La Péninsule Ibérique est littéralement en train de pivoter : ce que révèlent les forces géodynamiques
Auteur: Mathieu Gagnon
Une histoire de temps et de plaques

Quand on y réfléchit bien, comparée à la longue, très longue histoire géologique de la Terre, l’existence de l’Homo sapiens ne dure qu’un battement de cils. C’est fugace, presque rien. Et si on pousse la réflexion un peu plus loin, notre compréhension de la véritable nature géologique de notre planète – d’abord conceptualisée par la théorie de la dérive des continents d’Alfred Wegener, qui a fini par évoluer vers la théorie de la tectonique des plaques dans les années 1960 – ne représente probablement qu’une ou deux nanosecondes à l’échelle cosmique.
Alors, à bien des égards, c’est tout simplement incroyable de voir à quel point la science moderne a réussi à dévoiler les secrets de notre foyer céleste en si peu de temps. C’est ce que souligne Darren Orf dans un article publié le 17 décembre 2025. Pourtant, malgré ces avancées fulgurantes, des questions subsistent. Et pas des moindres.
L’une de ces interrogations géologiques persistantes concerne ce qui se passe exactement le long de la faille entre l’Eurasie et l’Afrique, juste au sud de la péninsule Ibérique, dans le sud-ouest de l’Europe. C’est une zone complexe, fascinante, qui continue de donner du fil à retordre aux chercheurs.
Le mystère de la faille eurasienne et du domaine d’Alborán

Alors que cette frontière tectonique – qui longe principalement la côte nord du continent africain avant de s’avancer dans l’océan – est plutôt bien définie dans l’Atlantique et le long de la marge algérienne, les choses deviennent franchement troubles au sud de la péninsule Ibérique. On entre ici dans une zone de haute sismicité, largement gouvernée par ce qu’on appelle le domaine d’Alborán.
Ce n’est pas une simple ligne sur une carte. Cette microplaque forme l’Arc de Gibraltar, qui lui-même dessine une courbe en forme de U dans la Méditerranée occidentale. C’est cette structure particulière qui relie les cordillères Bétiques et du Rif (un terme espagnol désignant ces réseaux de chaînes de montagnes). C’est un véritable puzzle géologique.
C’est là qu’intervient une nouvelle étude, menée par Asier Madarieta-Txurruka, un géophysicien de l’Université du Pays Basque. En partenariat avec des experts de l’Université de Palerme et de l’Université de Grenade, l’équipe s’est appuyée sur des données provenant de deux sources distinctes pour tenter de mieux comprendre cette région dynamique. Il fallait bien ça pour y voir clair.
Une rotation confirmée par les séismes et les satellites

Leurs sources de données ? D’abord, les enregistrements récents de tremblements de terre dans la zone, répartis sur quelques décennies. Ces relevés fournissent un instantané précieux des forces à l’œuvre à l’intérieur de la croûte terrestre. Ensuite, ils ont utilisé des observations satellitaires capables de discerner des changements infimes, presque imperceptibles à l’œil nu, dans la déformation de la surface.
Et le verdict est tombé. L’équipe a découvert que ces forces géologiques provoquent une rotation lente de toute la péninsule Ibérique dans le sens des aiguilles d’une montre. Les résultats de cette étude fascinante ont été publiés dans la revue Gondwana Research. Madarieta a expliqué dans un communiqué de presse exactement comment ce mouvement se produit, et c’est assez technique mais logique quand on y pense.
À l’est du détroit de Gibraltar, la croûte de l’Arc de Gibraltar absorbe la déformation causée par la collision Eurasie-Afrique, empêchant ainsi les contraintes d’être transmises à l’Ibérie. En revanche, à l’ouest du détroit de Gibraltar, la collision directe entre les plaques Ibérie (Eurasie) et Afrique a lieu. Les chercheurs pensent que cela pourrait affecter les contraintes transmises au sud-ouest de l’Ibérie, en poussant littéralement l’Ibérie depuis le sud-ouest et en la faisant pivoter dans ce fameux sens horaire.
Conclusion : Pourquoi cela compte aujourd’hui

Bien sûr, du point de vue de nos vies humaines qui ne durent qu’une nanoseconde à l’échelle de la planète, la péninsule Ibérique semble immuable. Ce lent travail géologique s’étalera sur plusieurs millions d’années, on ne va pas se réveiller demain avec l’Espagne à l’envers. Cependant, comprendre ces dynamiques est pratiquement vital pour le présent, pour l’ici et maintenant.
Avec cette nouvelle vision des champs de contrainte et de déformation, les scientifiques espèrent développer une vue d’ensemble détaillée de la géométrie de ces failles et de ces plis. L’objectif est clair : comprendre quelles menaces potentielles de tremblement de terre peuvent s’y cacher. Comme l’a dit Madarieta : « Ces champs de contrainte et de déformation nous disent où nous devons aller pour chercher ces structures ».
C’est une feuille de route, en quelque sorte. De cette façon, ils pourraient découvrir quel type de plis et de failles peuvent exister, à quoi ressemblerait leur mouvement, quel type de séismes ils pourraient causer et, surtout, de quelle magnitude. C’est fascinant, et un peu effrayant aussi, non ?
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.