Un champignon mortel pourrait tuer des millions de personnes en Asie, en Europe et dans les Amériques, selon une étude
Auteur: Simon Kabbaj
Une nouvelle étude lance un signal d’alarme mondial : un champignon mortel, Aspergillus fumigatus, pourrait provoquer des millions de décès en Asie, en Europe et dans les Amériques. Dans un contexte de réchauffement climatique, ce pathogène gagne du terrain, mettant en péril les populations les plus vulnérables. Les scientifiques estiment que nous approchons d’un point de bascule où ces infections pourraient devenir la norme.
Aspergillus : un tueur qui aime la chaleur

Le champignon en question, Aspergillus fumigatus, prospère dans des milieux chauds et humides. On le retrouve notamment dans le compost en décomposition, où il se développe rapidement. Cette capacité à survivre à des températures élevées explique pourquoi il s’adapte parfaitement à la température interne du corps humain, soit 37°C.
Des cibles vulnérables

Ce n’est pas tout le monde qui tombe malade en inhalant les spores d’Aspergillus. Mais les personnes souffrant d’asthme, de fibrose kystique ou ayant un système immunitaire affaibli sont particulièrement à risque. Pour ces individus, l’infection peut entraîner de graves problèmes respiratoires qui peuvent être fatals sans traitement rapide.
Une expansion favorisée par le changement climatique

Selon les chercheurs, ce champignon pourrait s’étendre sur 77 % de territoires supplémentaires d’ici 2100, à cause de la hausse des températures et de l’usage intensif des énergies fossiles. Rien qu’en Europe, neuf millions de personnes pourraient être exposées. Ce phénomène est une conséquence directe des perturbations écologiques provoquées par l’activité humaine.
Un règne fongique encore méconnu

Ce qui inquiète davantage les chercheurs, c’est l’immense méconnaissance du monde fongique. Moins de 10 % des 1,5 à 3,8 millions d’espèces fongiques estimées ont été décrites scientifiquement. Et parmi celles-ci, seule une minorité a été analysée génétiquement. Cette ignorance freine les efforts de prévention et de traitement.
Des traitements insuffisants, une recherche freinée

Malgré la menace croissante, le développement de médicaments antifongiques reste à la traîne. Pourquoi ? Parce que les investissements dans ce domaine sont jugés peu rentables. Le coût de recherche est élevé et les perspectives de profits trop incertaines pour attirer les grandes entreprises pharmaceutiques. Cela laisse un vide médical inquiétant face à une menace en pleine croissance.
Conclusion – Un avenir à surveiller de près

Pour Norman van Rhijn, l’un des co-auteurs de l’étude, le monde se trouve à un moment critique. “Dans 50 ans, ce que nous cultivons, ce que nous respirons, ce qui nous rend malade, tout cela pourrait changer”, a-t-il déclaré. Il est temps de reconnaître les champignons comme de véritables acteurs de santé publique mondiale, et non comme de simples éléments secondaires de l’écosystème.
Source : lbc.co.uk