La disparition des rhinocéros blancs du nord n’est pas seulement une tragédie écologique, mais aussi un reflet des conséquences dévastatrices de l’impact humain sur la faune mondiale. Il ne reste aujourd’hui que deux rhinocéros blancs du nord, deux femelles, vivant sous la protection constante de gardiens armés dans une réserve au Kenya. Cet article vous plonge dans l’histoire de l’extinction imminente de cette sous-espèce et dans les efforts désespérés menés pour la sauver.
1. Le Rhinocéros blanc du nord : Un géant en péril
Le rhinocéros blanc du nord est une sous-espèce du rhinocéros blanc, qui autrefois parcourait les savanes d’Afrique centrale en grand nombre. Ces créatures massives pouvaient atteindre un poids de 2,5 tonnes et se nourrissaient principalement d’herbe. Mais cette sous-espèce est devenue une cible privilégiée pour les braconniers en raison de la forte demande de cornes de rhinocéros sur le marché asiatique.
Entre les années 1960 et 1980, le braconnage a explosé. Le Vietnam, la Chine et d’autres pays ont entretenu le commerce illégal des cornes, prisées pour leurs prétendues propriétés médicinales. « La guerre contre les braconniers a été perdue à cause de la faiblesse des gouvernements locaux et du manque de régulation internationale », explique Dr. Richard Emslie, biologiste spécialiste des rhinocéros pour l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
En 2008, le dernier rhinocéros blanc du nord sauvage fut abattu. Depuis cette date, seuls quelques individus ont survécu dans des réserves protégées, mais l’espèce est techniquement éteinte à l’état sauvage.
2. La Vie Sous Haute Surveillance : Najin et Fatu
Aujourd’hui, Najin et Fatu, les deux dernières femelles rhinocéros blancs du nord, vivent sous une surveillance armée 24 heures sur 24 dans la réserve d’Ol Pejeta, au Kenya. Leur existence même est le dernier lien entre une espèce autrefois prospère et une extinction irréversible. Malheureusement, ces deux femelles ne peuvent pas se reproduire naturellement. Najin, âgée, est trop fragile pour supporter une grossesse, tandis que Fatu souffre de problèmes de reproduction.
« Nous sommes confrontés à une situation sans précédent. La conservation classique ne peut pas aider dans ce cas. Nous devons innover pour sauver cette espèce », affirme Jan Stejskal, directeur de la communication au zoo de Dvůr Králové en République Tchèque, l’une des institutions principales derrière les efforts pour sauver l’espèce.
3. La Science au secours : La fécondation in vitro, dernier espoir
Avec la reproduction naturelle désormais impossible, l’espoir repose sur les progrès de la fécondation in vitro (FIV). Des scientifiques ont déjà prélevé des ovocytes sur Najin et Fatu, et ils les fertilisent en utilisant le sperme congelé de mâles rhinocéros blancs du nord, aujourd’hui décédés. L’objectif est de créer des embryons viables qui pourraient ensuite être implantés dans des femelles rhinocéros blancs du sud, une sous-espèce proche.
En septembre 2019, des chercheurs de l’Institut Leibniz pour la recherche sur les animaux sauvages et le zoo de Dvůr Králové ont réussi à créer deux embryons viables en laboratoire. Ces embryons représentent un immense espoir, bien que les défis à venir restent considérables. « Nous n’avons jamais tenté quelque chose de cette ampleur, mais chaque succès nous rapproche d’une possible renaissance de l’espèce », déclare Thomas Hildebrandt, vétérinaire en charge du projet.
4. Un avertissement pour l’avenir : Les leçons de l’extinction
Le cas du rhinocéros blanc du nord est loin d’être isolé. Plusieurs espèces emblématiques, telles que l’éléphant d’Afrique ou le tigre du Bengale, sont également au bord de l’extinction. La demande de produits animaux exotiques, combinée à la destruction des habitats naturels, accélère ce déclin mondial. Le sort de Najin et Fatu est un sombre rappel de l’impact destructeur que l’humanité peut avoir sur la biodiversité.
Malgré les efforts de la communauté internationale et des ONG, le braconnage et le commerce illégal continuent. « Si nous ne pouvons pas sauver une espèce aussi emblématique, quelle chance avons-nous de préserver les autres ? » se demande Kees Rookmaaker, président de la Rhino Resource Center.
Une Éventuelle renaissance ou une extinction définitive ?
Le futur du rhinocéros blanc du nord est incertain. Avec deux femelles vieillissantes et aucun mâle vivant, l’espèce est littéralement au bord du gouffre. Toutefois, les récentes avancées scientifiques en matière de fécondation in vitro donnent une lueur d’espoir. Mais même si la science réussit, il faudra un engagement mondial pour que cette renaissance ne soit pas vaine.
Les efforts pour sauver cette espèce sont non seulement une tentative pour réparer les erreurs du passé, mais aussi un message d’avertissement pour l’avenir. Saurons-nous changer avant qu’il ne soit trop tard ?
Sources :
- Dr. Richard Emslie, Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), rapport 2020.
- Jan Stejskal, directeur de la communication au zoo de Dvůr Králové, entretien avec The Guardian.
- Thomas Hildebrandt, Institut Leibniz pour la recherche sur les animaux sauvages, cité dans National Geographic.