Brésil : une créature vieille de 113 millions d’années révèle les origines des fourmis, dotée de capacités extraordinaires
Auteur: Simon Kabbaj
Dans une pierre vieille de 113 millions d’années, des chercheurs ont découvert au Brésil la plus ancienne fourmi jamais identifiée. Enfermée dans un bloc de calcaire, cette fourmi fossile appartient à un groupe éteint et redouté appelé les « fourmis de l’enfer », connu pour leur apparence redoutable et leurs méthodes de chasse primitives. La découverte a eu lieu dans la formation géologique de Crato, située dans le plateau d’Araripe, une région riche en fossiles du Crétacé, époque où les dinosaures dominaient la Terre.
Une espèce inconnue jusqu’ici
Cette fourmi ne ressemble à aucune espèce actuelle. Les chercheurs brésiliens ont confirmé qu’il s’agit d’une espèce nouvelle, encore jamais décrite, appartenant à une lignée disparue appelée Haidomyrmecinae. Ces fourmis ont vécu uniquement durant la période du Crétacé. Le zoologiste Anderson Lepeco, qui a dirigé l’étude, a immédiatement compris l’importance de la découverte en examinant l’étonnant fossile.
Une fourmi analysée sans la briser
Grâce à des technologies modernes, les scientifiques ont pu explorer l’intérieur de la pierre sans l’endommager. En utilisant un scanner en micro-tomodensitométrie, ils ont obtenu une image 3D très détaillée du fossile. Cette méthode révolutionnaire permet d’analyser les structures internes tout en préservant l’intégrité du spécimen, ce qui est essentiel pour des fossiles aussi précieux.
Des traits dignes d’un cauchemar
Si ces fourmis sont surnommées « de l’enfer », ce n’est pas sans raison. Cette créature possédait une apparence à glacer le sang : ses mâchoires ne s’ouvraient pas de côté comme chez les fourmis d’aujourd’hui, mais vers l’avant, comme deux piques prêtes à transpercer une proie. Juste au-dessus de ses yeux, une sorte de corne rigide surgissait de son front, formant un piège naturel. Imaginez une proie prise entre une mâchoire pointue et une barrière frontale, sans possibilité de s’échapper. Cette combinaison étrange suggère une technique de chasse particulièrement rusée et efficace, qui n’a rien à envier aux prédateurs modernes — et cela, il y a plus de 100 millions d’années.
Une évolution plus rapide que prévu
Cette découverte étonne les scientifiques : comment une fourmi aussi ancienne peut-elle déjà présenter des caractéristiques aussi avancées ? Cela remet en question nos idées sur l’évolution des fourmis. L’anatomie de ce spécimen montre que ces insectes développaient déjà des adaptations complexes il y a 113 millions d’années, bien avant ce qu’on croyait jusqu’ici.
Un lien mystérieux entre continents
Ce spécimen n’est pas isolé : des fourmis similaires ont été retrouvées jusqu’en Birmanie, à des milliers de kilomètres du Brésil. Cela laisse penser que ces insectes préhistoriques étaient présents sur plusieurs continents à une époque où la Terre était en pleine transformation géologique. Ce réseau de fossiles révèle l’étendue et la mobilité des espèces anciennes à travers les continents dérivants du Crétacé.
Un trésor minuscule qui éclaire le passé
Ce fossile de fourmi, minuscule mais d’une valeur scientifique immense, est une fenêtre ouverte sur le monde d’il y a plus de 100 millions d’années. Il rappelle que même les plus petites créatures peuvent jouer un rôle majeur dans la compréhension de l’histoire de la vie. Grâce aux nouvelles technologies, ce genre de découverte continue de faire parler les pierres… et de réécrire l’histoire des insectes.
Source : cell