Il a été l’un des hommes les plus puissants et les plus controversés de l’histoire américaine moderne. Dick Cheney, ancien vice-président de George W. Bush, est décédé le 3 novembre 2025 à l’âge de 84 ans. Sa mort ne marque pas seulement la fin d’une carrière politique de quatre décennies, mais aussi le point culminant de son opposition farouche à Donald Trump. Jusqu’à son dernier souffle, l’architecte de la guerre contre le terrorisme a martelé ce qu’il considérait comme une vérité essentielle.
« C'est un lâche » : les derniers mots qui accusent Trump
La rupture de Dick Cheney avec le parti républicain version Trump n’était pas un secret. Ses mots les plus forts, il les a prononcés dans une publicité de campagne pour sa fille, Liz Cheney, en 2022. Des mots qui résonnent aujourd’hui comme son testament politique : Il a essayé de voler la dernière élection. Il a utilisé les mensonges et la violence pour rester au pouvoir après que les électeurs l’aient rejeté. « Il est un lâche« . Venant d’un homme connu pour sa dureté et son pragmatisme, le mot ‘lâche’ n’a pas été choisi au hasard. C’est une condamnation morale, pensée et calculée.
selon la source : cnbc.com
La réponse de Trump : Un RINO sans importance
Fidèle à lui-même, Donald Trump a répondu par l’insulte et le mépris. Sur sa plateforme Truth Social, il a balayé les critiques : « Dick Cheney est un RINO irrélevant ». « RINO » pour « Republican In Name Only » (Républicain de nom seulement). Pour le chroniqueur, cette réaction est celle de ‘celui qui a peur’, qui attaque le messager car il ne peut combattre le message. C’est là que réside le paradoxe : Cheney, qui a quitté le pouvoir en 2009, il y a 16 ans, est resté une figure d’autorité, une autorité morale relative que Trump n’aura jamais, celle de quelqu’un qui, malgré un passé controversé (guerre en Irak, torture), a fini par choisir le pays avant le parti.
De "Dark Vador" à gardien de la République
Pour comprendre la portée de sa prise de position, il faut se souvenir de qui était Dick Cheney. Vice-président de 2001 à 2009, il a été l’architecte en chef de la Guerre contre le Terrorisme après le 11 septembre. C’est lui qui a pris les commandes ce jour-là, qui a poussé pour l’invasion de l’Irak en 2003 et qui a défendu les « techniques d’interrogatoire renforcées ». Il a transformé la vice-présidence en un centre de pouvoir sans précédent, s’amusant lui-même de sa réputation de « génie maléfique ». Après 2009, il est resté en retrait, défendant son bilan dans ses mémoires de 2011, « In My Time ». Il n’aimait pas Trump dès 2015, mais a tout de même voté pour lui en 2016, par loyauté envers le parti.
Le tournant du 6 janvier et le combat de sa fille, Liz
Le véritable tournant a été l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Sa propre fille, Liz Cheney, est devenue l’une des rares républicaines à voter pour la destitution de Trump. Dick Cheney lui-même a raconté avoir appelé sa fille ce jour-là, inquiet pour sa sécurité. Peu après, en janvier 2021, il a co-signé une lettre ouverte avec neuf autres anciens Secrétaires à la Défense, affirmant que l’élection était légitime et que contester le résultat était une trahison. ‘Nous n’avons pas prêté serment à un individu ou à un parti’, écrivaient-ils. La rupture était consommée.
L'acte final : voter pour Kamala Harris
L’acte politique le plus radical de sa vie est peut-être son dernier. En septembre 2024, Dick Cheney a officiellement annoncé qu’il voterait pour la vice-présidente démocrate Kamala Harris. Pas seulement une abstention, mais un vote actif pour l’opposition. ‘En tant que citoyens, nous avons chacun le devoir de mettre le pays avant le parti pour défendre notre Constitution. C’est pourquoi je vais voter pour la Vice-Présidente Kamala Harris’, a-t-il déclaré. Pour ce pilier du conservatisme américain, c’était le point de non-retour, la preuve ultime que, pour lui, la menace que représentait Trump surpassait toutes les considérations partisanes.
Conclusion : un héritage redéfini par un dernier acte de défi
Dick Cheney est donc décédé le 3 novembre 2025, comme l’a confirmé sa famille le 4 novembre. Il est parti avec la conviction que Donald Trump était une menace existentielle pour la République américaine. Son héritage, longtemps défini par la guerre en Irak et son immense pouvoir, sera peut-être finalement redéfini par ce dernier combat. Celui d’un homme qui, à la fin de sa vie, a choisi de se dresser contre son propre camp pour défendre ce qu’il estimait être l’essentiel : la Constitution et l’intégrité de la démocratie américaine. Son dernier acte politique aura été de refuser de plier.
Selon la source : usatoday.com