La Terre en feu : l’histoire cachée des incendies après la plus grande extinction de masse
Auteur: Mathieu Gagnon
Un monde sans flammes ? Pas si sûr…

On a longtemps cru une chose assez étrange. Juste après la pire catastrophe que notre planète ait jamais connue, il y a 250 millions d’années, les feux se seraient tout simplement éteints. Disparus. Un monde sans incendies, vous imaginez ?
Cette idée venait du fait que les scientifiques ne trouvaient quasiment aucune trace de charbon de bois dans les roches de cette époque, le début du Trias. Et de cette absence est née une histoire : celle d’une planète où les flammes avaient cessé de danser. Mais voilà, une nouvelle étude vient de tout remettre en question. Il semblerait que les feux brûlaient bel et bien. Leurs traces étaient juste… différentes. Cachées dans la chimie des roches, bien plus discrètes que de simples morceaux de bois calciné.
Le grand mystère de la « Grande Faucheuse »

Pour bien comprendre, il faut revenir à cette fameuse extinction. On l’appelle la « Grande Faucheuse ». Et pour cause. Elle a anéanti jusqu’à 96% des espèces marines et 70% des animaux terrestres. C’est presque inimaginable. La cause principale ? D’immenses éruptions volcaniques qui ont réchauffé la planète et bouleversé tous les écosystèmes.
Pendant des décennies, on a donc pensé que la végétation était si abîmée, et l’air si pauvre en oxygène, que les incendies ne pouvaient tout simplement pas se déclarer. C’était ce qu’on appelait le « fossé du charbon de bois ». Une période de calme plat. Mais cette image, on le découvre aujourd’hui, était incomplète.
Quand les indices se cachent dans la chimie

Plutôt que de chercher des morceaux de charbon visibles, l’équipe de recherche, menée par la Dre Franziska Blattmann de l’Université de Lausanne, a eu une autre idée. Une idée brillante. Ils se sont tournés vers des composés chimiques qui persistent même quand tout le reste a disparu. Comme l’a dit le Dr Clayton Magill, un des auteurs de l’étude : « Beaucoup de gens n’ont pas trouvé les preuves habituelles du feu […] donc le consensus était qu’il n’y en avait pas. »
Mais il ajoute : « Ce que le travail de notre collègue a montré, c’est que même sans les grosses preuves, les signaux microscopiques sont toujours là. Il suffit de savoir où regarder. » Et ces signaux, ce sont de minuscules empreintes chimiques enfouies dans d’anciennes boues transformées en roche.
Ce que racontent les roches de l’Arctique

Les chercheurs sont allés chercher leurs réponses au Svalbard, un archipel norvégien en plein Arctique. Là-bas, les couches de roches sont comme un livre d’histoire, préservé depuis des centaines de millions d’années.
En analysant une trentaine d’échantillons, ils ont mesuré la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, ou HAP. C’est un nom un peu compliqué pour désigner des molécules qui se forment lorsque les plantes brûlent de manière incomplète. Et là, bingo ! Le type de HAP qu’ils ont trouvé correspondait parfaitement à la combustion de végétation fraîche. Pas de doute possible, ce n’était ni du charbon issu de l’activité volcanique, ni une pollution moderne. Des incendies ravageaient bien les paysages du début du Trias.
L’informatique pour voyager dans le temps

L’équipe ne s’est pas arrêtée là. Trouver des produits chimiques, c’est bien, mais le prouver, c’est mieux. Ils ont donc utilisé un modèle informatique pour simuler le climat, la végétation et le comportement du feu à cette époque lointaine. Un peu comme une machine à remonter le temps numérique.
Grâce à cet outil, développé au MIT, ils ont pu vérifier quelles conditions correspondaient aux signaux chimiques trouvés dans les roches. C’est une façon très puissante de valider une théorie. Ce qui est formidable, c’est que ce logiciel est en « open-source », c’est-à-dire que n’importe quel scientifique dans le monde peut l’utiliser gratuitement. C’est une belle avancée pour que la science soit accessible à tous, peu importe les moyens.
Une nouvelle page de l’histoire de la Terre

Alors, que retenir de tout ça ? D’abord, que notre planète, même après la pire épreuve de son histoire, restait un monde de feu et de fureur. Cette découverte change complètement notre vision de la façon dont la vie a pu se reconstruire.
Ensuite, cela nous rappelle que la science est une quête sans fin, où ce que l’on croit savoir un jour peut être remis en cause le lendemain. Il a fallu une équipe de dix spécialistes de domaines très variés, travaillant ensemble malgré les difficultés de la pandémie de COVID-19, pour arriver à cette conclusion. C’est une belle leçon de collaboration et de persévérance. Les feux n’avaient donc pas disparu ; ils attendaient juste qu’on apprenne à lire leurs traces les plus secrètes.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.