
Le multivers n’est plus une simple théorie ? Une scientifique affirme avoir trouvé une preuve tangible
Depuis des décennies, l’idée d’un multivers fascine autant qu’elle divise la communauté scientifique. Et si notre univers n’était qu’un parmi une infinité d’autres ? Laura Mersini-Houghton, cosmologiste à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, avance une hypothèse audacieuse : notre univers ne serait pas né seul, mais ferait partie d’un vaste ensemble de réalités parallèles, générées par une fonction d’onde quantique. Selon elle, la mécanique quantique pourrait enfin offrir une clé pour comprendre les origines du cosmos – et peut-être même, pour prouver l’existence d’autres univers. Une découverte qui, si elle se confirme, pourrait bien bouleverser notre compréhension du réel.
Un univers si improbable qu'il doit y en avoir d'autres ?

Notre existence même soulève une question troublante : comment un univers aussi parfaitement équilibré a-t-il pu voir le jour ? Selon certains scientifiques, la réponse pourrait se trouver dans l’idée d’un multivers – un ensemble infini d’univers parallèles.
L’une des raisons principales qui soutient cette hypothèse est la probabilité extrêmement faible que notre univers ait pu exister tel qu’il est. D’après la deuxième loi de la thermodynamique, notre univers aurait commencé dans un état d’entropie extrêmement faible, une condition si improbable qu’elle rend la naissance du Big Bang presque impossible selon les lois connues de la physique. Le mathématicien d’Oxford, Roger Penrose, a même calculé cette probabilité à seulement 1 sur 10^10^123 – un chiffre si gigantesque qu’il défie toute intuition humaine.
Face à une telle improbabilité, la cosmologiste Laura Mersini-Houghton propose une explication radicale : notre univers ne serait qu’un parmi une multitude d’autres, chacun naissant d’un phénomène quantique. En d’autres termes, plutôt que d’être un événement unique et miraculeux, notre univers ne serait qu’un simple résultat parmi d’innombrables réalités possibles.
Si cette théorie se confirme, elle remettrait en cause notre compréhension traditionnelle du cosmos et nous inviterait à voir notre monde non plus comme un cas exceptionnel, mais comme une simple partie d’un vaste ensemble de réalités parallèles.
Une révélation inspirée par la mécanique quantique

La cosmologiste Laura Mersini-Houghton a eu une idée révolutionnaire en analysant la nature quantique de l’univers primitif. Plutôt que de voir l’univers comme un simple objet physique, elle l’a envisagé comme une fonction d’onde quantique, une approche qui ouvre de nouvelles perspectives sur l’origine du cosmos.
Sa théorie repose sur un concept appelé “QM on the landscape”, une expression qui fait référence à l’application de la mécanique quantique à la théorie des cordes. En d’autres termes, elle propose que notre univers ne soit pas le seul, mais plutôt l’un des nombreux résultats possibles de différents états d’énergie quantique.
En combinant ces deux théories complexes – la mécanique quantique, qui régit le comportement des particules à une échelle infime, et la théorie des cordes, qui suggère que l’univers est composé de minuscules filaments vibrants – Mersini-Houghton a élaboré une explication qui pourrait bien bouleverser notre compréhension de l’origine de l’univers.
Si cette approche est confirmée, elle renforcerait l’idée que notre univers n’est pas unique, mais fait partie d’un vaste multivers, où d’innombrables réalités parallèles pourraient exister en même temps que la nôtre.
Une trace du multivers cachée dans le ciel ?

Si d’autres univers existent, ont-ils laissé une empreinte sur le nôtre ? C’est la question que s’est posée Laura Mersini-Houghton en cherchant une preuve concrète de sa théorie. Avec ses collègues Richard Holman et Tomo Takahashi, elle a avancé l’idée que si le multivers est réel, il devrait avoir laissé des signatures visibles dans le rayonnement fossile de l’univers, aussi appelé fond diffus cosmologique (CMB).
Leur prédiction semblait audacieuse, mais une découverte troublante est venue la renforcer : des astronomes ont mis en évidence une immense zone vide dans l’espace, large de 900 millions d’années-lumière. Ce “grand vide”, repéré d’abord par le satellite Wilkinson Microwave Anisotropy Probe et confirmé ensuite par la mission Planck, intrigue les scientifiques depuis des années. Pour Mersini-Houghton, il ne s’agit pas d’une simple anomalie, mais bien d’une preuve tangible de l’influence d’un univers voisin sur le nôtre.
Si cette hypothèse se confirme, elle constituerait l’un des premiers indices concrets d’un multivers, ouvrant ainsi une nouvelle ère dans notre compréhension de l’univers et de ses origines.
Le multivers : une idée ancienne qui prend un nouveau sens

