Le mystère des dauphins échoués : une maladie semblable à Alzheimer en cause ?

La cause suspectée de cette confusion cérébrale serait une exposition répétée à des poisons produits par de minuscules organismes appelés cyanobactéries. On les connaît aussi sous le nom d’algues bleues.

On a déjà vu ses effets chez l’homme. Des études sur les habitants de l’île de Guam, qui consommaient des aliments contaminés par cette toxine, ont montré des changements dans leur cerveau très similaires à ceux de la maladie d’Alzheimer : les fameuses plaques amyloïdes et les enchevêtrements de protéines tau. Une fois dans l’eau, ces toxines s’accumulent dans la chaîne alimentaire, et les grands prédateurs comme les dauphins finissent par en avaler de grandes quantités.

Plus choquant encore, ils ont observé les mêmes anomalies que chez les malades d’Alzheimer : des plaques de bêta-amyloïde et des accumulations de protéines tau. Ils ont même trouvé des inclusions d’une autre protéine, la TDP-43, qui est le signe d’une forme particulièrement grave de la maladie chez l’homme. C’est comme si le cerveau de ces dauphins nous racontait une histoire que l’on connaît malheureusement trop bien.

Ce n’est pas tout. Pendant ces périodes de bloom algal, les chercheurs ont constaté que 536 gènes liés à la maladie d’Alzheimer étaient anormalement actifs chez ces dauphins. C’est une preuve très forte que ces algues toxiques dérèglent complètement la biologie de leur cerveau.

C’est un cercle vicieux : plus il fait chaud et plus on pollue, plus il y a d’algues, et donc plus les toxines s’accumulent dans l’environnement marin.

Cette crainte est renforcée par un fait troublant : le comté de Miami-Dade, en Floride, avait le taux de maladie d’Alzheimer le plus élevé des États-Unis en 2024. Le Dr. Davis ajoute que même s’il y a plusieurs causes à la maladie d’Alzheimer, l’exposition aux cyanobactéries semble de plus en plus être un facteur de risque. Comme le dit le Dr Paul Alan Cox, un autre expert, l’exposition à ces toxines semble bien capable de déclencher des maladies neurologiques.

En polluant et en réchauffant la planète, nous ne mettons pas seulement en danger la vie marine ; nous créons peut-être les conditions pour de futures crises de santé publique. L’histoire de ces dauphins désorientés devrait nous faire réfléchir aux conséquences de nos actions sur le monde fragile qui nous entoure.