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Le Groenland n’a pas toujours été de glace : les secrets d’une grotte cachée
Crédit: freepik

Un voyage dans le temps sous la glace

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On a du mal à l’imaginer, n’est-ce pas ? Le Groenland, cette immense étendue blanche et glacée, était autrefois une terre verte et humide, parcourue par des cours d’eau. C’est une image qui semble sortir d’un roman. Et pourtant, sous des kilomètres de glace, une grotte vient de nous livrer des preuves de ce passé lointain et bien plus doux. Des scientifiques de l’Université d’Innsbruck ont découvert des indices qui, franchement, bousculent un peu tout ce qu’on pensait savoir sur le passé de l’Arctique. C’est comme si la Terre nous avait laissé un journal intime, caché pendant des millions d’années.

Le Groenland était autrefois une terre étonnamment chaude

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Cette fameuse grotte, baptisée Cove Cave, se trouve sur la côte nord du Groenland. Un endroit sauvage, accessible seulement après un long périple. À l’intérieur, les chercheurs ont trouvé des dépôts de calcite, formés par de l’eau qui s’écoulait goutte à goutte. Or, la calcite ne peut pas se former dans un sol gelé en permanence. C’est la preuve irréfutable que le sol de l’Arctique a déjà dégelé en profondeur, suffisamment pour que l’eau circule librement sous terre.

Les analyses sont formelles : ces formations datent d’il y a entre 9,5 et 5,3 millions d’années. À cette époque, les températures de l’air étaient au moins 13°C plus élevées qu’aujourd’hui. Même l’océan était plus chaud de quelques degrés. Le Groenland, que l’on connaît aujourd’hui comme un désert de glace, était donc une terre vivante, pleine d’humidité et de chaleur.

Des hauts et des bas climatiques

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Mais attention, l’histoire de cette grotte n’est pas celle d’un été sans fin. Les couches de minéraux montrent une alternance de périodes chaudes et de périodes froides. Quand le permafrost revenait, le flot d’eau s’arrêtait. On a même retrouvé des débris laissés par des glaciers il y a environ 6 millions d’années, signe que la glace avançait de temps en temps. C’est vraiment comme lire un livre d’histoire : chaque couche minérale est une page qui raconte le passage du gel au dégel.

Ces changements ne sortaient pas de nulle part. Ils correspondaient parfaitement aux variations de température des océans. Quand l’océan se refroidissait, le sol gelait. Quand il se réchauffait, la grotte reprenait vie. Tout était lié, déjà à l’époque. Cela nous montre à quel point le climat de cette région est sensible et réagit vite.

L’influence du soleil et de la végétation

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Alors, qu’est-ce qui provoquait ces grands changements ? Principalement, la danse de notre planète. L’inclinaison de la Terre et son orbite autour du Soleil varient sur de très longues périodes. Parfois, les pôles reçoivent plus de lumière, ce qui réchauffe le sol et fait fondre le permafrost. D’autres fois, c’est l’inverse.

Mais il y avait un autre acteur dans cette pièce : la végétation. Quand l’Arctique était couvert de forêts denses, le sol, plus sombre, absorbait plus de chaleur. Puis, quand les forêts ont laissé place à des arbustes et à la toundra, le sol, plus clair, a réfléchi la lumière du soleil et s’est refroidi plus vite. Un véritable jeu de dominos. Plus de chaleur entraînait plus d’évaporation et de nuages, ce qui piégeait l’humidité. Plus de froid rendait la surface plus blanche et réfléchissante, favorisant la formation de glace. Un équilibre fragile, en somme.

Ce que la chimie des roches nous apprend

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Même la composition chimique des minéraux de la grotte a des choses à dire. Les scientifiques ont remarqué des pics soudains de silicates juste après chaque période de froid. D’où venaient-ils ? Probablement de l’érosion causée par les glaciers. Quand la glace fondait, l’eau de fonte transportait ces particules dans la grotte. Chaque trace chimique est donc une signature du moment où la glace se retirait pour laisser place à nouveau à la terre.

Ces découvertes confirment ce que les modèles informatiques suggéraient : au cours de cette période, les glaciers du nord du Groenland avançaient et reculaient très rapidement, au rythme des changements de l’orbite terrestre. La glace n’était jamais vraiment installée pour de bon.

Les leçons pour notre époque un peu troublée

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Et c’est là que ça devient un peu troublant. Les conditions qui ont fait fondre le Groenland il y a des millions d’années ne sont finalement pas si éloignées des nôtres. À l’époque, le permafrost a disparu quand le niveau de dioxyde de carbone (CO2) a dépassé 310 parties par million (ppm). Aujourd’hui, nous avons largement dépassé ce seuil, avec plus de 420 ppm.

Gina Moseley, la directrice de l’étude, le dit elle-même : « L’Arctique n’a jamais été un système stable. » Cette région est incroyablement dynamique et les choses peuvent y changer très, très vite. Cette même sensibilité rend l’Arctique d’aujourd’hui extrêmement vulnérable. Si les températures augmentent encore de quelques degrés, on pourrait assister à un dégel massif qui libérerait d’énormes quantités de carbone et de méthane piégées dans le sol gelé. Un scénario qu’on préférerait éviter.

Conclusion : Un avertissement venu du fond des âges

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Le message de cette grotte est donc on ne peut plus clair. Il nous rappelle à quel point le climat de l’Arctique est sensible et que chaque fraction de degré compte. Ce qui s’est passé il y a des millions d’années n’est pas juste une curiosité pour les géologues. C’est un avertissement bien réel.

À l’époque, un climat plus doux a redessiné le paysage du Groenland. Aujourd’hui, il pourrait bien redessiner l’avenir de notre planète entière. Comme le conclut la chercheuse, « chaque petit pas que nous faisons pour limiter le réchauffement aide à éviter ces impacts ». Ces vieilles couches de calcite, cachées sous la glace, nous rappellent une vérité simple : même les endroits les plus froids de la Terre n’ont pas oublié comment fondre.

Selon la source : earth.com

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