
La Maison-Blanche a récemment présenté un rapport majeur intitulé « Make America Healthy Again » (MAHA), dirigé par Robert F. Kennedy Jr., aujourd’hui secrétaire à la Santé. Ce document, censé incarner une révolution sanitaire aux États-Unis, a été dévoilé lors d’un événement avec Donald Trump, mais une enquête de NOTUS, un média indépendant à but non lucratif, a révélé que plusieurs des études citées dans le rapport… n’existent même pas. L’enquête soulève des questions sur l’intégrité, la compétence — voire l’usage possible de l’intelligence artificielle — dans la création du document.
Des centaines de citations... mais beaucoup de fausses pistes

Le rapport “Make America Healthy Again” contient 522 références scientifiques, mais après cinq jours d’analyse, les journalistes de NOTUS ont découvert des dizaines de liens brisés, des auteurs mal cités, des numéros de publications erronés, et, plus grave encore, des études totalement inventées. Cette situation jette une ombre inquiétante sur la fiabilité du contenu présenté comme « transformateur » par la Maison-Blanche.
Des études fantômes au cœur du rapport

Au moins sept études mentionnées dans le rapport sont introuvables. L’une d’elles, censée démontrer que la publicité pour les médicaments aurait favorisé la hausse des prescriptions d’ADHD et de dépression chez les enfants, est attribuée à un certain Findling, R. L., et al. (2009). Pourtant, cette publication n’existe dans aucune revue scientifique. Même Robert L. Findling, cité comme auteur, a nié en être l’auteur via son université.
Une étude fictive sur l’asthme des enfants

Le “Make America Healthy Again” Report va plus loin en affirmant que 25 à 40 % des cas bénins d’asthme sont surmédicalisés, en s’appuyant sur un document nommé Overprescribing of Corticosteroids for Children with Asthma (2017). Là encore, aucune trace de cette publication n’existe. L’exemple souligne une méthode de travail troublante, où des arguments de poids reposent sur des données inexistantes.
Même les vraies études sont mal citées

Certains articles scientifiques référencés sont réels… mais mal cités ou déformés. Par exemple, un papier sur les effets du temps d’écran sur le sommeil aurait été publié dans la revue Pediatrics. En réalité, il s’agissait d’un autre journal, et l’étude portait sur des adultes, pas des enfants. Cette imprécision affaiblit la crédibilité de tout le rapport.
Une réponse évasive de la Maison-Blanche

Interrogée sur les révélations de NOTUS, Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, a parlé de simples “problèmes de mise en forme”, assurant que le rapport allait être mis à jour. Elle a également insisté sur la “valeur scientifique” du document, bien que les erreurs soient documentées et massives. Aucune reconnaissance formelle d’erreur n’a été faite.
L’ombre de l’intelligence artificielle plane sur le rapport

Face à ces erreurs, certains se demandent si le MAHA Report a été rédigé avec l’aide de l’IA. La Maison-Blanche n’a pas nié cette possibilité. Pourtant, on sait que les IA génératives inventent souvent des références. Un exemple récent : un journaliste a demandé à une IA une liste de livres à recommander pour l’été. 10 sur 15 titres n’existaient pas. Le problème, c’est que personne ne semble avoir vérifié ces sources avant publication.
Conclusion : un rapport fondé sur du sable

Robert F. Kennedy Jr., connu pour ses positions antivax extrêmes, est aujourd’hui chargé de refaçonner le système de santé américain. Pourtant, son premier grand rapport officiel est entaché de fraudes, d’erreurs et de désinformations. Ce scandale n’a, pour l’instant, aucune conséquence politique, mais il pose une question essentielle : comment faire confiance à une réforme basée sur des études… qui n’existent pas ?
Source : notus.org