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Le mystère du duc Béla de Mascó enfin résolu: l’ADN raconte un assassinat vieux de 750 ans
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le secret sous le monastère de Budapest

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Imaginez un instant : des chercheurs plongent dans l’histoire, non pas avec de vieux parchemins, mais grâce à l’ADN, et confirment une hypothèse émise il y a plus d’un siècle. C’est exactement ce qui s’est passé avec le duc Béla de Mascó. Ce noble, dont les derniers instants en novembre 1272 furent d’une violence inouïe, a finalement trouvé la paix… du moins, son histoire a trouvé sa conclusion.

Son assassinat, perpétré par trois hommes armés d’épées, était resté une énigme archéologique pendant près de cent ans. Les restes squelettiques, découverts sous le plancher d’un monastère du XIIIe siècle, sur l’île Marguerite à Budapest, avaient rapidement fait l’objet de spéculations. Mais, enfin, une équipe de chercheurs dirigée par des Hongrois a mis fin au doute. C’est une sacrée histoire, n’est-ce pas?

Une découverte vieille d’un siècle

Dès 1915, lorsque ces ossements ont été exhumés, on pensait bien qu’ils appartenaient à ce fameux duc Béla. Il faut dire que l’homme n’était pas n’importe qui : il était le petit-fils de Roi Béla IV de Hongrie (de la Maison d’Árpád) et fils du duc Rostislav (de la dynastie des Rurik). Autant dire un personnage d’importance.

Mais, entre spéculation et confirmation scientifique, il y a un monde. Il a fallu attendre une publication récente cette année dans la revue *Forensic Science International: Genetics* pour que l’équipe internationale, menée notamment par des chercheurs de l’Université Eötvös Loránd, puisse affirmer détenir la preuve formelle. Ils ont mis en place ce qu’ils appellent une « approche complexe » pour identifier l’individu, mais surtout pour reconstituer les circonstances terribles de son décès.

Un régime princier révélé par les dents

credit : lanature.ca (image IA)
La science moderne est parfois surprenante dans les détails qu’elle parvient à dénicher. Pour commencer, les chercheurs ont utilisé la datation au radiocarbone. Ils ont dû faire un petit ajustement technique, qu’ils appellent « l’effet réservoir », lié au fait que le duc mangeait, visiblement, beaucoup trop de protéines. Cela a confirmé que l’enterrement datait bien du milieu du XIIIe siècle. Ça, c’était la première étape.

Puis, ils ont analysé les caractéristiques du squelette (homme adulte d’une vingtaine d’années) et surtout… le tartre sur ses dents! C’est fascinant! Cette analyse a révélé un régime de haut statut. Le duc se nourrissait principalement de protéines animales (beaucoup, beaucoup de poisson apparemment) ainsi que de céréales comme le blé et l’orge. Tout cela, bien sûr, moulu, cuisiné et cuit. Ça correspond parfaitement à un membre de la royauté de l’époque, vous ne trouvez pas?

L’ADN, la clé généalogique

credit : lanature.ca (image IA)
Passons maintenant à la preuve irréfutable : l’ADN ancien. L’analyse génétique a d’abord confirmé la descendance du roi Béla III et une affiliation au chromosome Y de la lignée Rurikid. C’est le Graal pour les historiens. L’équipe a été très claire : les données génétiques prouvent sans ambiguïté que ces restes sont bien ceux de Béla, duc de Mascó, quatrième descendant de Béla III.

Son profil génétique est un véritable kaléidoscope historique. Presque la moitié de son bagage génétique était composée de composantes scandinaves ou d’Europe de l’Est/Méditerranée, plus une petite part d’Europe centrale du début du Moyen Âge. Tout cela concorde parfaitement avec une origine Rurik. Quand on ajoute ces informations génétiques aux archives historiques qui mentionnaient que le duc fut assassiné en novembre 1272 par Ben Henrik de la famille Héder (et ses acolytes), puis enterré par sa sœur et sa nièce au monastère… l’identification était complète. Plus de mystère!

La violence de l’assassinat reconstituée

credit : lanature.ca (image IA)
Ce qui rend cette découverte si poignante, c’est la reconstitution détaillée de l’attaque. C’est terrible, n’est-ce pas? Les restes présentaient 23 blessures par épée, dont des coups fatals au crâne. Ces blessures ont permis d’écarter l’idée d’un duel honorable. Non, le duc a été encerclé. Les coups ont continué de pleuvoir même après qu’il soit tombé au sol. Une violence inouïe.

L’examen médico-légal a montré 26 blessures survenues au moment de la mort, ce qui « suggère un assassinat coordonné et prémédité impliquant au moins trois assaillants ». Neuf blessures sur le crâne, 17 sur le corps. Les chercheurs pensent qu’un attaquant a approché Béla de face tandis que les deux autres frappaient simultanément des côtés gauche et droit. Le duc a tenté de se défendre – on le voit aux blessures défensives – mais il ne portait malheureusement pas d’armure. Les agresseurs utilisaient deux types d’armes : probablement un sabre et une épée longue. La brutalité et le nombre de coups portés au visage et à la tête révèlent même une « forte implication émotionnelle » de la part des tueurs.

Quand la science fait parler l’histoire

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Pendant un siècle, cette dépouille est restée une interrogation, un point d’interrogation dans les annales de l’histoire hongroise. Aujourd’hui, grâce à l’intégration de méthodes archéologiques, génétiques et historiques, non seulement nous avons une identification certaine – la première identification génétique d’un membre de la royauté médiévale, ce n’est pas rien! – mais nous avons aussi une image incroyablement riche des derniers instants de sa vie. Le silence de 750 ans est enfin brisé.

Cette étude est un formidable exemple de la puissance des méthodes multidisciplinaires pour confirmer des hypothèses historiques et reconstituer des événements violents du passé avec une précision étonnante. On peut dire que ce mystère vieux de 100 ans est désormais classé.

Selon la source : popularmechanics.com

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