Affaire Tupac : La défense de « Keffe D » contre-attaque et dénonce une perquisition « illégale »
Auteur: Adam David
Une manœuvre juridique pour sauver « Keffe D »

C’est une affaire qui refuse, semble-t-il, de s’éteindre, un peu comme le mythe qui l’entoure. À Las Vegas, le dossier du meurtre de l’icône du rap, Tupac Shakur, abattu en 1996, connaît un nouveau rebondissement assez technique, mais potentiellement décisif. Les avocats de Duane « Keffe D » Davis, l’homme accusé d’avoir orchestré cet assassinat au volant de sa voiture près du célèbre Strip, tentent le tout pour le tout.
Robert Draskovich et William Brown, les deux avocats de la défense pénale qui représentent Davis, ont déposé une requête marquante cette semaine. Leur objectif ? Faire exclure purement et simplement les preuves recueillies lors d’une perquisition nocturne chez leur client. Ils n’y vont pas par quatre chemins et qualifient cette intervention policière d’« illégale ». Pour eux, la base même de l’autorisation de ce mandat est viciée.
Ce qui est reproché, c’est la manière dont le mandat a été obtenu. Selon la défense, le juge qui a signé l’autorisation s’est fondé sur une présentation des faits totalement biaisée, voire trompeuse. On aurait dépeint Davis comme un dangereux trafiquant de drogue actif, ce qui aurait justifié une intervention de nuit, une mesure qui, rappelons-le, ne devrait être accordée que dans des circonstances exceptionnelles. En gros, il faut prouver qu’il y a un risque imminent de disparition des preuves si on attend le lever du soleil, ce qui n’était pas le cas ici, selon eux.
Le grand-père malade contre le « dangereux trafiquant »

C’est là que l’histoire devient un peu floue, ou du moins, c’est ce que la défense essaie de démontrer. Les avocats affirment que l’image présentée au tribunal pour obtenir ce mandat ne collait absolument pas à la réalité de l’homme qu’ils défendent. Duane Davis n’est plus, selon eux, ce chef de gang du sud de la Californie qu’il a pu être par le passé. Ils assurent qu’il a quitté le monde du trafic de stupéfiants il y a bien longtemps, en 2008 pour être précis.
Loin de l’image du gangster actif, Draskovich et Brown décrivent un homme de 60 ans, rangé des voitures. Il travaillait même comme inspecteur pour des raffineries de pétrole. Pire encore — enfin, pour la thèse de la police —, il s’agit d’un homme retraité qui a survécu à un cancer. On est loin du portrait-robot menaçant, non ? C’est un père d’enfants adultes, un grand-père, qui vivait paisiblement avec son épouse à Henderson, une ville voisine de Las Vegas, et ce depuis neuf ans au moment où la police a débarqué.
Le problème, soulignent les avocats dans leur requête, c’est que le tribunal n’a été informé de rien de tout cela. Pas un mot sur sa retraite, sa maladie ou sa vie de famille rangée. Le juge a donc autorisé cette perquisition nocturne sur la base d’informations que la défense qualifie d’« appréciation des faits manifestement erronée ». C’est un point crucial : si le juge avait su, aurait-il envoyé les troupes en pleine nuit ? Probablement pas.
La version policière et les saisies contestées

Du côté des forces de l’ordre, c’est le silence radio pour le moment. Le département de police métropolitaine de Las Vegas, qui a mené cette fameuse perquisition, a refusé de commenter l’affaire vendredi, se retranchant derrière la procédure judiciaire en cours. Classique. Mais on sait ce qu’ils avaient déclaré à l’époque pour justifier cette descente nocturne.
Leur argumentaire était tactique : opérer de nuit permettait aux agents d’encercler et de sécuriser la résidence plus efficacement. L’idée était que si Davis décidait de se barricader, l’obscurité offrirait une couverture pour évacuer les voisins en minimisant les risques. C’est du moins la théorie. Lors de cette opération, ils ont saisi des appareils électroniques, des bacs remplis de photographies et ce qu’ils ont désigné comme du « prétendu cannabis ».
Il faut rappeler que Davis a été arrêté en septembre 2023 et qu’il a plaidé non coupable de meurtre au premier degré. Il avait d’ailleurs demandé sa libération peu après son arrestation, sans succès. Aujourd’hui, tout l’enjeu est de savoir si ces éléments saisis, qui constituent sans doute le cœur du dossier de l’accusation, pourront être utilisés contre lui lors du procès.
Conclusion : Un mythe monétisé à l’infini ?

Finalement, pourquoi Davis se retrouve-t-il dans ce pétrin, des décennies après les faits ? Ses avocats ont une théorie intéressante, et franchement, elle se tient quand on connaît le personnage. Ils soutiennent que son arrestation repose essentiellement sur ses propres déclarations publiques, qui seraient… fausses. Davis a raconté à plusieurs reprises qu’il se trouvait dans la Cadillac blanche d’où les coups de feu mortels ont été tirés sur Tupac.
Mais selon la défense, il n’a jamais donné de détails concrets corroborant formellement sa présence. Pourquoi mentirait-il ? Pour l’argent et l’immunité, tout simplement. Il aurait échappé à des accusations de trafic de drogue en inventant cette histoire dans le cadre d’un accord de coopération. Ensuite, il a capitalisé dessus : documentaires, et même un livre paru en 2019. Il a littéralement fait commerce de cette histoire.
Les avocats concluent avec une analogie frappante : « Voyez les choses ainsi : le meurtre de Shakur a été, en quelque sorte, l’équivalent de l’assassinat de JFK dans le monde du divertissement ». C’est une histoire disséquée, mythifiée et monétisée à l’infini. Il n’est donc pas difficile de comprendre, selon eux, pourquoi quelqu’un comme Davis aurait pu faussement se placer au centre de ce récit pour en tirer profit. Un pari risqué qui semble aujourd’hui se retourner contre lui.
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