Après 100 ans, les scientifiques ont enfin découvert la mutation génétique qui rend les chats orange
Auteur: Simon Kabbaj
Pendant plus d’un siècle, les scientifiques se sont interrogés : pourquoi certains chats sont-ils orange ? Cette couleur si particulière, adorée des amoureux des félins, semblait cacher un secret bien gardé. Aujourd’hui, après des décennies d’efforts, les chercheurs ont enfin percé le mystère. Mais cette révélation est bien plus surprenante qu’on ne le pensait.
Des indices cachés dans le chromosome X

Depuis des années, les chercheurs soupçonnaient que la réponse se trouvait dans le chromosome X. Ce n’était pas une simple intuition : la majorité des chats orange sont des mâles. Ces derniers n’ont qu’un seul chromosome X. S’il est porteur de la mutation, leur pelage devient intégralement orange. Pour les femelles, c’est une autre histoire : elles possèdent deux chromosomes X, ce qui rend plus rare la combinaison gagnante. Résultat : beaucoup arborent des robes tachetées comme les calico ou les écailles de tortue.
Quand la génétique dessine des taches de couleur

Ce jeu de couleurs sur le pelage n’est pas qu’une question d’esthétique. Hiroyuki Sasaki, généticien à l’université de Kyushu, explique que ce phénomène est lié à l’inactivation aléatoire d’un des deux chromosomes X chez les femelles. À chaque division cellulaire, une copie du chromosome X est éteinte au hasard, créant ainsi des zones de couleurs différentes sur leur fourrure. Cette particularité est si visuelle qu’elle est devenue un exemple classique dans les livres de biologie. Pourtant, le gène responsable restait introuvable… jusqu’à aujourd’hui.
Une double découverte venue de deux équipes rivales

Dans leur enquête génétique, les chercheurs ont fini par tomber sur un gène peu connu appelé ARHGAP36. À première vue, ce gène n’avait aucun lien avec la couleur du pelage. Pourquoi ? Parce qu’il est totalement inactif dans les cellules responsables des pigments chez les souris, les humains et même les chats d’autres couleurs. Depuis toujours, les scientifiques le considéraient donc comme inutile pour la couleur. Cette découverte a créé la surprise : comment ce gène, resté silencieux chez tant d’espèces, pouvait-il soudain jouer un rôle clé dans le pelage des chats orange ?
Le secret enfin dévoilé : une minuscule mutation à l’effet géant

La réponse réside dans une petite suppression dans une zone non codante du gène ARHGAP36. Ce minuscule changement, discret mais puissant, augmente l’activité de ce gène dans les cellules pigmentaires des chats orange. Un simple “clic” génétique qui réveille la couleur rousse et transforme l’apparence de nos compagnons félins. Cette mutation serait apparue très tôt dans la domestication des chats, comme en témoignent des peintures médiévales datant du XIIe siècle. Certains chercheurs envisagent même d’analyser des momies de chats égyptiens pour voir si cette mutation existait déjà dans l’Antiquité.
Bien plus qu’une histoire de chats : un espoir pour la recherche

Au-delà de l’anecdote, cette découverte pourrait avoir des implications pour la recherche humaine. Nous possédons nous aussi le gène ARHGAP36. Comprendre son rôle pourrait ouvrir la voie à de nouvelles avancées en biologie et en médecine. Qui aurait cru qu’en perçant le secret des chats orange, les scientifiques pourraient mieux comprendre notre propre génétique ?
Une mutation discrète, un impact éclatant

Ainsi se referme un mystère vieux de cent ans. Derrière la douce fourrure des chats orange, se cache une petite mutation génétique aux effets spectaculaires. Grâce à la patience des chercheurs, nous savons désormais ce qui donne leur éclat si particulier à ces félins espiègles. Une belle revanche pour nos compagnons roux, qui ont enfin leur moment de gloire… scientifique.