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Ce ver qui parasite les huîtres depuis 500 millions d’années nous raconte le futur de nos océans
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une histoire de survie, de l’infiniment petit à l’immensément fragile

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Il y a des histoires qui défient le temps. Celle d’un modeste ver marin, par exemple, qui a trouvé sa niche il y a près d’un demi-milliard d’années et n’en a plus bougé. Et puis il y a celle, bien plus récente et terriblement fragile, de la Grande Barrière de corail, dont la survie se joue aujourd’hui, sous nos yeux. Deux destins océaniques qui, mis en parallèle, nous interrogent sur ce que signifie vraiment le mot ‘résilience’.

Quand nos huîtres racontent une histoire vieille d’un demi-milliard d’années

lanature.ca (image IA)
Sur les côtes françaises, de la Charente-Maritime à la Bretagne, l’huître est bien plus qu’un simple coquillage de fête ; c’est un pilier économique. Mais on le sait, elle est menacée. Réchauffement, acidification des eaux, pollution chimique… ses ennemis sont nombreux. Pourtant, l’un de ses plus vieux adversaires vient de révéler une histoire fascinante. Il s’agit d’un parasite, un ver de la famille des spionidés, qui laisse de curieuses traces dans sa coquille.

Ce qui est stupéfiant, c’est que ce ‘colocataire’ indésirable faisait déjà exactement la même chose bien avant l’apparition des dinosaures. C’est la découverte faite par des chercheurs de Harvard et de l’université de Californie, publiée dans la revue iScience.

Le mystère des points d’interrogation fossilisés

credit : lanature.ca (image IA)
Tout est parti de fossiles exceptionnellement conservés, extraits d’un site au Maroc et vieux de 480 millions d’années. En passant ces coquilles sous des scanners 3D à très haute résolution, les scientifiques ont eu une surprise. À l’intérieur comme à l’extérieur des fossiles, des motifs parfaits, en forme de point d’interrogation, se répétaient inlassablement.

« Il nous a fallu du temps pour percer le mystère de ces traces étranges », raconte Javier Ortega-Hernandez, l’un des biologistes de l’étude. Ces marques, qui semblaient les « narguer », étaient en réalité les galeries creusées par ces fameux vers spionidés. Des vers à corps mou, qui ne laissent normalement aucune trace, mais dont le comportement a, littéralement, été gravé dans la pierre.

Pourquoi ne rien changer est parfois la meilleure stratégie

credit : lanature.ca (image IA)
Ce qui rend cette découverte si spéciale, c’est ce qu’elle nous dit de l’évolution. On a tendance à l’imaginer comme une course perpétuelle au changement, une adaptation constante. Or, ce ver nous montre tout le contraire. « Ce groupe de vers n’a pas modifié son mode de vie depuis près d’un demi-milliard d’années », souligne Karma Nanglu, le paléobiologiste qui a mené les recherches.

En parasitant la coquille sans forcément tuer son hôte, ce ver a mis au point une stratégie si efficace qu’elle lui a permis de traverser les âges et de survivre à plusieurs extinctions de masse. Un exemple de stabilité évolutive presque vertigineux.

De la préhistoire au sursis : le cas de la grande barrière de corail

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Face à ce survivant préhistorique, la Grande Barrière de corail, avec ses 18 millions d’années, fait presque figure de jeunette. Et saura-t-elle, elle aussi, faire preuve d’une telle ténacité face au plus grand bouleversement de son histoire : le changement climatique ? Longtemps, on a pensé qu’une hausse de 1,5°C des températures mondiales signerait son arrêt de mort. Une nouvelle étude vient aujourd’hui nuancer, un peu, ce sombre tableau.

Des chercheurs de l’université du Queensland ont développé un modèle plus complexe, qui prend en compte un facteur clé : tous les coraux ne sont pas égaux face à la chaleur. Certains sont plus tolérants et peuvent transmettre cette capacité à leurs descendants.

Entre espoir et point de non-retour

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Leurs simulations, publiées dans Nature Communications, montrent qu’à +1,5°C, le récif connaîtrait bien un « déclin rapide ». Mais, et c’est là que réside l’espoir, il pourrait ensuite « se rétablir », notamment grâce au déplacement de larves vers des zones refuges moins chaudes. Un sursis, donc. Mais un sursis aux conditions très strictes.

Cette possible régénération ne tient que si le réchauffement ne dépasse pas la barre fatidique des 2°C. Au-delà, c’est la fin de l’histoire. Le problème ? Les politiques actuelles nous placent sur une trajectoire d’environ +2,8°C d’ici 2100. « Si nous persistons sur cette voie, l’avenir des coraux est très sombre », prévient le professeur Peter Mumby, co-auteur de l’étude.

Conclusion : l’océan nous regarde

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Le ver parasite a eu des centaines de millions d’années pour parfaire sa stratégie de survie. La Grande Barrière de corail, elle, n’a que quelques décennies. Son sort ne dépend pas d’une lente adaptation naturelle, mais de décisions humaines, rapides et radicales. Alors que la COP30 se profile, le contraste est saisissant. L’océan nous offre des leçons de résilience, mais il nous renvoie aussi, brutalement, à nos propres responsabilités.

Selon la source : geo.fr

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