuelle de la montée des eaux, accélérée par le réchauffement humain, est anormale. Même si les causes d’aujourd’hui sont différentes, la réactivité de la planète, elle, reste la même. C’est une sorte d’avertissement gravé dans la pierre… ou plutôt dans les sédiments marins.
Conclusion : L'océan a une mémoire, et il nous parle
Bien sûr, il reste du travail. Les scientifiques veulent maintenant trouver des carottes de glace encore plus anciennes pour vérifier le lien avec le CO2. Mais le message principal est déjà là : les côtes de notre planète ont toujours été en mouvement. Comprendre cette histoire passée n’est pas un simple exercice académique. C’est essentiel pour mieux anticiper ce qui nous attend.
Selon la source : earth.com