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Les poissons peuvent-ils vraiment se noyer ? la réponse est plus inquiétante qu’on ne le pense
Crédit: freepik

Un paradoxe mortel sous la surface

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L’idée même qu’un poisson puisse se noyer a quelque chose de contre-intuitif, presque absurde. C’est pourtant une réalité de plus en plus fréquente, qui se joue en silence dans nos océans, nos lacs et nos rivières. Loin d’être un accident de la nature, cette lente asphyxie est le symptôme d’un déséquilibre profond, dont nous sommes bien souvent les principaux responsables.

Respirer sous l’eau, un exploit de tous les instants

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Pour un poisson, respirer est un travail constant. Contrairement à nous, il doit extraire l’oxygène dissous dans l’eau, un gaz bien plus rare que dans l’air. Ses branchies agissent comme un filtre d’une incroyable efficacité : l’eau entre par la bouche, traverse un labyrinthe de filaments vascularisés qui capturent l’oxygène, puis est expulsée. C’est un mécanisme magnifique mais terriblement fragile.

Certaines espèces, comme les requins, doivent nager en permanence pour que ce flux d’eau ne s’interrompe jamais. Piégé dans un filet, un requin ne peut plus forcer l’eau à travers ses branchies et meurt asphyxié. D’autres, comme le combattant du Siam, ont développé un organe annexe pour happer l’air en surface. Mais si on les empêche d’y accéder, ils se noient, tout simplement.

L’eutrophisation, quand les nutriments deviennent poison

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La cause la plus répandue de cette noyade de masse a un nom barbare : l’eutrophisation. Le coupable ? L’excès de nutriments, principalement l’azote et le phosphore, déversés par nos activités. Engrais agricoles, eaux usées, rejets industriels… tout cela finit dans l’eau et agit comme un super-carburant pour les algues.

S’ensuit une prolifération explosive. Ces marées vertes, en surface, ne sont que la partie visible du désastre. En mourant et en se décomposant, ces algues sont dévorées par des bactéries qui, elles, consomment tout l’oxygène disponible. L’eau devient littéralement irrespirable. Pour les poissons, c’est un piège qui se referme, les condamnant à suffoquer dans leur propre milieu.

Un cocktail de menaces modernes

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Mais la pollution chimique n’est pas la seule menace. L’urbanisation galopante réchauffe les cours d’eau, et une eau plus chaude retient moins bien l’oxygène. Le dragage des fonds marins, les filets de pêche abandonnés et même les microplastiques peuvent endommager physiquement les fragiles branchies des poissons, les rendant moins efficaces.

Parfois, le lien est plus indirect. En Afrique, les déjections des hippopotames de la rivière Mara peuvent localement priver l’eau de son oxygène. Le problème n’est pas l’animal, mais la destruction de son habitat qui le force à se concentrer en trop grand nombre dans des zones restreintes. Une fois de plus, l’activité humaine est en filigrane.

Le réchauffement climatique, accélérateur de l’asphyxie

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Le changement climatique vient jeter de l’huile sur le feu. En augmentant la température des océans, il réduit mécaniquement leur capacité à stocker l’oxygène. Les scientifiques de la NOAA et d’autres agences tirent la sonnette d’alarme : des « zones mortes », de plus en plus vastes, apparaissent dans l’Atlantique et le Pacifique.

Dans ces déserts d’oxygène, la vie marine s’éteint ou fuit. Les poissons migrent vers les pôles à la recherche d’eaux plus fraîches et respirables, les coraux blanchissent et les grands prédateurs peinent à trouver l’énergie nécessaire pour chasser. C’est un écosystème entier qui est en train de perdre son souffle.

Conclusion : redonner un souffle à l’océan

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Face à cette asphyxie planétaire, les solutions existent, mais elles demandent une action coordonnée. Réduire drastiquement les rejets de nutriments est une priorité absolue. Cela passe par une révision de nos modèles agricoles et une meilleure gestion de nos déchets.

Restaurer les zones humides, comme les marais ou les mangroves, est tout aussi crucial. Ces milieux agissent comme des poumons aquatiques, filtrant naturellement les polluants et protégeant les écosystèmes. Quelques initiatives locales montrent déjà que l’on peut inverser la tendance. Mais le temps presse. La respiration de millions de créatures sous-marines dépend de notre capacité à réparer ce que nous avons cassé.

Selon la source : science-et-vie.com

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