Tchernobyl, 35 ans après : que sont devenus les animaux de la zone radioactive ?
Auteur: Simon Kabbaj
Le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl a plongé toute une région dans un cauchemar nucléaire. L’évacuation des habitants a laissé la ville de Prypiat aux mains de la nature, forçant les animaux sauvages et domestiques à survivre seuls dans une zone fortement contaminée. Trente-cinq ans plus tard, une question persiste : comment les animaux ont-ils survécu, muté ou disparu face à cette radioactivité extrême ?
Des loups qui semblent défier les lois de la biologie

Dans les forêts silencieuses de Tchernobyl, des meutes de loups se sont multipliées. Pourtant, leurs proies, comme les élans, contiennent souvent des niveaux de radiation élevés. Malgré cela, ces prédateurs ne montrent aucun signe visible de maladie, un phénomène qui interroge les scientifiques.
Les loups : une exposition externe, mais un corps sain

En 2019, une autre étude a confirmé que les loups de la zone ne présentaient pas de rayonnements internes significatifs. Leurs déplacements les éloignent des proies les plus contaminées, bien qu’ils soient exposés à des doses externes plus élevées que prévu.
Des fermes transformées en lieux de souffrance

À la suite de l’accident, les animaux d’élevage restés dans la région ont donné naissance à des petits souffrant de graves malformations : crânes déformés, membres anormaux, croissance perturbée. Ces anomalies ont marqué plusieurs années de naissances consécutives.
Des changements visibles sur la couleur et la taille

Les mutations observées ne se limitaient pas à la structure des corps. Les fermiers ont aussi signalé des changements dans la couleur des pelages, et des différences frappantes de taille par rapport aux générations précédentes.
Le bétail, un marqueur silencieux du danger

Chez les vaches et autres ruminants, les effets des radiations ont parfois mis plusieurs années à se manifester. Des études ont démontré une augmentation des cancers de la thyroïde, qui ont également touché les populations humaines voisines.
Des symptômes précoces à proximité de la centrale

Pour les troupeaux les plus proches du site de l’explosion, les problèmes sont arrivés très rapidement. En quelques mois, certains animaux ont développé des anomalies dans la glande thyroïde, un organe particulièrement sensible aux radiations.
Les chiens et chats errants : survivants abandonnés

Lors de l’évacuation, de nombreux animaux de compagnie ont été laissés derrière. Cette situation a provoqué une explosion du nombre de chiens et de chats errants dans la zone d’exclusion.
Les chiens errants : protégés après des années d’oubli

Pendant des années, des campagnes d’extermination ont été menées, jusqu’à l’intervention de l’organisation Clean Futures en 2017. Aujourd’hui, ces chiens sont stérilisés, vaccinés et suivis de près.
Les oiseaux : un cerveau plus petit à cause des radiations

Une étude menée en 2011 sur 550 oiseaux de 48 espèces a révélé que ceux vivant dans les zones les plus irradiées avaient un cerveau environ 5 % plus petit que la moyenne.
Les oiseaux : un impact comparable à celui des humains

Ces modifications du cerveau sont également observées chez les humains exposés aux radiations, ce qui suggère des effets biologiques universels.
Les hirondelles rustiques : une fertilité bouleversée

Les hirondelles rustiques de la zone ont vu leur fertilité diminuer. Cela reste invisible à l’œil nu, mais les conséquences sont génétiques.
Les hirondelles : des mutations transmissibles aux petits

Environ 40 % des spermatozoïdes des mâles sont contaminés par des mutations germinales, qui peuvent être transmises aux générations futures.
Les oiseaux albinos : des corps fragiles et différents

Depuis 1986, une augmentation de cas d’albinisme partiel a été constatée chez les oiseaux. Ces individus sont plus petits, plus faibles, et immunitairement vulnérables.
Les oiseaux albinos : tumeurs et anomalies en hausse

Une étude de 2013 sur 1 669 oiseaux a révélé 111 cas d’albinisme partiel et 25 cas de tumeurs, confirmant les soupçons sur l’effet génétique des radiations.
Les oiseaux de la région : une diversité en chute libre

En 2016, des chercheurs ont découvert que le nombre d’espèces d’oiseaux avait chuté d’environ 50 % depuis 1986, une perte massive pour l’écosystème.
Les populations d’oiseaux : des effectifs divisés par trois

Outre la diversité, le nombre d’individus au sein de chaque espèce a diminué de 66 %, perturbant toute la chaîne alimentaire.
Les insectes : aussi vulnérables que les grands animaux

Les araignées et les insectes ont eux aussi subi un effondrement de leur population, ce qui a affecté leurs prédateurs comme les poissons, oiseaux ou mammifères.
Les insectes : un lien direct entre radiation et disparition

Une étude menée en 2009 a établi un lien entre la radioactivité et la richesse en insectes. Les chercheurs ont été surpris : ces espèces sont aussi sensibles aux radiations que les vertébrés.
Les abeilles : les pollinisateurs les plus touchés

Les abeilles ont pratiquement disparu de la zone. Une étude de 2020 a prouvé que les radiations affectent leur reproduction, causant une chute drastique des colonies.
Les campagnols : aveugles et moins féconds

Chez les campagnols roussâtres, les scientifiques ont observé une forte prévalence de cataractes, qui réduisent leur vision et leur capacité de reproduction.
Les sangliers suédois : la radioactivité franchit les frontières

En 2017, un sanglier chassé en Suède présentait un taux de radioactivité 10 fois supérieur à la limite légale, preuve que le nuage toxique s’est propagé en Europe.
Les chevaux et aigles : des espèces menacées qui s’adaptent

Paradoxalement, l’absence humaine a permis à des espèces rares comme les chevaux de Przewalski ou les aigles criards de s’installer dans la zone. Ils semblent s’adapter à cet environnement hostile, malgré les risques.
Conclusion : adaptation réelle ou illusion biologique ?

Bien que certaines espèces aient survécu, la majorité des études reste prudente. Les signes d’adaptation sont rares et souvent exagérés, car aucune preuve solide d’hormèse (résilience naturelle aux radiations) n’a été trouvée. Pour comprendre le véritable impact à long terme, des recherches rigoureuses et continues sont indispensables.
Source : pubmed