L’idée que notre univers ne soit pas unique ne date pas d’hier. Depuis des siècles, philosophes et scientifiques ont imaginé l’existence de mondes parallèles, mais c’est avec la mécanique quantique que cette notion a pris une dimension plus concrète. Aujourd’hui, le concept de multivers revient régulièrement dans les discussions scientifiques, et il existe plusieurs façons de l’envisager.
Comme l’explique le physicien Paul Halpern, il existe des approches culturelles et scientifiques du multivers. Parmi elles, l’interprétation des “mondes multiples”, qui repose sur un principe fascinant : toutes les possibilités quantiques se réaliseraient dans des univers distincts. Autrement dit, à chaque événement quantique, l’univers se diviserait en plusieurs versions parallèles, chacune correspondant à une issue différente.
C’est précisément cette idée que défend Laura Mersini-Houghton, en suggérant que notre univers ne serait qu’un élément parmi une infinité d’autres, chacun ayant émergé de la mécanique quantique. Si cette hypothèse s’avère correcte, elle pourrait profondément modifier notre façon de comprendre l’origine et la nature de la réalité elle-même.
Un univers réglé au millimètre près ?

Si notre univers semble si parfaitement adapté à l’apparition de la vie, est-ce vraiment un hasard ? De nombreux scientifiques estiment que certaines constantes fondamentales de la nature – comme la force de gravité ou la charge de l’électron – sont si précisément ajustées que le moindre changement aurait rendu l’existence de la vie impossible.
Le physicien Brandon Carter a introduit une idée fascinante : et si notre univers n’était qu’un parmi une multitude d’autres, chacun avec ses propres lois physiques ? Selon cette théorie, seul un petit nombre d’univers posséderait les conditions idéales pour la formation d’étoiles, de planètes et, éventuellement, de la vie.
Cette notion, connue sous le nom de principe anthropique, donne du poids à l’hypothèse du multivers. Plutôt que de considérer notre univers comme un cas unique et exceptionnel, cette théorie suggère qu’il existe une infinité de réalités, mais que nous vivons simplement dans l’une des rares où les conditions sont réunies pour que nous puissions exister et nous poser ces questions.
Prouver l’invisible : un défi pour la science

Si l’existence d’autres univers reste impossible à observer directement, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est hors de portée de la science. Les lois de la physique nous imposent des limites naturelles, notamment à cause de l’expansion de l’univers et de la vitesse finie de la lumière, qui empêchent d’observer au-delà d’un certain horizon cosmique. Pourtant, les scientifiques redoublent d’ingéniosité pour chercher des indices indirects qui pourraient prouver l’existence du multivers.
Dans cette quête, la physique théorique joue un rôle clé. En analysant les données du satellite Planck, la cosmologiste Laura Mersini-Houghton et la chercheuse Eleonora Di Valentino ont identifié des éléments qui pourraient soutenir l’hypothèse d’un multivers quantique. Bien que ces résultats ne soient pas encore une preuve définitive, ils ouvrent une piste prometteuse et renforcent l’idée que notre univers pourrait n’être qu’un fragment d’une réalité bien plus vaste.
Le multivers : une théorie qui bouscule science et philosophie

L’idée d’un multivers ne se contente pas de révolutionner la cosmologie, elle remet aussi en question notre manière de faire de la science. Depuis toujours, une théorie scientifique doit être vérifiable par l’expérience pour être acceptée. Or, l’existence d’univers parallèles échappe à toute observation directe, ce qui suscite un débat intense au sein de la communauté scientifique.
Certains chercheurs estiment que si une hypothèse ne peut pas être testée, elle ne relève pas de la science. Pourtant, d’autres avancent que de nombreuses théories aujourd’hui prouvées – comme celle des trous noirs – ont d’abord été purement théoriques avant d’être confirmées par l’observation. L’évolution de la physique nous pousse donc à accepter des modèles expliquant des phénomènes visibles, même si une partie de leurs éléments reste inobservable.
Le multivers ne se contente donc pas de remettre en cause notre compréhension de l’univers, il oblige aussi la science à repenser ses propres critères de vérité.
Source : archive.ph