Trump relance sa guerre contre Clinton et ravive le débat sur le “canular russe”
Auteur: Simon Kabbaj
Une affaire que l’on croyait enterrée
L’une des plus grandes batailles politiques de ces dernières années, celle du ‘canular russe’, fait un retour inattendu sur le devant de la scène judiciaire. Donald Trump n’a pas dit son dernier mot. Une cour d’appel fédérale se penche actuellement sur sa tentative de ressusciter un procès monumental qu’il avait intenté contre sa rivale de 2016, Hillary Clinton, l’ancien patron du FBI James Comey, et plusieurs autres personnalités. L’enjeu : savoir si cette affaire, déjà rejetée une fois avec des mots très durs, peut renaître de ses cendres.
Rappel des faits : un procès rejeté sans ménagement

En 2022, Donald Trump avait lancé une offensive judiciaire d’envergure, accusant Hillary Clinton et d’autres d’avoir conspiré pour inventer de fausses allégations de collusion avec la Russie lors de la campagne de 2016, nuisant ainsi à sa réputation. Mais en 2023, le juge de district Donald Middlebrooks avait balayé l’affaire d’un revers de main. Nommé par Bill Clinton, le juge avait qualifié le dossier de 193 pages de ‘plaidoirie confuse et mal structurée’. Il avait conclu que le procès servait un objectif politique plutôt que juridique, allant jusqu’à écrire cette phrase cinglante : ‘Cette affaire n’aurait jamais dû être intentée. Aucun avocat raisonnable ne l’aurait intentée.’
Devant la cour d’appel, le scepticisme demeure
Loin d’être découragé, Donald Trump a fait appel. Mais l’accueil des trois juges chargés d’examiner son cas semble tout aussi froid. Le juge en chef du panel, William H. Pryor Jr, a d’emblée qualifié la plainte de ‘plainte classique’ (shotgun pleading en anglais), un terme juridique désignant une plainte qui mélange pêle-mêle un trop grand nombre d’accusés et d’accusations de manière confuse. Les juges doivent également décider s’il faut maintenir les sanctions de près d’un million de dollars infligées à Trump et à son ancienne avocate, Alina Habba, pour avoir intenté ce procès jugé abusif.
Quelles sont les prochaines étapes ?

La décision de la cour d’appel est attendue dans les semaines ou les mois à venir. Si Donald Trump perd à nouveau, il ne sera pas encore au bout de ses options. Il pourra demander une nouvelle audience devant l’ensemble des juges de la cour d’appel, ou, en dernier recours, tenter de porter l’affaire devant la Cour suprême des États-Unis. Le feuilleton judiciaire est donc encore loin d’être terminé.
Un autre front judiciaire pour l’ancien président

Cette affaire n’est qu’une des nombreuses batailles judiciaires de Donald Trump. Il a aussi récemment saisi la Cour suprême dans un autre dossier : celui de sa condamnation dans l’affaire E. Jean Carroll. Il demande l’annulation des jugements qui l’ont reconnu responsable d’abus sexuel et de diffamation, et qui l’ont condamné à payer un total de plus de 88 millions de dollars de dommages et intérêts. Cela montre à quel point les tribunaux sont devenus un champ de bataille central pour l’ancien président.
Conclusion : une stratégie plus politique que juridique ?