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Un mystère de plus de 100 ans résolu : l’énigme du « point froid » de l’Atlantique est liée au ralentissement d’un courant majeur
Crédit: lanature.ca (image IA)

L’étonnante résistance du froid face au réchauffement

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Ah, l’océan Atlantique! On parle souvent de réchauffement climatique, et c’est vrai, les températures de surface augmentent inexorablement. Pourtant, il y a un coin, juste au sud du Groenland, qui fait de la résistance. Il est resté froid, anormalement froid, et ce, depuis plus d’un siècle. C’est un peu l’anomalie de la nature, n’est-ce pas? Une véritable énigme scientifique qui, heureusement, vient d’être éclaircie.

Une nouvelle recherche menée par l’Université de Californie, à Riverside, semble avoir enfin identifié la cause profonde de ce phénomène que les scientifiques appellent le « point froid » (ou l’anomalie du Sud-Groenland). La réponse se trouve dans un ralentissement progressif d’un immense système de circulation océanique, le célèbre AMOC.

Le mystère centenaire du « point froid »

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Pendant plus d’un siècle, cette poche d’eau froide persistante a vraiment fait débat. Alors que l’Atlantique dans son ensemble se réchauffe, cette zone, elle, ne suit pas le mouvement. Pourquoi cet endroit précis se comporte-t-il différemment? C’est la question que les chercheurs, notamment Wei Liu et Kai-Yuan Li, se sont posée. Ils ont découvert que seulement un facteur unique pouvait expliquer à la fois les schémas de température et les niveaux de sel observés dans cette région.

Et ce facteur, c’est donc un déclin à long terme du système fondamental qui régule le climat de tout l’Atlantique, et par ricochet, le nôtre. On soupçonnait quelque chose, bien sûr, mais cette étude apporte une confirmation solide, basée sur des preuves qui remontent loin dans le temps. C’est une nouvelle qui fait réfléchir, vous ne trouvez pas?

L’AMOC : le tapis roulant de l’Atlantique

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Le responsable de cette situation, l’Atlantic Meridional Overturning Circulation, ou AMOC, a un nom bien compliqué. Mais son rôle est, finalement, assez simple à comprendre. Imaginez un immense tapis roulant sous-marin. Ce système agit comme un régulateur thermique pour le globe.

Il transporte l’eau chaude et salée depuis les tropiques vers le nord. Une fois là-haut, près du Groenland, l’eau se refroidit, devient plus dense et plonge vers les fonds marins pour repartir vers le sud. Quand l’AMOC ralentit, comme c’est le cas, moins d’eau chaude arrive en haut. C’est purement mécanique : moins de chaleur transportée signifie, fatalement, plus de froid là où cette chaleur devrait normalement se déposer. C’est logique, en fin de compte.

Le rôle essentiel du sel et de la chaleur

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Une réduction du flux, c’est-à-dire un ralentissement du tapis roulant de l’AMOC, entraîne donc deux conséquences très visibles près du Groenland : les eaux de surface deviennent plus froides, oui, mais aussi moins salées (plus « fraîches », dit-on en science). Pourquoi le sel?

Simplement parce que l’eau qui vient des tropiques est très salée. Si moins de cette eau salée atteint la région subpolaire, le taux de salinité baisse. C’est cette double signature – froid et moins de sel – qui permet aux chercheurs d’évaluer la force de l’AMOC, même sans mesures directes. Ils ont en effet découvert que le ralentissement de l’AMOC est étroitement lié à cette diminution de la salinité. C’est une preuve secondaire, mais très, très claire.

Retour sur un siècle de données : la preuve irréfutable

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Imaginez : on n’a que deux petites décennies de mesures directes de l’AMOC. Vingt ans, ce n’est rien à l’échelle de l’océan et du climat. Les chercheurs, Liu et Li, ont dû faire les détectives en analysant les archives de température et de salinité sur un siècle entier. Ces données indirectes leur ont permis de reconstituer l’évolution de la circulation océanique au fil du temps.

Pour s’assurer de leur hypothèse, ils ont ensuite testé leur reconstruction historique contre près d’une centaine de modèles climatiques. Résultat? C’est sans appel. Seuls les modèles informatiques qui montraient un AMOC affaibli collaient parfaitement aux observations réelles. Les simulations qui présentaient une circulation plus forte ne parvenaient tout simplement pas à reproduire ce que l’on a réellement observé dans l’océan. La corrélation, nous dit M. Li, est « très robuste ».

Impacts concrets pour nous

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Pourquoi est-ce si important, ce refroidissement au large du Groenland? Parce que cette zone est l’une des plus sensibles aux changements des courants océaniques. Et quand la circulation change là-bas, cela a des répercussions directes sur nos vies.

Le ralentissement peut par exemple influencer les schémas météorologiques en Europe, ce qui pourrait modifier les régimes de pluie et déplacer le « jet stream » – ce courant d’air rapide en haute altitude qui dirige la plupart des systèmes météo chez nous et en Amérique du Nord. Pensez aussi aux écosystèmes marins. Les changements de température et de salinité forcent les espèces à se déplacer, ce qui perturbe l’équilibre de la vie océanique. C’est tout un domino qui peut se mettre en place.

Une vieille querelle enfin réglée

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Cette découverte vient également régler une dispute qui agitait les modélisateurs climatiques. Certains pensaient que le refroidissement du Sud-Groenland était causé par des facteurs atmosphériques, comme la pollution par aérosols. Ces modèles-là prédisaient que l’AMOC allait même se renforcer avec la baisse des émissions de polluants!

Mais, à l’aune des données historiques, ces prévisions étaient erronées. « Nos résultats montrent que seuls les modèles avec un AMOC en affaiblissement ont raison », affirme M. Liu. Cela veut dire que plusieurs modèles récents étaient probablement trop sensibles aux changements d’aérosols et moins précis pour cette région cruciale. En clarifiant cette erreur, l’étude renforce la fiabilité des prévisions climatiques futures, surtout celles concernant l’Europe, où l’influence de l’AMOC est la plus forte.

Comprendre le passé pour l’avenir

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Nous n’avons pas de mesures directes sur un siècle, mais ces données de température et de salinité nous donnent la possibilité de voir le passé très clairement. Ce travail est une preuve qu’il est possible de tirer des conclusions solides à partir de preuves indirectes. C’est une technique puissante.

Ce que cette étude nous dit, c’est que le tapis roulant de l’AMOC s’affaiblit depuis plus de cent ans. Et si les émissions de gaz à effet de serre continuent de grimper, cette tendance est très susceptible de se poursuivre, insiste Kai-Yuan Li. En comprenant l’origine du « point froid », les scientifiques espèrent pouvoir mieux nous préparer aux changements climatiques à venir et à l’influence croissante que ce phénomène pourrait avoir sur nos vies et notre météo. Il est essentiel de connaître l’histoire de ce courant pour prédire où nous nous dirigeons.

Selon la source : scitechdaily.com

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