Les femmes repèrent mieux la maladie sur les visages que les hommes, selon une étude
Auteur: Mathieu Gagnon
Un sixième sens pour la mauvaise mine ?

On a tous déjà vécu ça, non ? Ce moment où quelqu’un vous regarde et vous lance : « Tu n’as pas l’air en forme toi, tu couves quelque chose ». Souvent, on se base sur des petits détails presque invisibles : des paupières un peu tombantes, des lèvres plus pâles que d’habitude… C’est une sorte de réflexe, probablement pour éviter de tomber malade soi-même en s’éloignant des microbes.
Eh bien, il semblerait que tout le monde ne soit pas logé à la même enseigne quand il s’agit de jouer au docteur. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Evolution and Human Behavior (avec une référence pour 2026, si on en croit les crédits, et un DOI identifié comme 10.1016/j.evolhumbehav.2025.106803), vient de mettre le doigt sur quelque chose d’intéressant. Apparemment, les femmes seraient plus sensibles à ces signaux subtils que les hommes.
C’est Krystal Kasal de Medical Xpress qui rapporte ces travaux, et ça nous fait réfléchir sur nos interactions quotidiennes. Est-ce que c’est inné ? Est-ce que c’est social ? Les chercheurs ont voulu creuser ça, mais pas n’importe comment.
Des photos naturelles et une armée d’étudiants

Le problème avec les anciennes études, c’est qu’elles trichaient un peu. Souvent, on utilisait des photos retouchées ou des gens qu’on avait rendus malades artificiellement pour les besoins de la photo. Là, l’équipe a voulu du vrai, du naturel. Ils voulaient voir si des personnes réellement malades étaient perçues comme telles — ou si on voyait juste une expression de « lassitude » sur leur visage.
Pour tirer ça au clair, ils n’ont pas lésiné sur les moyens humains. Ils ont recruté 280 étudiants de premier cycle. Et pour que ce soit équitable, c’était du 50/50 parfait : 140 hommes et 140 femmes. Leur mission ? Noter 24 photos. Ces clichés montraient en fait 12 visages différents, photographiés à deux moments distincts : une fois en bonne santé, et une fois malade.
Les participants ne se contentaient pas de dire « malade » ou « pas malade ». Ils devaient évaluer les visages selon six dimensions bien précises liées à la maladie : la sécurité, l’état de santé, la facilité d’approche (l’accessibilité, si vous préférez), la vigilance, l’intérêt social et la positivité. Ils utilisaient pour ça des échelles de Likert en 9 points. C’est assez pointu comme méthode. Ces critères permettaient de savoir si les participants avaient envie d’approcher la personne sur la photo, ou s’ils la trouvaient heureuse ou fatiguée.
Les auteurs de l’étude expliquent qu’ils ont créé une variable de « perception de lassitude latente » basée sur ces six dimensions corrélées. Et devinez quoi ? Leur prédiction était juste. Après analyse, il s’est avéré que les femmes étaient, en moyenne, plus précises pour distinguer les visages malades des visages sains. La différence était petite, certes, mais statistiquement significative et constante tout au long de l’étude.
Pourquoi cette différence ? L’hypothèse de l’évolution

Alors, pourquoi les femmes auraient-elles ce petit avantage ? C’est là que ça devient fascinant, on plonge dans l’histoire de l’humanité. Il y a deux grandes théories qui s’affrontent — ou se complètent, je suppose.
La première, c’est ce qu’on appelle l’hypothèse du « soignant principal » (primary caretaker hypothesis). L’idée est simple : historiquement, ce sont les femmes qui s’occupaient le plus souvent des nourrissons et des jeunes enfants. Comme un bébé ne peut pas vous dire « Maman, j’ai mal à la gorge », il a fallu développer une capacité à lire les signaux non verbaux de la maladie pour réagir vite. En théorie, cette aptitude aurait permis d’augmenter les chances de survie de leur progéniture. C’est logique quand on y pense.
L’autre théorie est un peu moins… romantique. C’est l’hypothèse de l’« évitement des contaminants ». Elle suggère que les femmes ressentent des niveaux de dégoût plus élevés que les hommes. Pourquoi ? Les auteurs écrivent que cela pourrait venir des périodes répétées de suppression immunitaire au cours de la vie reproductive. Ça arrive pendant la grossesse, mais aussi pendant la phase lutéale du cycle mensuel, juste au cas où une grossesse débuterait.
En gros, comme le corps baisse sa garde immunitaire pour accueillir un bébé potentiel, il faut compenser en étant ultra-vigilant sur les maladies extérieures. Les femmes auraient donc subi une pression sélective plus forte pour éviter les maladies que les hommes.
Quelques limites à garder en tête

Bon, avant de prendre tout ça pour une vérité absolue, il faut quand même mettre un bémol. Les chercheurs eux-mêmes le disent : l’étude a été réalisée uniquement avec des étudiants de premier cycle. On ne sait pas si ça s’applique aussi bien à votre voisin de 60 ans ou à la population générale.
Et puis, n’oublions pas le matériel utilisé : des photos de visages rognés et immobiles. Dans la vraie vie, la maladie, ça s’entend aussi dans la voix, ça se voit dans la posture, la façon de bouger… Ces indicateurs supplémentaires, qui n’étaient pas dans l’étude, pourraient influencer la perception de la maladie différemment. Mais ça reste une piste sacrément intéressante sur notre fonctionnement biologique.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.