L’incroyable histoire du chien qui a déniché un trésor vieux de 17 000 ans au fond d’un trou
Auteur: Mathieu Gagnon
Une promenade ordinaire qui vire à l’historique

C’est fou comme l’histoire tient parfois à peu de choses, un détail, un hasard… ou dans ce cas précis, à la truffe curieuse d’un chien. Nous sommes le 12 septembre 1940, en pleine guerre, mais à Montignac, en Dordogne, la vie continue. Marcel Ravidat, un jeune homme de 18 ans, se promène tranquillement dans les bois.
Son chien, qui répond au nom de Robot, s’agite soudainement. Il flaire quelque chose. D’après ce qu’on raconte – certaines versions parlent d’une course-poursuite après un lapin, mais allez savoir si c’est vrai – l’animal commence à gratter furieusement près d’un arbre déraciné. Il y a là un trou, une cavité sombre qui semble s’enfoncer dans la terre. Marcel est intrigué. Il faut dire qu’une vieille légende locale trotte dans toutes les têtes du coin : on raconte qu’un souterrain secret relierait la colline au manoir de Lascaux, ou peut-être même à une grotte remplie de trésors. C’est sans doute un mythe, mais l’espoir fait vivre, non ?
Ce jour-là, Marcel tente de s’y glisser tout seul. Il essaie, tâtonne, mais finit par renoncer ; il n’a pas les outils adéquats pour élargir le passage et s’aventurer plus loin sans risque. Il rentre chez lui, mais l’idée ne le quitte plus.
L’expédition des quatre amis et le grand saut dans le passé

Il ne lui faut que quelques jours pour monter une petite expédition. Marcel revient sur les lieux, mais cette fois, il est bien accompagné. Il a rameuté trois copains du village : Jacques Marsal, Georges Agnel et Simon Coencas. À quatre, le courage est décuplé, et la force aussi. Ils s’attaquent au trou, l’agrandissent patiemment jusqu’à pouvoir y passer les épaules.
Marcel Ravidat s’y glisse en premier, un peu à l’aveugle, suivi de près par ses compagnons. Et là… surprise. Pas de couloir secret vers un manoir, non. Ils débouchent dans une grotte qui semble n’avoir pas respiré l’air libre depuis des millénaires. À la lueur tremblotante d’une lampe de fortune, ils avancent le long d’une galerie d’une trentaine de mètres. Imaginez leur stupeur. Les parois s’animent.
Ils viennent de pénétrer dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Galerie Axiale. Tout autour d’eux, c’est un véritable bestiaire fabuleux qui danse sur la roche. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Ils tombent nez à nez avec un trou noir, un gouffre qui plonge vers les entrailles de la terre. Le lendemain, équipés cette fois d’une corde, ils reviennent pour explorer cette seconde partie. Ils descendent Marcel dans ce puits de 8 mètres de profondeur (soit environ 26 pieds). C’est là, éclairés par des lampes à graisse animale ou des feux de fortune, qu’ils découvrent la pièce maîtresse : un immense bison peint.
Sans le savoir, ces gamins venaient de mettre la main sur des œuvres vieilles de 17 000 à 22 000 ans. Une capsule temporelle laissée par nos ancêtres préhistoriques.
De la découverte secrète à la reconnaissance mondiale

Au début, les adolescents sont un peu dépassés. Ils savent qu’ils ont trouvé quelque chose de grand, c’est évident, mais quoi exactement ? Ils commencent par en parler autour d’eux, faisant même payer une petite pièce pour la visite – on a le sens des affaires ou on ne l’a pas ! Mais très vite, ils décident de contacter leur instituteur, Leon Laval, connu pour sa passion de l’histoire.
Laval, comme tout bon adulte rationnel, est d’abord sceptique. Des gamins qui trouvent un trésor archéologique ? Mouais. Mais une fois sur place, devant la majesté des peintures, le doute n’est plus permis. Il comprend immédiatement qu’il s’agit d’œuvres d’origine ancienne et alerte les archéologues compétents. En attendant, il donne une consigne stricte : personne ne doit toucher aux peintures. Marcel prend cela très au sérieux, allant jusqu’à planter une tente devant l’entrée pour monter la garde et empêcher les curieux de dégrader le site.
Et il y avait de quoi protéger ! La grotte de Lascaux abrite près de 600 dessins. On y trouve surtout des chevaux – ce sont les animaux les plus représentés – mais aussi des cerfs, des bisons et même des félins. C’est fascinant de penser à la technique employée : pas de tubes de peinture bien sûr, mais de l’argile rouge, de l’ocre, des oxyhydroxydes de fer pour le jaune, et pour le noir, du charbon de bois ou des oxydes de manganèse.
Mystères, fermeture et héritage

Mais pourquoi ? C’est la question qui taraude tout le monde. Pourquoi ces hommes, probablement issus des premières cultures magdaléniennes, se sont-ils donné tant de mal ? On ne pense pas qu’ils habitaient la grotte, ou alors juste le temps de peindre. D’après le Metropolitan Museum of Art (The Met), les images sont souvent superposées, ce qui laisse penser que l’acte de peindre était peut-être plus important que le résultat final.
De plus, la plupart des œuvres se trouvent loin de l’entrée, dans des endroits difficiles d’accès, ce qui suggère un usage sacré ou cérémoniel. Frances Fowle, de l’Université d’Edimbourg, évoque une théorie intéressante : la magie de la chasse. En dessinant le gibier, le chasseur espérait peut-être acquérir un pouvoir sur l’animal. Une sorte de rituel.
Malheureusement, la gloire a un prix. Ouverte au grand public en 1948, la grotte a dû fermer ses portes brutalement en 1963. La raison ? Des champignons microscopiques et des algues commençaient à envahir les parois, menaçant d’effacer des millénaires d’histoire à cause de la respiration des visiteurs. Aujourd’hui, on se contente de répliques fidèles situées non loin de l’original, mais l’émotion reste intacte. Tout ça grâce au flair d’un chien nommé Robot.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.