Le mystère des trous du Pérou : une ancienne civilisation révèle enfin ses secrets
Auteur: Mathieu Gagnon
Un secret vieux de plusieurs siècles dans les montagnes du Pérou

Imaginez un peu… Dans les montagnes du sud du Pérou, dans la vallée de Pisco, il existe un endroit vraiment étrange. Sur près d’un kilomètre et demi, plus de 5 000 trous ont été creusés dans le sol, tous bien alignés. C’est un spectacle assez impressionnant. Mais la grande question, c’est : à quoi pouvaient-ils bien servir ?
Pendant un siècle, cette énigme a passionné les chercheurs et les curieux. Chacun y allait de sa petite idée, mais personne n’avait de certitude. C’était un vrai mystère, un de ceux qui nous rappellent que le passé a encore bien des choses à nous apprendre.
Une nouvelle théorie qui change tout

Mais voilà qu’une équipe de chercheurs, venus d’un peu partout, de l’Australie à la Floride, pense avoir enfin trouvé la clé du mystère. Et leur théorie est pour le moins originale ! Selon eux, ces trous auraient eu une double vie. D’abord, ils auraient servi de site pour un immense marché, bien avant l’arrivée des Incas.
Puis, plus tard, sous l’empire Inca, le lieu se serait transformé en un fascinant système de comptabilité pour gérer les impôts et les récoltes. C’est ce que nous explique Jacob Bongers, l’archéologue qui a mené cette nouvelle étude. Une idée qui bouscule tout ce qu’on croyait savoir.
À quoi ressemble vraiment ce lieu ?

Pour bien se rendre compte, il faut visualiser le site, qu’on appelle officiellement Monte Sierpe, ce qui veut dire la ‘Montagne du Serpent’, mais que tout le monde surnomme la ‘Bande de Trous’. On parle de près de 5 200 trous, alignés en rangées. Chaque trou fait entre un et deux mètres de large, et peut descendre jusqu’à un mètre de profondeur.
Avant cette nouvelle idée de marché, les hypothèses étaient nombreuses. Certains pensaient à un système de défense, d’autres à des greniers pour stocker la nourriture, à un système pour collecter l’eau, ou même à des sortes de jardins. On a vraiment tout imaginé, sans jamais avoir de preuve solide.
Les indices découverts sur place

Alors, comment les chercheurs en sont-ils arrivés à cette conclusion ? Grâce à la technologie moderne ! Ils ont utilisé des drones pour survoler et cartographier le site avec une précision incroyable. C’est là qu’ils ont remarqué que la disposition des trous suivait des schémas numériques, comme s’ils avaient été placés en suivant un calcul.
Mais ce n’est pas tout. En analysant la terre au fond des trous, ils ont trouvé des traces microscopiques de maïs et de plantes sauvages qui servaient à fabriquer des paniers. Pour les scientifiques, c’est un indice fort : on stockait probablement des marchandises dans ces trous, des denrées qui auraient été échangées sur un marché.
Du grand marché au livre de comptes géant

L’histoire de ce lieu se serait donc déroulée en deux temps. D’abord, une sorte de grand marché en plein air où les habitants de la région, qui étaient près de 100 000 à l’époque, venaient échanger leurs produits : agriculteurs, pêcheurs, marchands… tout le monde s’y retrouvait.
Puis, avec l’arrivée de l’Empire Inca, le site aurait changé de fonction. Les Incas étaient connus pour leur organisation très stricte. La disposition des trous correspond de manière surprenante à un de leurs anciens outils de comptabilité, un système de cordelettes à nœuds. Les trous seraient devenus un immense ‘livre de comptes’ à ciel ouvert pour l’empire.
Quand la technologie moderne éclaire le passé

Cette découverte n’aurait jamais été possible sans les drones. Le terrain est très difficile d’accès, et cartographier un tel site à pied aurait été une tâche colossale et bien moins précise. Comme le dit Charles Stanish, un autre chercheur de l’équipe, dès qu’ils ont eu les images précises vues du ciel, ils ont compris que ce site était d’une importance capitale.
L’emplacement lui-même n’est pas anodin. Il se trouve juste entre deux grands centres administratifs incas et près d’un carrefour de routes anciennes. C’était donc un point de rencontre idéal entre les peuples de la côte et ceux des hauts plateaux. Tout concorde.
Bien plus que de simples trous

Finalement, ces milliers de trous ne sont pas juste des creux dans la terre. Ils racontent une histoire fascinante sur la manière dont les anciennes sociétés andines s’organisaient. C’est ce que Jacob Bongers appelle une ‘technologie sociale’ : un moyen ingénieux de modifier le paysage pour rassembler les gens et favoriser les échanges.
Cette découverte est extraordinaire car elle nous montre à quel point les pratiques de comptabilité et de commerce de ces peuples étaient diverses et complexes. Un mystère de moins pour les archéologues, et une nouvelle page de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux.