Sans le faire exprès, l’humanité a créé une gigantesque barrière protectrice autour de la Terre
Auteur: Mathieu Gagnon
L’impact humain, pour le meilleur et pour le pire

On sait parfaitement – et parfois douloureusement – que notre espèce possède cette capacité quasi divine de provoquer des changements phénoménaux. Parfois c’est catastrophique, on le voit tous les jours avec la crise climatique qui nous pend au nez… mais parfois, c’est pour le mieux. Pensez à l’éradication de la variole, par exemple. C’est quand même pas rien.
Plus récemment, on a franchi un cap digne d’un film de science-fiction : lorsque la mission DART a percuté l’astéroïde Dimorphos, nous avons prouvé que nous pouvions littéralement déplacer des corps célestes. Rien que ça. Mais ce qui est encore plus fou, c’est qu’il s’avère que nous sommes aussi capables de bouger de vastes bandes de radiations pour en faire une barrière autour de notre planète. Le truc drôle ? On n’avait absolument aucune idée qu’on était en train de le faire.
Boucliers magnétiques et beignets radioactifs

Pour comprendre ce bazar, il faut regarder comment la Terre se protège naturellement. Notre champ magnétique agit comme un bouclier contre les rayons cosmiques dangereux et les vents solaires puissants. Ces particules chargées électriquement suivent les lignes de champ vers les pôles et, en percutant l’atmosphère, elles créent ces fameuses aurores boréales et australes. Magnifique, non ? Mais ce champ piège aussi des essaims de ces particules dans des bandes de radiation autour de la Terre.
On appelle ça les ceintures de Van Allen, découvertes dans les années 1950. Bon, leur forme varie selon l’humeur du Soleil, mais on les imagine souvent comme deux « beignets » concentriques. Il y en a une petite, assez stable, située entre 1 000 et 6 000 kilomètres (soit environ 600 à 3 700 miles) au-dessus de la surface terrestre. Et puis il y a la plus grande, plus instable, qui flotte entre 13 000 et 60 000 kilomètres d’altitude (ce qui nous fait du 8 100 à 37 300 miles, si vous préférez les miles).
Une découverte inattendue : ce n’est pas la faute des satellites

C’est là que ça devient intéressant. Une mission de la NASA, les sondes Van Allen (désactivées en 2019, paix à leur âme électronique), a étudié ces ceintures avec un niveau de détail assez spectaculaire. Elles ont découvert que l’image du « beignet » est un peu simpliste : selon l’énergie des particules, la ceinture change radicalement d’apparence. Mais l’autre découverte, celle qui nous intéresse vraiment, c’est que nous avons trafiqué ces ceintures sans même nous en rendre compte.
On pourrait croire, naïvement je suppose, que ce sont nos satellites qui mettent le bazar. Ils sont là-haut après tout. Mais non… ou du moins, pas directement. Ce qui affecte réellement les ceintures de radiation, ce sont les ondes radio, plus spécifiquement celles dans la gamme des très basses fréquences (ou VLF). C’est le genre de fréquences utilisées pour les communications radio des sous-marins, par exemple. Eh bien, figurez-vous que ces ondes peuvent affecter le mouvement et la position des particules dans l’espace.
Comme l’a expliqué Phil Erickson, directeur adjoint de l’Observatoire Haystack du MIT et co-auteur d’une étude révélatrice publiée en 2017 : « Un certain nombre d’expériences et d’observations ont permis de comprendre que, dans les bonnes conditions, les signaux de communication radio dans la gamme de fréquences VLF peuvent en fait affecter les propriétés de l’environnement radiatif à haute énergie autour de la Terre. » En gros, nos discussions sous-marines résonnent jusque dans l’espace.
Conclusion : Une bulle accidentelle mais utile

Le résultat de tout ce vacarme électromagnétique ? Les ondes VLF finissent par créer une sorte de « bulle » autour de la Terre, repoussant les particules au loin. Et tenez-vous bien : l’étendue extérieure de cette bulle correspond presque exactement au bord intérieur des ceintures de radiation de Van Allen. C’est comme si on avait poussé les murs.
D’ailleurs, la ceinture intérieure semble s’être éloignée par rapport aux mesures du début des années 1960. Cela suggère fortement que les VLF ont pu repousser la ceinture de radiation vers l’extérieur au fur et à mesure que cette barrière artificielle se créait. Alors, entendons-nous bien, ce n’est pas vraiment un champ de force à la Star Trek… mais ça pourrait avoir son utilité. Cette barrière pourrait dévier une partie du rayonnement cosmique qui fonce vers la Terre. Des tests sont même en cours – on n’arrête pas le progrès – pour voir si des émetteurs VLF pourraient être utilisés pour protéger certaines zones de la planète contre les particules issues des tempêtes solaires. Comme quoi, parfois, nos accidents ont du bon.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.