Un oiseau disparu depuis 20 ans réapparaît enfin : une redécouverte émouvante au cœur du Congo
Auteur: Simon Kabbaj
Pour la toute première fois, une photo d’un oiseau que l’on croyait perdu vient d’être prise dans la jungle de la République démocratique du Congo. Le Prionops alberti, ou casse-tête à crête jaune, n’avait pas été observé depuis près de 20 ans. Grâce aux efforts conjoints de chercheurs américains et congolais, cette redécouverte spectaculaire relance l’espoir pour d’autres espèces qu’on croyait disparues.
Une expédition périlleuse de six semaines

Des chercheurs de l’Université du Texas à El Paso ont parcouru plus de 120 kilomètres à travers le massif de l’Itombwe, une région montagneuse dense et difficile d’accès. L’objectif : retrouver une espèce que certains pensaient éteinte. Pendant six semaines, ils ont persévéré dans des conditions extrêmes pour traquer le casse-tête à crête jaune, et leurs efforts ont été récompensés.
Une rencontre bouleversante dans les arbres

C’est Michael Harvey, ornithologue et professeur adjoint au Département des sciences biologiques à l’UTEP, qui a partagé son émotion :
« C’était une expérience renversante. On savait qu’ils pouvaient être là, mais je n’étais pas préparé à leur beauté spectaculaire. »
Les oiseaux ont été repérés en groupes bruyants et actifs dans la canopée, ce qui a permis à l’équipe de les localiser et d’en capturer les premières images photographiques connues.
Pourquoi avait-on perdu leur trace ?

Le conflit armé et l’instabilité politique en République démocratique du Congo ont longtemps rendu ces zones inaccessibles, empêchant toute observation. C’est ce qui explique pourquoi le Prionops alberti est resté invisible si longtemps. L’équipe a identifié 18 individus répartis sur trois sites, une découverte confirmée par le Dr Cameron Rutt, qui dirige le programme Search For Lost Birds de l’American Bird Conservancy.
Des découvertes doubles, mais des menaces bien réelles

En plus de cet oiseau mythique, l’équipe a aussi redécouvert une grenouille oubliée : le squeaker à ventre rouge (Arthroleptis hematogaster), jamais revue depuis les années 1950. Mais l’avenir de ces espèces est incertain : l’agriculture, l’exploitation minière et la déforestation gagnent du terrain. Selon l’UICN Red list, plus de 90 % de l’habitat du Prionops alberti pourrait disparaître d’ici 2080 à cause du changement climatique.
Une course contre la montre pour la conservation

Michael Harvey insiste :
« L’exploitation forestière, l’agriculture et les mines pénètrent de plus en plus profondément dans les forêts de l’Itombwe. »
L’équipe cherche désormais à collaborer avec d’autres chercheurs et organisations de protection de l’environnement pour tenter de préserver ces forêts uniques. Des cas similaires ont eu lieu récemment : une taupe dorée en Afrique du Sud a été observée pour la première fois depuis 80 ans, tout comme une araignée “danseuse de claquettes” en Europe.
Conclusion – Sauver ce qui peut encore l’être

Cette redécouverte est un signal fort : il n’est pas trop tard pour agir. Le moment est venu de protéger ces forêts tropicales avant qu’il ne soit définitivement trop tard. Comme le conclut Harvey :
« C’est une opportunité en or pour sauver ces écosystèmes trop peu connus, avant que des espèces comme le helmetshrike ne disparaissent à nouveau, cette fois pour toujours. »
Source : utep.edu