Les épaulards de la côte ouest sont séparés en deux clans distincts et ne se mélangent jamais
Auteur: Mathieu Gagnon
Le grand secret des épaulards de la côte ouest

Il semblerait que les épaulards transients – ceux qui mangent des mammifères marins, par opposition à ceux qui se nourrissent de poissons – soient en fait divisés en deux groupes distincts : ceux de la côte intérieure et ceux de la côte extérieure. Et le plus fou dans cette histoire, c’est qu’ils ne font que très peu de cas les uns des autres. Ils mènent carrément des vies différentes, des menus au voisinage.
Différents quartiers, vies différentes pour les orques

Ces « locaux » chassent en petites équipes, souvent autour de cinq individus. Leurs proies sont plus modestes : des phoques communs, des marsouins, et d’autres petits mammifères marins qui vivent dans le coin. Ils vivent à environ quatre milles du rivage, il me semble, ils sont vraiment des côtiers.
Les ‘citadins’ et les chasseurs du large

Leur garde-manger est, disons, plus substantiel. Ils s’attaquent aux phoques éléphants du Nord, aux otaries de Californie, aux dauphins à flancs blancs du Pacifique, et même aux baleineaux gris. Ces géants ont été repérés jusqu’à 75 miles (environ 120 km) des côtes! Le co-auteur de l’étude, le Dr Andrew Trites, les compare bien : les épaulards de l’intérieur sont comme des citadins experts en navigation, tandis que ceux de l’extérieur sont des habitants de l’arrière-pays, vivant dans des terrains sous-marins accidentés. Une image qui parle beaucoup, n’est-ce pas?
L’analyse du réseau social : la preuve de la ségrégation

Le résultat est clair : les épaulards ne se mélangent pas au hasard. Ils restent entre eux, fidèles à leur communauté et à leur territoire. Pourtant, leurs zones de chasse se chevauchent, de l’Alaska jusqu’à la Californie du Sud! Mais, tenez-vous bien : ils n’ont été observés ensemble que dans moins de 1% des rencontres. C’est presque comme s’ils s’ignoraient royalement.
Josh McInnes, le premier auteur, a dit qu’il pensait à cette possibilité depuis 15 ans. Ce n’est pas rien. Maintenant, les faits sont là : ces deux groupes, séparés est-ouest, mangent différemment, chassent différemment, et s’évitent. Deux populations bien distinctes.
Pourquoi cette étrange division et les comportements bizarres

Ce qui est troublant, ce sont les rares interactions qui ont lieu. Monsieur McInnes, co-fondateur de l’Oceanic Research Alliance, raconte avoir vu des épaulards de la côte extérieure agir bizarrement avec ceux de l’intérieur. Il y a eu un rapport d’observation où des mâles célibataires de l’extérieur claquaient leurs nageoires dorsales et chargeaient les femelles de l’intérieur. Drôle d’accueil, vous ne trouvez pas?
Quoi qu’il en soit, ces chercheurs sont formels : ce n’est pas une seule grande famille heureuse d’épaulards. Il pourrait même y avoir d’autres sous-populations encore plus au large, hors de notre vue. L’océan est si vaste, il y a probablement encore beaucoup de choses qu’on ignore!
Un enjeu crucial pour leur survie

Pour les 350 animaux de la côte intérieure, comme pour les 210 de la côte extérieure, il faudra des plans sur mesure. Des plans qui tiennent compte de leurs besoins spécifiques et des menaces uniques qu’ils subissent dans leur environnement respectif. Ce travail nous rappelle, humblement, à quel point il nous reste à apprendre sur la faune qui nous entoure. Mieux comprendre les détails de la vie de ces épaulards, c’est mettre toutes les chances de notre côté pour assurer leur sécurité et celle de l’écosystème marin pour les générations futures.