Une machine géante en France tente de recréer l’énergie du Soleil — un pari colossal pour l’avenir de la planète
Auteur: Simon Kabbaj
En France, un projet scientifique titanesque fait parler de lui : ITER, un réacteur de fusion nucléaire en construction, abrite désormais le plus puissant aimant à impulsions supraconducteur jamais conçu. Cette “machine du futur” pourrait un jour imiter le Soleil et offrir à l’humanité une énergie propre et pratiquement infinie. Mais avant d’en récolter les fruits, un long chemin scientifique et technologique reste à parcourir.
Un aimant capable de soulever un porte-avions

Le cœur magnétique d’ITER, nommé Central Solenoid, vient d’être achevé. Pesant à lui seul plusieurs centaines de tonnes, cet aimant est si puissant qu’il pourrait soulever un porte-avions entier. Ce composant central servira à maintenir le plasma brûlant en suspension, dans l’objectif de recréer les conditions extrêmes nécessaires à la fusion nucléaire.
Le tokamak : une étoile artificielle en forme de beignet

ITER repose sur une technologie appelée tokamak, un immense récipient en forme d’anneau (comme un beignet), dans lequel un gaz est chauffé à des températures dépassant celles du cœur du Soleil. Grâce à des champs magnétiques complexes, ce plasma est confiné sans jamais toucher les parois. L’objectif : reproduire la fusion nucléaire qui alimente les étoiles.
Une collaboration mondiale sans précédent

Le projet ITER réunit plus de 30 pays, dans un effort de coopération scientifique inédit. Les États-Unis ont conçu le solénoïde, l’Europe construit la chambre à vide, la Russie a fourni les supraconducteurs, et des pays comme la Chine, le Japon, l’Inde ou la Corée du Sud contribuent aussi à l’assemblage du réacteur. Malgré les tensions géopolitiques, le projet avance.
Des températures extrêmes pour une énergie propre

Pour que la fusion ait lieu, les magnets supraconducteurs d’ITER doivent fonctionner à -269 °C, tandis que le plasma à l’intérieur atteindra près de 270 millions de degrés Fahrenheit (soit plus de 50 millions de degrés Celsius), soit dix fois plus que le cœur du Soleil. Si le processus est maîtrisé, la machine pourrait produire dix fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
Une énergie infinie... mais pas encore branchée

ITER ne produira pas d’électricité. Il s’agit d’un prototype expérimental, destiné à prouver la faisabilité de la fusion nucléaire à grande échelle. Si tout fonctionne comme prévu, une génération de réacteurs commerciaux pourrait voir le jour, capables de produire une énergie propre, sans déchets radioactifs à long terme ni émissions de carbone.
Une course mondiale vers l’énergie du futur

Alors qu’ITER avance lentement mais sûrement, des entreprises privées explorent des réacteurs plus petits et modulables. En 2022, les États-Unis ont franchi une étape importante avec une réaction à gain énergétique, mais sans encore atteindre une vraie rentabilité énergétique. La fusion reste un pari risqué, mais les progrès sont constants.
Conclusion — Une étoile en devenir, pour un monde à réinventer

ITER ne produira peut-être jamais un seul kilowatt pour nos foyers. Mais si cette machine géante parvient à reproduire l’énergie des étoiles, elle marquera le début d’une nouvelle ère énergétique, propre, sûre et durable. Ce rêve scientifique est encore loin, mais il avance, alimenté par une coopération internationale hors du commun et par l’espoir d’un avenir libéré des énergies fossiles.
Source : phys.org