
L’ostéoporose est une maladie silencieuse, insidieuse même : les os se fragilisent petit à petit sans que l’on s’en rende compte… jusqu’à ce qu’un simple faux pas se transforme en fracture majeure. Ce sont surtout les femmes âgées qui en souffrent. Chaque année, des millions de fractures liées à cette maladie sont recensées dans le monde. Et le vrai problème, c’est que les traitements actuels, bien qu’utiles, mettent une éternité à agir. Une entreprise française, Flowbone, vient pourtant de mettre au point un hydrogel injectable qui cible les zones fragiles et renforce les os rapidement. Une solution qui pourrait bien changer la donne.
Pourquoi les traitements actuels sont-ils insuffisants ?

Pendant des années, le seul espoir passait par des médicaments diffusés dans tout le squelette. Le hic ? Ils peuvent mettre jusqu’à un an pour produire un effet réel. Et chez les personnes de plus de 70 ans, attendre autant de temps, c’est prendre un risque énorme. Dominique Pioletti, directeur du Laboratoire d’orthopédie biomécanique à l’EPFL, tire la sonnette d’alarme : “40 % des femmes de plus de 50 ans auront au moins une fracture importante liée à l’ostéoporose.” Chez les hommes, c’est 20 %. Et les conséquences peuvent être dramatiques : une fracture de la hanche augmente la mortalité de 20 % dans l’année qui suit.
Ce gel nouvelle génération qui se fond dans l’os

L’hydrogel mis au point par l’EPFL et Flowbone est injecté directement dans les zones fragiles de l’os. Il contient deux composants clés : de l’acide hyaluronique (un peu comme dans certaines crèmes pour la peau !) et des nanoparticules d’hydroxyapatite, un matériau qui imite la structure des os. Résultat ? Une augmentation de la densité osseuse multipliée par deux voire trois en deux semaines, selon les tests sur les souris. Et surtout, aucune inflammation, aucune réaction de rejet : ce gel est comme “adopté” par le corps.
L’idée de génie : combiner le gel aux médicaments classiques

L’équipe de recherche ne s’est pas arrêtée là. En combinant ce gel avec des médicaments existants, comme la parathormone ou le Zoledronate, ils ont obtenu des résultats encore plus impressionnants. À certains endroits injectés, la densité osseuse a été multipliée par 4,8. Oui, presque cinq fois plus ! D’après Pioletti, cette approche ciblée et combinée pourrait venir renforcer les traitements habituels qui, seuls, agissent trop lentement.
Un gel intelligent, inspiré de la nature

Ce qui rend ce gel si spécial, c’est sa capacité à imiter l’environnement naturel de l’os. L’acide hyaluronique crée un terrain humide, souple, dans lequel les cellules osseuses peuvent facilement s’installer. Les particules d’hydroxyapatite, elles, envoient des signaux chimiques aux cellules pour stimuler la production de nouvel os. Contrairement aux ciments classiques, souvent rigides, le gel s’adapte à n’importe quelle forme ou creux dans l’os, ce qui le rend aussi utile pour d’autres réparations, comme le cartilage.
Ce qu’il reste à faire avant de l’utiliser en clinique

Pour l’instant, les tests ont été réalisés sur des animaux. La prochaine étape logique, c’est donc de lancer des essais cliniques sur des humains. Flowbone espère utiliser ce gel pour les personnes qui doivent se faire poser des implants dentaires ou des prothèses de hanche, ou qui risquent une fracture. Régis Gauderon, chercheur de l’équipe, reste réaliste : “Le chemin pour obtenir l’autorisation est encore long. Mais on est motivés, on lâchera pas.” Si les essais sont concluants, ce gel pourrait être disponible rapidement, bien plus que les traitements classiques qui prennent des mois.
Une nouvelle ère pour le traitement des os fragiles ?

Ce n’est peut-être pas une révolution instantanée, mais c’est un pas de géant pour la médecine osseuse. Pour des milliers – peut-être des millions – de personnes âgées à travers le monde, cette innovation pourrait signifier moins de fractures, moins d’hospitalisations, et plus d’autonomie. Alors oui, il reste du chemin, mais le futur, pour une fois, semble solide comme un roc. Ou plutôt… comme un os renforcé.
Selon la source : sciencedaily.com