Arrêtez de dire ces 5 phrases à vos enfants : un psychologue explique pourquoi elles peuvent nuire à leur confiance
Auteur: Simon KabbajCommuniquer avec les enfants peut sembler un défi délicat : entre éviter un langage trop complexe et ne pas tomber dans l’excès de simplification, il est parfois difficile de trouver le juste milieu. Pourtant, les enfants comprennent souvent bien plus que ce qu’on imagine, et minimiser leurs capacités pourrait avoir l’effet inverse de celui recherché. Selon plusieurs experts, certaines expressions, bien que courantes et souvent utilisées avec de bonnes intentions, pourraient avoir un impact négatif inattendu sur leur développement et leur confiance. La psychologue pour enfants, Dr Caroline Danda, et la psychologue clinicienne, Dr Sarah Bren, ont partagé avec Parade cinq phrases à éviter pour favoriser un dialogue sain et bienveillant avec les plus jeunes.
Évitez le mot « parfait » : une pression inutile sur les enfants
Il est tentant d’utiliser l’expression « parfait ! » lorsque tout se déroule comme prévu ou qu’un enfant réussit une tâche. Pourtant, ce terme peut involontairement créer l’idée que la perfection est un objectif à atteindre et une norme attendue, explique la psychologue pour enfants Dr Caroline Danda. Cette attente irréaliste peut amener l’enfant à croire que toute erreur est un échec, affectant sa confiance et son envie d’apprendre.
Privilégiez des encouragements positifs et réalistes comme « C’est super ! » ou « Beau travail ! », qui reconnaissent l’effort sans imposer un idéal inatteignable.
Ne minimisez pas les émotions des enfants : chaque ressenti compte
Dire à un enfant « Ce n’est pas grave » peut sembler anodin, mais ce qui nous paraît insignifiant peut avoir beaucoup d’importance pour eux. Les enfants et adolescents, n’ayant pas encore la maturité émotionnelle des adultes, ressentent parfois des situations avec plus d’intensité, explique la Dr Caroline Danda.
Plutôt que de balayer leurs émotions, il est essentiel de valider leurs ressentis en leur montrant que leurs sentiments sont compris. Écouter avec empathie permet à l’enfant, et surtout à l’adolescent, de s’exprimer pleinement et d’apprendre à gérer ses émotions. Un sentiment d’écoute et de compréhension facilite grandement le retour au calme, même dans des situations chargées émotionnellement.
Proposez des conseils sans imposer : favoriser l'autonomie des enfants
Dire à un enfant « Voici ce que tu devrais faire » peut sembler utile, mais cette approche peut involontairement miner sa confiance et réduire son sentiment d’indépendance. La Dr Caroline Danda suggère plutôt d’opter pour des formulations ouvertes comme : « J’ai quelques idées si tu veux les entendre ».
Cette approche permet non seulement d’éviter un ton trop directif, mais aussi de respecter le rythme de l’enfant. S’il n’est pas prêt à écouter, cela préserve l’échange sans forcer la conversation. En parallèle, l’enfant comprend que ses parents sont disponibles pour l’aider et qu’ils ont des solutions à offrir s’il en ressent le besoin.
Pour encourager davantage l’autonomie, la Dr Danda recommande aussi de démarrer l’échange avec « Je suis curieux de savoir ce que tu en penses » ou de reformuler la situation afin d’aider l’enfant à trouver lui-même une solution.
Adoptez une approche plus douce que « Comment s'est passée ta journée ? »
Demander « Comment s’est passée ta journée ? » semble bienveillant, mais cette question peut souvent entraîner une réponse brève comme « Bien », voire irriter l’enfant si l’on insiste.
La Dr Caroline Danda conseille plutôt d’exprimer des observations positives pour accueillir l’enfant après une journée chargée, comme : « Content que tu sois rentré », « Heureux de te revoir » ou encore « J’aime voir ton sourire ».
Selon la Dr Sarah Bren, il est important de comprendre que les enfants et adolescents sortent d’une journée longue et exigeante. Leur demander immédiatement de réfléchir et de raconter peut être perçu comme trop stimulant, les poussant à se refermer. Créer un climat détendu et chaleureux facilite davantage l’échange au bon moment.
Évitez la pression avec « Quels sont tes projets après le lycée ? »
Demander « Quels sont tes projets pour l’université ? » peut sembler motivant, mais cette question peut générer du stress et laisser entendre que l’université est la seule voie valable. Pourtant, chaque parcours est unique et les aspirations diffèrent d’un jeune à l’autre.
La Dr Caroline Danda souligne que tous les étudiants ne choisissent pas ou n’ont pas besoin d’aller à l’université juste après le lycée. Certains ont besoin de plus de temps pour mûrir et explorer leurs intérêts, tandis que d’autres excellent dans les métiers techniques ou choisissent d’intégrer directement le marché du travail.
Plutôt que de poser une question qui impose un chemin prédéfini, la Dr Danda recommande une formule plus ouverte comme : « Quels sont tes projets après l’obtention de ton diplôme ? ». Cela encourage l’exploration de différentes options sans créer de pression inutile.
Encourager sans imposer : l'importance des mots choisis
Les mots que nous utilisons avec les enfants et adolescents ont un impact profond sur leur confiance, leur développement et leur bien-être émotionnel. En évitant des expressions trop rigides comme « Parfait », « Ce n’est pas grave » ou « Voici ce que tu devrais faire », et en privilégiant des formulations plus bienveillantes et ouvertes, on favorise un climat de sécurité émotionnelle et d’autonomie.
Valider leurs émotions, encourager l’expression sans jugement et poser des questions ouvertes permet aux enfants de se sentir compris et de développer leur capacité à gérer les situations de manière indépendante. Finalement, la clé d’une communication saine repose sur l’écoute, la bienveillance et le respect du rythme de chacun. Quels petits changements pourriez-vous apporter dans vos échanges quotidiens avec vos enfants ?